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Les profanateurs

Photo Liam McBurney/PA Wire/ABACAPRESS.COM

Tribune. Il m’est revenu à la mémoire une scène de la pièce de théâtre de Thierry Maulnier, Les profanateurs, programmée à la télévision dans les années 1970, à l’époque où il y avait une politique culturelle qui se tenait dans le pays.

Plus que la pièce en elle même, c’est son titre qui prête à la réflexion ces jours ci. Il m’est apparu singulièrement à propos, alors que le Royaume-Uni nous donne une fois encore une leçon magistrale de dignité, tandis que nos hommes politiques s’ingénient à singer le célèbre clown Achille Zavatta, jadis modèle implicite de Georges Marchais, aujourd’hui inspirateur direct du casseur de tribunes de la Nupes.

Et pourtant le Royaume-Uni n’est pas avare de problèmes, dont certains peut-être même existentiels. Il faut s’attendre à ce que  les obsèques de la reine soient délaissées en France au profit d’une réunion du « machin » comme disait le Général De Gaulle c’est à dire la réunion des chefs d’Etat de l’ONU. Il y a des manquements qui souillent.

Aux obsèques  du Général, à Notre-Dame de Paris, il y avait le monde entier. Ce n’est pas seulement le fait qu’il s’agit d’une autre époque, c’étaient d’autres hommes.

Quand on voit l’émotion qui étreint le visage des britanniques massés pour accompagner le convoi funèbre, je dirais même qu’il s’agit d’un autre peuple. Laissons aux fous qui vocifèrent l’espace qu’ils méritent , avec une mention particulière de soutien à Fabien Roussel qui s’en est démarqué. Je l’engagerais cependant à la prudence, la colère des fous est redoutable et surtout leur mémoire est longue.

Dans son nouveau rôle d’injurieur public, l’ex patron de la Nupes en fait des tonnes. C’est dur d’être passé si près de décrocher la timbale.

Pour revenir à cet événement planétaire qu’est la mort de la reine Elisabeth, son retentissement est considérable. Elle était le dernier chef d’état à avoir connu la deuxième guerre mondiale. Son rôle au sein de l’Etat britannique était d’assurer, au travers du Commonwealth, la diplomatie des chefs d’Etat de la structure. Chef de l’Etat dégagé des contingences du gouvernement et de la politique, elle était la gardienne de l’essentiel. L’équivalent de ce qu’était le rôle du Président dans la république gaullienne, à ses débuts en tous cas, quand Georges Pompidou était premier ministre.

La république est devenue moins monarchique, exception faite de Giscard et Mitterand, par la suite, et les présidents ont été confinés à des rôles subalternes de vétilleux touche-à-tout.

Revenons au modèle, la Grande Bretagne une fois encore nous donne l’exemple.

La violence et la haine sont indubitablement la marque de l’inintelligence. Quand le Prince Imperial, Louis Bonaparte, fils de Napoléon III et d’Eugenie mourut glorieusement au Zoulouland sous l’uniforme britannique, il se trouva un folliculaire parisien pour titrer son abject papier : « ll est crevé le petit chéri ».

La bassesse de ce propos révolte mais renvoie également aux violences verbales des agités de la Nupes. Voilà ce que dément l’attitude exemplaire de nos amis britanniques au moment de la mort de leur reine. Il faut le saluer, ribouler des prunelles et enfler la voix ne sert qu’à faire venir les clowns dans des débats pour amuser les enfants, qui donnent la part belle aux chicayas des Augustes et des Pierrots.

Oui, quelle leçon par l’exemple qui nous est donné outre-Manche, on pourrait presque considérer que c’est un peu notre reine qui est partie, parce que ce que l’on nomme civilisation européenne est faite justement de hauteur, dignité et réserve, valeurs que l’on cherche en vain dans le paysage politique français d’aujourd’hui.

La reine est morte, vive le roi !

Jean-François Marchi


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