Au sommet des BRICS à Johannesburg en Afrique du Sud, l’union a été réalisée au zénith de ce qu’avait initié les organisateurs de la conférence de Bandoeng en 1955. Quatre-vingts ans après, les non-alignés ont enfin réussi : l’Europe s’est fait jeter de l’histoire ! Tant pis pour nous ! De Gaulle l’avait compris, lui, mais manifestement pas les nains qui lui ont succédé dans l’atlantisme bêlant dont on mesure aujourd’hui cruellement la nocivité intellectuelle et morale. Vae victis comme le disait le barbare vainqueur de la Rome impériale, et tant pis pour les perdants.
Tout est perdu fors l’honneur avait conclu après le désastre de Pavie Francois 1er. Mais non justement, tout est perdu et d’abord l’honneur !!! C’est dur à avaler pour le seul pays qui avait tout prévu mais dont la clairvoyance a été sciemment et volontairement entravée au nom d’un prêchi-prêcha insensé de futilité bavarde. Qu’avons-nous fait du General et de ses justes alertes ? Du vent ! Quand va-t-on dire enfin la vérité aux français ?
La politique française est un désastre et ses dirigeants de funestes clowns. Et Poutine triomphe ! Quand organisera-t-on enfin un concert de klaxons rue du Faubourg Saint-Honoré pour sonner le tocsin de la défaite ? Jamais ? Non, jamais, tant le déni du réel est devenu la règle !
Le tutoiement indiscret que la presse pratique à la télévision indispose par le choix des questions posées quand vient le moment où s’évoque l’hétérogénéité de certaines formes dites “culturelles”.
Ainsi du rap dont on veut à toutes forces nous convaincre de l’innocuité, voire de la légitimité, quand il ne s’agit pas dans le meilleur des cas que de délinquance sonore et de grossièreté assorties. Il importe de marquer une indifférence notable à toutes formes de complaisance : on n’est pas obligé d’avoir un avis sur tout.
Sommé d’avoir à prendre position sur un sujet mineur qui ne le concerne en rien, le citoyen revendique à bon droit son indépendance culturelle et sa volonté de se tenir à l’écart d’une proximité qu’il redoute. Le rap n’intéresse que les rappeurs, les rapistes et autres rapetouts. Restons en là. Et vivent Mozart, Rossini et Lully!
Je relisais Maurice Barres et les pages dédiées au souvenir de l’Empereur Napoléon sous-titrées: « Napoléon professeur d’énergie », elles m’interpellaient de leur mâle beauté, dans l’évocation nostalgique d’une France irradiante du souvenir de la gloire, tandis que se couche devant le tombeau des invalides le soleil de la gloire éternelle du grand bâtisseur de légende . Ecce homo ! Il faut lire et relire Barres si l’on veut savoir ce que nous fûmes. Ah! Nerval !
Ils reviendront ces dieux que tu pleures toujours
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours
La terre a tressailli d’une souffle prophétique…
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie sous l’arc de Constantin
Et rien n’a dérangé le sévère portique.
Jean-François Marchi
L’article est aussi érudit que peu informatif.
Ce n’est pas exactement un aveuglement dont il s’agit, à mon avis, mais plutôt d’un manque de réalisme politique au profit d’un excès d’idéologie qui tient aux origines de notre culture.
Le centrisme légitime les extrémités et les pays européens déjà abandonnés aux extrêmes orientent l’Europe vers une polarisation sur fond idéologique. Beaucoup d’anti-capitalisme néomarxiste, beaucoup de fascisme écolo, beaucoup de concessions à l’extrême-droite sur l’immigration font jouer l’irréel idéologique contre le réel d’où sortent les virus et les guerres.
Une connivence économique et politique entre la BCE et les nations autorise ces dernières au surendettent. Cela renforce la déresponsabilisation et donc l’irréalisme des élites qui peuvent ainsi éviter de regarder la vérité en face sur la viabilité de leurs modèles sociaux et nous raconter de belles histoires au sujet de la nature, de la liberté ou des méchants russes.
Mais enfin, ces mêmes élites se retrouvent face des dirigeants de nations qui manifestent avec vigueur leur engagement dans la compétition pour l’influence régionale voire civilisationnelle. Le Moyen-Orient est dirigé par des réalistes politiques, comme les USA, la Russie et la Chine. Nos partenaires de jeu sont réalistes. Ils savent et font savoir qu’ils veulent exercer une influence décisive sur l’ordre du monde depuis leurs régions respectives.
À l’opposé, les dirigeants européens rêvent de paix, d’égalité, d’équité et même d’équilibre dans les rapports de force pour que chacun y trouve ses intérêts… idéologiques. Quelle naïveté ! S’il n’y avait pas en arrière plan historique l’arrachement de la modernité par les post-modernes, l’influence croissante d’une extrême gauche galvanisée par sa réussite totale dans sa tentative de répandre l’angoisse écologique, l’influence perpétuelle de l’ignorance illuminée de l’extrême droite qui alimente le ressentiment, le fabuleux succès de la représentativité politique en démocratie qui fait surgir la médiocrité de la classe moyenne au sein des parlements, l’idéologie holiste d’une union Européenne universaliste et pacifique qui érode la démocratie par les instances du sommet supranational… alors peut-être nous comprendrions que l’union fragile des BRICS, comme la réaction épidermique de Poutine au contact de l’OTAN, viennent d’abord du spectacle de dégénérescence occidentale où les pays riches se décrivent eux-mêmes comme des nations en déclin, où les définitions les plus élémentaires sont remises en cause par le néo post-modernisme Woke, où la gauche force les premiers contributeurs à l’impôt à l’exil… Devant ce spectacle de désintégration qui sidère les pays en développement, qui jadis aspiraient à nous ressembler, ils prennent l’opportunité qu’on leur offre de prendre la place qu’on s’apprête à abandonner sur un coup de folie, celle de la 1ère zone d’influence économique, politique et culturelle au monde. Ce n’est pas une petite place qu’on cède là, c’est une autorisation de fait à réaliser le casse du siècle, un trône mondial qui excite les bandits russes, iraniens, nord-corréens et chinois.
Au nom de la planète verte, du cynisme anti-scientifique, au nom d’un Dieu assassiné aussi, et de la résurrection de Marx dans tous les petits individus frustrés en mal de démonstration de vertu, le représentant Européen fait le job pour nous servir : il obéit à nos injonctions idéologiques contradictoires, il défait l’économie de marché, il réinstaure le principe de planification économique, il nie les cultures liées à Dieu, et fait place nette, au plein bénéfice de nos rivaux réalistes.
La chute de l’occident révèle de nouvelles alliances, de nouvelles zones d’influence, le monde se reconfigure sans nous, comme si nous étions en train de perdre une lutte darwinienne, nos idéologies ne nous permettent pas de nous adapter à un environnement concurrentiel exigeant.
Ce n’est pas un aveuglement, c’est un suicide, la concession ultime au ressentiment et finalement le jugement dernier de notre culture chrétienne : nous sommes rongés par la culpabilité de nos anciens succès, de notre richesse et de notre place dominante. Nous nous traitons nous-mêmes comme des pêcheurs ayant excessivement cédé au vice, nous nous sacrifions.