Photo Jacques Witt/Pool/ABACAPRESS.COM

On se souvient du film Le Président dans lequel Jean Gabin jouait un ancien Président du Conseil, sorte de synthèse de Georges Clemenceau et du général de Gaulle, entièrement dévoué au bien public.

Le portrait est saisissant d’une vérité rétrospective, hélas oubliée aujourd’hui.

Gabin dans ce film incarnait la France, et les mots qu’il proférait étaient chargés de la puissance émotionnelle de l’histoire et de la littérature nationale. Il respirait Charles Peguy, Jean de La Varende, Maurice Barrès, Anatole France et tous les autres. Il y avait dans sa voix les accents du grognard racontant Napoléon dans une grange comme l’a écrit  Balzac, et son style celui du grand roi écrivant à « son cousin », le souverain anglais, chef d’oeuvre de la langue française.

On est loin de tout ça aujourd’hui, et les derniers à connaitre l’art de  la phrase furent De Gaulle Pompidou et Mitterand. Après eux la navigation s’est faite en charabia approximatif et sentencieux, idiome propre à séduire les ignorants et les crédules.

Comment ne pas se remémorer la tirade de Ruy Blas dans laquelle Victor Hugo fait le procès des politiques :

Bon appétit, messieurs ! –
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où la France agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe

En remplaçant dans ce texte l’Espagne par la France, je me suis permis d’indiquer au passage à qui se barricade derrière les murs de l’Elysée, que la culture est la meilleure des palissades. Ne pas le savoir et ignorer la langue conduit au sabir et provoque le dégoût de qui vénérait hier encore le souvenir de la grandeur des règnes qui avaient fait de la France la maitresse des » arts des armes et des lois » comme avait dit le poète.

Reprenons la tirade de Ruy Blas:

Et vous osez ! … – messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, – j’en ai fait le compte, et c’est ainsi ! –
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu’on pressure encor,
À sué quatre cent trente millions d’or !
Et ce n’est pas assez !
Ah ! J’ai honte pour vous !

Et oui ça sert de savoir lire quand l’analphabétisme croît dans le pays et quand le discrédit accompagne l’action publique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

La honte, dit Hugo, c’est le vrai mot.

Encore faut-il savoir ce que ce mot veut dire, mais pour cela il faut des lettres. On ne gouverne pas en volapük!

L’Angleterre nous a montré le chemin une fois encore, libérons-nous du carcan des idées reçues, revenons au réel, c’est à dire à l’histoire, la France doit revenir à sa langue et à ses traditions. Filons, scapons, fuyons la chaine de la tenure où nous a plongé le funeste traité européen de Lisbonne, renégat  et parjure.

Jean-François Marchi

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