Je m'abonne

Le déclin français

Le débat qui s'est installé sur le point de savoir si l'on mesure le déclin de notre pays au rapport de son rayonnement et de sa puissance est tout sauf sincère et n'est  en aucun cas susceptible d'éclairer l'électeur.​

Photo : Jacques Witt/Pool/ABACAPRESS.COM

Le déclin d’une puissance comme le fut la France, impériale et coloniale à l’époque de nos pères et de nos grand-pères, ne se mesure pas à son PNB ni même à la mesure de la richesse de ses habitants et à leur niveau de revenus, mais à sa capacité d’influer sur  le monde et d’inspirer le respect. La France, de par sa culture, le poids de son histoire, pèse par son exemple autant que par la puissance de sa voix.

On ne peut sans méconnaître gravement les leçons de la géopolitique, confondre ainsi le reflux de sa présence physique  dans les territoires concernés par ses colonies de peuplement au moment des décolonisations consécutives au deuxième conflit mondial, avec l’amoindrissement de son influence sur la marche du monde. L’un tient de la démographie intrinsèque au pays, l’autre de la portée de la politique qu’il porte au plan de sa crédibilité. C’est dire l’importance que revêt pour mesurer son occurence la hauteur du crédit que l’on prête à qui incarne cette politique.

Bref, Macron n’est pas De Gaulle, on s’en était rendu compte. Les chinois ont inventé le joli mot de « tigre de papier » pour caractériser l’impuissance tartarinesque de qui est dépourvu de l’aura qui mobilise la force latente d’une nation ou d’un peuple,  que  la volonté  d’être a tout simplement quittée.​ 

On le voit, le déclin n’est pas un virus extérieur que l’on attrape comme une grippe, mais davantage un processus de perte de confiance en soi qui l’apparente à la dépression nerveuse, aboulifère et àquoiboniste, comme la chanson de Serge Gainsbourg avait  justement nommée ce penchant défaitiste.​ Le déclin n’existe que comme conséquence de l’absence de signification et de résolution de qui est censé diriger. En bref, l’absence de charisme du moteur humain, de qui assume la fonction de guider, entraine la démotivation de l’équipage du navire qu’est toute nation dans l’incertitude de la navigation par gros temps, et malheureusement transforme les passagers en simple frêt humain, chair à tout, à canon comme au reste. Le déclin, s’il existe, n’est pas une échéance, c’est la conséquence de l’irrésolution qu’entrainent et l’inaction et l’irréflexion, en un mot l’impuissance.

A cela il n’existe qu’un remède, la volonté, et certes pas  la docile résignation à confier le destin collectif dont on a la charge à d’autres, fédération, confédération, comité Théodule ou autre comité d’expert ou instance soi-disant supérieure. De Gaulle l’a démontré quand il a relevé une France en capilotade telle que l’avait laissée la IV ème république, qui déjà rêvait d’inscrire son devenir comme annexe plus ou moins facultative de la micheline transatlantique. ​C’est la même erreur, c’est le même débat. Comme hier, il importe de faire dérailler ce rêve mortifère de la transmission à d’autres de la charge de notre destin. Hier c’était la C.E.D. , aujourd’hui c’est la prétendue union européenne qui n’unit en fait que les  défaites et les résignations. Donc on sait tout. De Gaulle ? Napoléon1er ou III, Clemenceau. Pourquoi pas une femme,  Marion ?​

Des voix se lèvent pour dénoncer la triste imposture de celui qui contre toute évidence poursuit le dessein délétère de se débarrasser des outils gaulliens qui ont redressé le pays de sa précédente chute.

La France fait des phlébites sur ordonnance à l’instigation du Diafoirus qui la dirige. Un jour il lui enlève le corps diplomatique, tous les jours sa langue, et il abolit le discours qui l’a toujours distinguée en affectant de la croire plus petite que son ombre. L’insignifiance de la parole étant la marque du verbe officiel, me revient en mémoire la réponse que reçut un jour Adolphe Thiers d’un élu du peuple auquel il tentait d’expliquer que leur opposition sur la question à trancher résultait d « un petit malentendu ». A cela il lui fut cinglement répondu « le petit mal entendu, c’est vous ».

C’est tout à fait ça. Comment entendre qui prône avec acharnement la dissolution du pays dans une mare aux canards qui devient plus qu’une soupe dont même les Marx Brothers, auteurs du film éponyme ne voudraient pas comme scénario faute de fil conducteur à l’intrigue. Quitte à faire rire, autant le faire exprès ! Mais voilà, la culture, ça sert au moins à connaitre les classiques, c’est vrai du cinema comme de la littérature. Devant le risque imminent que disparaissent sous les coups répétés de l’analphabétisme wokard les monuments passés de l’écrit (romans comme théâtre , ô Marivaux ! ) il faut stocker et racheter tout ce qui passe, livres anciens, films et reportages, avant que les censeurs ou censeuses (pour parler charabia, ce progrès de l’esprit) ne les fassent disparaitre au nom de leur morale de roquets ( et roquettes ?)

« La terre est bleue comme une orange » avait écrit Paul Eluard. Faudra-t-il aussi le faire taire demain pour d’indéfinissables raisons non encore éclaircies, dont les motivations seront probablement politiques ? Pour s’en prémunir, il convient d’accumuler les livres dans leur conditionnement originel, pour éviter le caviardage qui se profile, et les lire, bien sûr !

Vive le livre et la sainte conjugaison.

Pour être clair, la langue ne sert pas qu’à dire, mais surtout à connaître, à chercher, à jouer. Le français, et sans doute toutes les langues qui s’écrivent, sont un instrument de musique, un clavecin, un piano, tous les instruments, et l’on en joue par exploration de l’intime et de l’âme, jusqu’à l’absurde parfois. C’est ce qui distingue l’homme de l’animal, car les animaux disent bien sûr, comme ils le peuvent, mais ils ne composent pas. C’est ce qui distingue probablement les wokards du reste de la création humaine, ce penchant pour l’aboiement qui relègue toute pensée au rang d’un dire, comme le chat miaule ou la souris chicote. Le vocabulaire de la pensée est infini avait dit Paul Valery. On est bien d’accord. En ce cas l’âne, ou l’ânesse, pensent comme ils braient. Comment l’écrivent-ils?

L’apprentissage du charabia, Micronus regnans, devenant obligatoire par intregrationite brusselodirective, comment traduire dans cet idiome le vers de Georges Fourest (La Négresse blonde) « il hurlait mon nombril est un Chrysoberyl »

J’aimerais bien le savoir, et surtout la suite du poème dont je recommande la lecture aux gourmands.

Jean-François Marchi


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne