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Zemmour, Blanquer, Kafka : les indiscrets de Robert Lafont

Eric Zemmour

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Impossible d’entreprendre si on n’est pas compétiteur ! – 19 juin 2021

C’est décisif, c’est un peu comme en sport. On ne peut être entrepreneur si on n’a pas chevillé au corps cet esprit de compétition. Celui qui vous permet de faire face aux problèmes, à l’adversité ou à la concurrence. Cela ne s’enseigne pas dans les écoles de commerce type HEC ou ISG. C’est pour cela que les grands profs de management ou de marketing ne créent que rarement des affaires. Je viens de voir un reportage sur un génie américain largement oublié. Claude Shannon (1916- 2001), père de la théorie de l’information, inventeur en 1948 du fameux « théorème de Shannon » que les mathématiciens connaissent bien et sur lequel s’appuieront ensuite les fondateurs du Minitel français ou de Google outre-Atlantique.

C’est fondamental pour les applications de l’information et du stockage numérique, et Shannon aurait pu lancer à partir de ses travaux un business d’envergure. Cela ne l’intéressait pas de gagner, ce qui le motivait, en bon ingénieur passionné de sciences fondamentales, c’est de trouver. « Il avait d’avantage l’esprit de collaboration que la volonté de vaincre », explique un de ses proches avec aussi cette formule : « Il n’a pas gagné à la loterie, il l’a inventée ! ». Il est si essentiel de savoir ce pour quoi on est fait. Bien s’orienter dans une voie est ce qui détermine plus sûrement le cheminement de la réussite ou de l’échec. N’entreprenez pas si vous n’aimez pas la compétition !

Ce sont les PME qui créent l’emploi ! – 19 juin 2021

Dommage que nos PME ne soient pas davantage défendues. Comme outre-Rhin, celles-ci devraient faire l’objet d’un consensus national sur l’ensemble de l’échiquier politique et social. Aucune loi ne devrait pouvoir être votée sans qu’une étude d’impact préalable n’ait été effectuée pour mesurer les conséquences sur le tissus des moyennes entreprises, comme cela se fait à Berlin, au Bundestag. Au gouvernement, il y a, chez nous, aucun ministre qui les représente vraiment. On a vu comment Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l’industrie, a pris de haut Jean-Claude Bourrelier, le patron fondateur de Bricorama et repreneur de l’équipementier vélo Mavic, lorsqu’il a voulu proposer un plan de reprise des Chantiers de l’Atlantique.

Madame semble plus allante lorsqu’il s’agit de traiter avec certaines multinationales. Au gouvernement, aucun ministre n’a jamais dirigé une vraie PME, contrairement à René Monory ou Hervé Novelli. Alain Griset, le ministre des PME est un artisan taxi. Je n’ai rien contre les artisans taxi mais il ne manageait personne à part son véhicule et, de fait, il représente d’avantage les TPE, que les ETI. Au niveau syndical, le MEDEF est allié à la CPME pour mieux l’étouffer. Et Geoffroy Roux de Bezieux, son fringant président, semble, depuis qu’il est élu, avoir un peu oublié son passé d’entrepreneur à succès pour mieux se consacrer à la défense des intérêts des grands groupes, ceux qui assurent le financement et les cotisations de l’institution de l’avenue Pierre Ier de Serbie, à Paris.

Michel Pébereau, l’ancien président de l’Institut de l’Entreprise, pourtant président du conseil de surveillance de BNP- Paribas, ne fustigeait-il pas déjà cet état de fait dès 2007 ? Les autres mouvements patronaux, Ethic, FEEF ou CJD, jouent un rôle de faire-valoir. Dans la presse, même phénomène, les news ne parlent jamais d’aucune PME. Cela n’existe pas. Dans la presse économique, si BFM Business et Sud Radio font figure d’exception, Les Échos et Challenges font leurs gros titres avec le CAC 40. Seuls des magazines régionaux, ou au plan national, le magazine Entreprendre, semblent faire la part belle à cette part si essentielle de notre avenir économique. C’est incompréhensible.

On a l’impression que cela n’intéresse pas. Dans Le Figaro, Éric Bismuth, le président de Monteflore Investment (fonds de capital investissement qui a levé 1 milliard d’euros en 2020), résume parfaitement le poids essentiel de ces entreprises dans l’économie : « si les start-up technologiques représentent 165 000 emplois, le potentiel des PME reste considérable. Au cours des cinq dernières années, elles ont créé 1,15 million d’emplois, contre 150 000 qui ont été détruits dans les grandes entreprises ». Tout est dit !

Que veut Zemmour ?

Comme beaucoup en ce moment, Il m’arrive de tomber sur l’émission d’actualité du polémiste de CNews, un rendez-vous devenu incontournable en moins d’un an, tellement on y dit des choses qu’on n’entendait pas ailleurs. Celui que, beaucoup faisaient passer pour le diable, apparaît comme un puits de connaissance historique et de patriotisme, ce qui ne gâte rien. Au-delà du fond, souvent impressionnant sur des sujets jusque- là traités à la va-vite, ce qui frappe ; c’est la capacité de l’auteur du « Suicide français » à pouvoir asséner salves de connaissances et parties de franches rigolades avec ses complices réunies autour de Christine Kelly.

Tout cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, et beaucoup de nos concitoyens redécouvrent des valeurs qu’ils pensaient à jamais avoir été mis sous le boisseau. À chacun de faire le tri. Sans parler du fond, reconnaissons simplement que nous n’avons que trop prêter attention à des gens qui sur la forme se voulaient sérieux dans leur démarche (Hollande, Macron ?) mais qui au final ne l’étaient pas plus que d’autres ! A méditer.

Télétravail : des avantages pour les salariés mais aussi un piège – 15 juin 2021

L’excellente philosophe Julia de Funès n’a pas tort de rappeler, dans un entretien au Figaro (15/06/2021), que : « plébiscité par 70% des salariés, avec des avantages évidents comme le gain de temps de transports, il permet aussi une grande libération psychologique pour les individus. Au bureau, beaucoup sont plus ou moins consciemment en représentation permanente. Quand on travaille chez soi, il y a moins de place pour la comédie humaine qui se joue quand on est en présentiel. » Un aspect non négligeable du point de vue de l’équilibre personnel et qui peut faire beaucoup de bien à nombre d’entre nous.

Moins prisonniers de la course contre le temps, certains découvrent avec entrain de nouvelles aspirations : créer leur propre affaire, travailler à mi-temps, diversifier leurs revenus ou activités… L’autre avantage est qu’il repose aussi sur la notion de confiance qui reste l’axe essentiel sur lequel doit reposer toute relation entre entreprises et collaborateurs. Le principal risque que fait peser le télétravail sur les salariés est qu’il oblige les entreprises à identifier de près les tâches et fonctions de chacun. Dans certaines grosses structures, certains dirigeants ont découvert avec effroi que certains de leurs collaborateurs n’avait aucune fonction identifiée.

Pis, dans la fonction publique, Amélie de Montchalin, la jeune ministre de la fonction publique, Hec de 35 ans, vient même avec une certaine franchise reconnaître publiquement que près d’un millier environ d’agents publics n’avait de fait aucune affectation précise identifiée. On nage en plein Kafka ! Il doit donc y en avoir bien d’avantage. On savait jusque-là, qu’à France Télévision notamment, certains journalistes étaient juste placardisés pour ne pas avoir à déplaire au nouveau pouvoir fraîchement élu. Personne n’ignore non plus que dans le « service public » de l’Éducation nationale, un nombre incalculable de professeurs est détaché pour n’exercer que des tâches syndicales.

Est-ce normal ? Que dit à ce sujet le dynamique Jean-Michel Blanquer ? Et on s’étonne de la dérive de nos finances publiques. Ce sont les contribuables qui payent, le fameux « quoiqu’il en coûte ! » qui va finir par nous coûter très cher ! Nous y sommes. Les avantages liés au télétravail sont multiples mais à partir du moment où on ouvre une brèche avec ce type d’aménagement, cela permet aussi aux entreprises de mesurer qu’elles peuvent délocaliser certaines fonctions en télétravail sur le territoire mais à l’étranger tout aussi bien. Là où certains salaires et charges sont moindres d’où des risques évidents pour l’emploi salarié en France. Un seul exemple, avec la banque Natixis qui annonçait vouloir délocaliser plusieurs centaines d’emplois bancaires au Portugal. On n’a pas ni de reparler du télétravail. Et pas seulement à la télé ou au travail d’ailleurs !

On a vraiment besoin de se ressourcer ! – 30 mai 2021

Suis tombé par hasard sur France Culture, sur l’homélie d’un prêtre, sans doute excellent. Cela fait drôle mais pas forcément dans le sens que vous croyez. Cela fait un bien fou. Entendre quelqu’un vous parler, quelques minutes tranquillement, posément, sans être interrompu, de foi en l’avenir, d’espoir, d’amour de son prochain, de confiance, de générosité. Oui, cela change du vacarme permanent, celui que nous assène nos nouveaux modes de vie. Et l’on s’étonne qu’à l’occasion de ces confinements imposés et successifs, certains éprouvent le besoin de prendre du champ avec leurs modes de vies chaotiques et au rythme effréné. Cela fait un bout de temps que je n’avais pas entendu parler comme cela.

Quel calme, quelle tranquillité… sans être interrompu ou invectivé. Déformation professionnelle oblige, je dois trop regarder LCI ou CNews. Et puis, en dehors de la sphère privée, entendre quelqu’un parler sans intérêt, ni commercial ou autre, cela devient rare, reconnaissons-le aussi. André Malraux avait sans doute raison. « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ! » On y est en plein. Sans devenir un fervent d’église, une dose de ce type de message bienveillant, ouvert et humaniste ne peut faire de mal à personne. Et si ce n’est pas l’église catholique qui le délivre, au moins que ce soit celle de la religion de l’homme dans son ensemble, qui soit prodiguée.

Quelque soient nos chapelles ! Quand vous observez le message global subliminal, des médias, des commentaires, voire des gens dans la rue, tout ne semble n’être que bruit, fureur, agressions ou invectives. Comme si l’espoir avait déserté nos perspectives d’ensemble, nous renvoyant chacun à nos conditions individuelles de consommateur bien-pensant, réduit à n’administrer que des tâches prosaïques ou à n’accomplir que des dé s sans envergure. Par ces temps de matérialisme exacerbé, l’homme continue d’éprouver le besoin de se raccrocher à quelque chose qui le dépasse : une histoire commune, un projet collectif, une aventure humaine.

Or, c’est l’inverse de ce que l’on propage dans la population. Par un malheureux enchaînement, tout semble nous pousser dans cette direction dégradante incitant à nous décourager, nous opposer voire nous désespérer. Raison pour laquelle l’acte d’entreprendre prend et conserve tout son sens. Et pas seulement dans le business, dieu merci !

On ne règle ses problèmes qu’en agissant et en se détendant – 6 juin 2021

Où est passé cette fameuse « gaieté française » que beaucoup d’étrangers nous prêtaient. Et si on arrêtait de se prendre au sérieux, cela n’irait pas plus mal. « Que chacun arrête de se mettre à parler comme un ministre de l’intérieur », comme on disait avant dans certains zincs ! Une ambiance détendue et ouverte permet de mieux appréhender les choses et de contribuer à sortir de la nasse dans laquelle nous nous enfermons collectivement. Poser le bon diagnostic est un préalable pour pouvoir aller mieux.

De ce point de vue, comme l’explique l’ancien champion de tennis, Mats Wilander dans sa chronique au journal L’Équipe (rappelant au passage que nous avons lancé, pour ceux que cela intéresse, lequotidiendusport.fr) : « J’aimais bien jouer un cinquième set car je savais que j’avais pris suffisamment d’informations dans les quatre premiers sets pour savoir exactement ce que j’avais à faire dans le cinquième pour gagner… ». Un champion qui mise sur son intelligence, c’est peut-être ce qui manque à nos nouveaux Noah en herbe ! La France joue son cinquième set… et ne me dites pas qu’elle ne sait pas ce qu’il faut faire pour revenir dans la course !

Revenir à une échelle humaine – 18 juin 2021

Mondialisation, gigantisme, urbanisation : le monde semble inexorablement tiré vers une course à la taille et à l’uniformisation et sur chaque pan de notre vie quotidienne. Ce matin, sur l’autoroute, en arrivant sous le tunnel de Saint-Cloud, je songeais à ce flot ininterrompu de voitures. Presque inquiétant quand vous en prenez conscience, surtout, quand vous vous apercevez qu’il n’y a pas de voie de dégagement. Vous imaginez un instant si vous tombez en panne. Un vrai problème, parce que là vous allez bloquer tout le monde et très vite. Presque angoissant ! Un vrai sujet.

Avant, on était au maximum quelques voitures sur une même route. Celles-ci n’avaient que deux ou trois voies d’ailleurs. Alors, c’était vraiment mieux avant ? Non, pas forcément, seulement nos échelles plus réduites collaient mieux aux réflexes de notre nature humaine. Désormais, on veut faire toujours grand : immeubles, métropoles géantes, centres commerciaux pluriactivités : revenons à des échelles humaines. Un anonymat urbain, des regroupements grégaires, flux permanents, qui ne conduisent qu’à nous déshumaniser un peu plus. L’avenir est à la personnalisation, aux contacts et aux micros quartiers ou petits centre-ville. Là où on se reconnaît !


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