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Gabriel Attal et son gouvernement ne doivent pas toucher aux niches fiscales !

... sinon nous risquerions de changer de régime ! Car comment qualifier autrement que collectiviste un régime qui passerait d’un coup à 49 % de prélèvements obligatoires ? C’est sûrement le rêve de l’extrême gauche, qui oublie que nous évoluons dans une économie ouverte.

(Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM)

Cela ferait aussi sûrement plaisir à certaines personnes, qui ne payent pas d’impôts sur le revenu, sans même parler des étrangers irréguliers, vivant sur notre sol, sans déclarer le moindre revenu. En ces temps d’endettement massif et de déficit public non maîtrisé, la tentation reste grande pour les pouvoirs publics de diminuer le déficit en prenant sur les niches fiscales ou sur les rentes.

Sauf que ces dernières sont déjà parmi les plus taxées d’Europe. Et à une époque où on peut, sur un clic, faire virer son argent à l’étranger, rien n’est plus risqué pour un gouvernement que de favoriser une nouvelle exode de ses riches ou de ses capitaux. Rappelons qu’il n’y a pas d’industrie sans finance. Et que dans certains secteurs tels l’immobilier, on voit bien où le matraquage fiscal, avec la double peine de l’IFI, est en train de nous conduire. Sans oublier que quand l’immobilier va mal, c’est un pan très important de notre économie (BTP, assurances, matériaux, sous-traitants, notaires, agents immobiliers, promoteurs…) qui est mis à mal. Le deuxième constructeur de maisons individuelles AST (179 M€ de CA) est en grande difficulté.

Sans oublier la liquidation judiciaire en 2022 de Geoxia (Maisons Phénix). Sans parler de Nexity ou de Vinci Immobilier, obligés de se séparer de certaines branches, Bouygues Immobilier prépare à son tour un plan social (225 postes sur 1055 salariés).

La tentation de vouloir taxer les rentes peut certes faire bien sûr le papier. Mais c’est oublier qu’en France, toutes les rentes (excepté peut-être l’art) sont déjà surtaxées. Comme l’a calculé l’IFrap, si notre pays compte actuellement plus de 467 niches fiscales (125 milliards d’euros en 2020), celles-ci jouent le rôle de soupape indispensable dans une économie surfiscalisée. Et certaines d’entre elles, telles le Crédit Impôt Recherche (CIR), sont vitales à notre compétitivité.

Elles ne suffisent pas d’ailleurs à maintenir sur notre territoire certains de nos centres de recherche. Un ancien patron du CAC 40 me faisait récemment remarquer qu’une multinationale d’origine française, Sanofi, pour ne pas la nommer, avait déjà pris les devants et délocalisé la plupart de ses centres de recherche aux États-Unis. En 2023, Sanofi a fermé dans l’indifférence générale son centre R&D de Chilly-Mazarin (91), employant 1600 personnes dans le secteur de l’oncologie et de la neurologie !

Un vrai désastre qui intervient deux ans après l’arrêt de son site de recherche de Vitry-Alfortville (Val-de-Marne), spécialisé dans les biotechnologies ! Qui en parle ? Il est temps d’arrêter de jouer les apprentis sorciers de l’économie. Le monde est en compétition ouverte, et cela ne risque pas de se calmer. Malgré l’endettement du pays, gardons bien en tête que tout ce qui est bon pour l’essor économique et l’investissement productif du pays reste une excellente chose pour la prospérité de tous. D’autant qu’il y a tant à faire sur les dépenses improductives de l’État. Certes, cela exige pas mal de courage politique.

Le président Macron n’a plus grand-chose à perdre. Il devrait s’y essayer avec l’appui de son fidèle ministre de l’économie, un Bruno Le Maire qui a raison de déclarer : « Ouvrir le débat facile des impôts, c’est refermer le débat difficile de la réduction des dépenses publiques. Or, le vrai sujet en France, c’est bien le niveau et l’efficacité de notre dépense publique, qui atteint des sommets et un taux de satisfaction des services publics qui touche le fond ! »

Des paroles d’or ! Inspirons-nous, une fois n’est pas coutume, de ce que fait Joe Biden aux États-Unis : « et de sa politique de hausse des dépenses publiques favorables à la croissance (stimulation de l’investissement, particulièrement dans la transition énergétique, les relocalisations industrielles,) supplément en conséquence des gains de productivité et de croissance, et réduction du déficit par la hausse des recettes fiscales dues à la hausse de la croissance et non par la hausse des dépenses publiques. » Ce n’est pas moi qui le dit mais l’économiste Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis.

Robert Lafont


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