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Présidentielle : qui protège les antifas ?

Stephane Lemouton/Pool/ABACAPRESS.COM

Tribune de Jean-François Marchi

Je connais gens de toutes sortes,
Ils n’égalent pas leurs destins,
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints,
Leurs cœurs battent comme leurs portes.

Guillaume Apollinaire



Les échauffourées survenues cette semaine à l’initiative de délinquants déchaînés se nommant eux-mêmes des antifas posent réellement le problème de la fidélité sémantique. Que peut vouloir dire « antifa » ?

A en juger par l’allure de leur groupe, la syntaxe usitée, la physionomie des protagonistes, « antifa » doit référer au mot farce, dont procède farceur. Les antifas n’aiment pas les farceurs et se congrègent pour exprimer la réprobation physique que ces gens-là leur inspirent. Ils brûlent, ils cassent, ils scandent autant d’insultes gourmandeuses que l’air qu’ils respirent leur permet de proférer.

L’antifa bat les pavés au rythme de son dégoût de ceux qu’il dénonce, en réservant sa cible à la personne de qui gouverne en priorité. Sans vouloir lui disputer la clairvoyance de ses énonciations, il faut lui reconnaître que certains sont plus farceurs que d’autres. Mais de là à tout casser, quand même ! Antifa, ça aurait presque un coté musical, Rossinien à tout prendre, Opera buffa comme dans l’Italienne à Alger où les acteurs-chanteurs sont pris de folie et tournent en rond, scandant des onomatopées.

Les antifas contre les antisol rejoins par des antimi et des antido acharnés à saccager la scène en guise d’expression d’une pensée qui les a abandonnés. Pourquoi pas ? L’explication vaut ce qu’elle vaut. Évitons de les croiser dans la rue, et si d’autres farceurs se souciaient davantage de la sécurité publique au lieu de laisser pourrir les situations en faisant le pari risqué qu’ils en tireront avantage au moment du scrutin présidentiel, ce serait mieux.

Le navrant spectacle de leurs exhibitions serait épargné à l’électeur que l’on cherche manifestement à affoler. Mais voilà, toute farce a ses limites. Le tohu qui bohute ces fous masque de moins en moins la survenance probable d’un retour à l’ordre, tel que le réclame l’opinion.

Eric Zemmour et Gilbert Collard — Eliot BLondet / ABACAPRESS.COM

Le succès grandissant des meetings d’un candidat solitaire à ses débuts donne le signe qu’une page est en train d’être tournée. Alors, les antifas, ceux qui les protègent et même les utilisent, ne peuvent masquer l’évidence d’un jeu dont les règles changent, comme on l’a vu dans le passé, en 1981 par exemple, quand dès janvier la rumeur insinua que le trône était désormais vacant. Antifarceurs, dites vous ?

À l’inverse de ces désordres de rue, la réunion publique qu’il a tenue à Cannes a hissé Eric Zemmour à la hauteur des prises de guerre qu’il a arborées: De Villiers, Collard, Peltier, Rieu et d’autres. Le vent tourne.

En tout état de cause, la leçon que François Mitterrand donna le siècle dernier à la classe politique en faisant l’union de la gauche devrait être présente dans tous les esprits. Il n’y aura pas de victoire pour la droite sans une large union, unissant les vestiges des grands partis jusqu’aux groupuscules. Et qu’on ne parle plus d’extrême droite, cette farce justement pour en finir avec les imposteurs et les menteurs, et avec leurs mots.

Il n’y a pas d’extrême droite en France, et depuis fort longtemps, les programmes les plus hardis de ceux qui se disent au mieux « conservateurs » étant, si on les compare, l’extrême de l’extrême de ce qu’on considérait comme le centre gauche en 1960. Espérons et même gageons que l’éventuel départ d’un certain nombre de ceux qui s’obstinent à détourner le sens des mots par inculture bêtise ou cynisme, ou peut être les trois ensemble, marquera la fin de leur usage tronqué. Et qu’on ne parlera plus d’antifas. Sauf pour en rire peut être.


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