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Vertige de la dégringolade

Jean-François Marchi

Tribune. La dégringolade n’est pas une rigolade si vous m’autorisez cette assonance qui serait presque une rime si le propos s’y prêtait. Hélas, ce n’est pas un poème que la description du temps présent où l’on voit de paisibles pèlerins catholiques, âgés de surcroît, se faire molester par la pègre des banlieues devant l’Eglise de leurs dévotions, au motif de leur foi qui n’est plus en phase avec l’opinion des nouveaux conquérants de l’espace public, nouveaux maîtres de la rue.

Cette lie vocifère en outre des injures en distribuant ses coups et ses horions, trop sûre de son invincibilité qu’autorise, voire encourage la lâcheté craintive d’un gouvernement osant se dire républicain quand il n’imagine même pas ce qu’aurait pensé de lui un Clémenceau par exemple, dont Léon Daudet a pu écrire qu’il était un homme « qui n’avait pas été aveuli par les contacts jusqu’à la prostitution de sa poignée de main ». On est loin de tout ça avec l’équipe du jour, si loin! Mais ça fait la morale, ça riboule des prunelles en prenant l’air méchant, et quel air!, ça mitonne des coups fourrés, certes judiciaires, pour empêcher des votes et gêner le scrutin, les juges c’est fait pour ça sans doute dans leur caboche tricheuse. Ça fulmine, mais sans être Jupiter, jupin c’est autre chose comme l’écrivaient Meilhac et Halevy.

Ça « roule des mécaniques » comme on dit dans leur monde, mais ça ne fait rien! Et les pauvres vieux sortis en procession ont du se réfugier dans l’Eglise sans qu’un seul agent ne leur ait porté secours. Mais quand il s’agit de verbaliser les chalands sans masque, on y va, c’est plus simple, et surtout plus commode. La morale toujours, les bons conseils, la barbe à l’ancienne d’un ministre se prenant pour le capitaine Haddock décorant la scène du piquant de la farce. Ah!Triste farce! Que les accents de l’Ave Maria de Schubert retentisse à leurs oreilles pour signifier enfin la douleur d’une mère qui voit partir ses enfants, la France, quand manifester que l’on est catholique n’est même plus permis dans notre espace révolu. Et ces gens là vont rester en place?

Aurions-nous donc perdu tout honneur pour tolérer une aussi sordide déperdition de nous mêmes.Victor Hugo a écrit Le roi s’amuse, si je ne m’abuse, farce tragique dont Verdi a tiré son Rigoletto. Le Roi danse, plutôt! et nous?A quoi cela sert-il de voter en définitive, si les jeux sont toujours faits à l’avance et les inconnus déjà dans la maison, pour reprendre le titre d’un film célèbre? Il y a dans l’air un parfum de catastrophe qui n’est pas sans rappeler les prémices du désastre de 1940, l’incompétence soucieuse de nos élites venant décorer de leurs sermons l’aveu navré de leur impuissance. Le populaire est brave, il est patient, mais quand vient le moment de sa colère il est trop tard pour espérer l’apaiser de faux semblants. Il m’avait semblé que l’épisode des « gilets jaunes « était un signe assez patent qu’une limite avait été franchie dont il était urgent que le pouvoir se souciât. Le quadrille malheureusement repart sans qu’il semble qu’on ait pris la mesure du danger. « Mondialisation se disent-ils sans doute, que pourrions nous faire? » L’histoire risque de se charger peut être de le montrer aux princes qui nous dirigent, à leurs frais sans doute, mais aussi aux nôtres. Et c’est là que le bât blesse. Il est urgent que les beaux esprits relisent La Tempête de William Shakespeare pour se faire une idée de ce que l’insouciance peut engendrer comme déconvenues pour ceux que la puissance égare. Diriger, ce n’est pas gouverner. Mais Présider alors….

Est-ce précisément pour l’usage qui en est fait aujourd’hui que le Général de Gaulle a réformé la constitution en 1962?

Clovis, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle pour ne citer que les plus illustres. Et après ? Mickey?

Bien sûr on s’interroge. De la somme de nos déceptions, de nos désillusions plutôt, saurons-nous retirer une résolution? La réalité est dure à étreindre, a écrit Arthur Rimbaud. Il échet pourtant que nous retirions de cette funeste situation une morale. Quelle est la morale de la fable? Et pour commencer quelle est la fable? Les Animaux malades de la peste? Le Coche et la Mouche?

Mais au fait, qui est la mouche du coche dans notre histoire?

Jean-François Marchi


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