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2024, année de la morosité ?

J'en ai assez des excuses et des repentances et c'est pire quand c'est fait pour obéir à une meute de maraticules en folie (mot forgé à partir du nom du folliculaire dénonciateur MARAT, justement rétribué par madame Charlotte Corday d'un coup de surin réparateur).

Entreprendre - 2024, année de la morosité ?

Seraient-ils cent mille qu’ils ne seraient quand même que ce qu’ils apparaissent sur la scène sociale, dans quelque pays où ils se trouvent, les sycophantes déchainés qui s’expriment dans l’espace public. La fange de toute époque que l’on appelle les meutes, les hordes, c’est la bande la bande à Spartacus à la recherche de son Marcus Crassus , des bruleurs d’église et  des incendiaires de château. 

Excusez la virulence du ton quelque peu déplacée pour la présentation des voeux de bonne année 2024 qui est de rigueur vue la date, mais quand même trop c’est trop.

Moi j’aime Voltaire,  et aurait-il abusé de quarante mille de ses nièces que je l’aimerai toujours, car rien ne vaut Candide et Zadig, l’ingénu et la destinée, pour réfléchir à l’aise. Bien sûr quarante mille c’est beaucoup, mettons six-cents. C’est encore trop ? Accordons-nous sur une, la sienne, si c’est vrai. Ira-t-on jusqu’à le déterrer du Panthéon si jamais c’est exact ?  Cette démonstration par l’absurde illustre à quel point tout cela est vain et même futile.

J’aime Napoleon, même si certains ne le prisent guère, car on lui doit d’avoir naturalisé en France l’incarnation de Promethée, et  d’avoir émancipé le genre humain de la tenure des croyances imbéciles et d’avoir érigé la citoyenneté, en extirpant de l’humain la boue de la sujétion. J’aime Polanski pour le Bal des vampires et enfin Depardieu pour son oeuvre, ses compositions hallucinantes de vrai, vertigineuses et inspirées, de Balzac, de Cyrano et du Colonel Chabert, de Marin Marais et j’en passe, et le reste des considérations exprimées reste étranger à l’objet même de mon admiration. Je conserve envers et contre tous ce droit qu’a tout citoyen libre d’être maître de ses choix et convenances. C’est ça qui s’appelle la démocratie, et pas l’oppression de l’opinion d’autrui, serait-elle vertigineusement multiple. La liberté c’est de penser sans contrainte, y compris celle du nombre, et surtout s’il vocifère. 

En ce qui concerne Gérard Depardieu, je vois les reniements de ses pseudos amis, je mesure leur lâcheté et je pense à la chanson de Georges Brassens, la tondue : «  La belle qui  couchait avec le roi de Prusse à qui l’on a tondu le crâne rasibus  …/… après pire qu’une brosse elle eut  été tondue…/…. je n’ai pas bougé du fond de ma torpeur…/… ces coupeurs de cheveux en quatre m’ont fait peur ». Chanson terrible qui rappelle les exactions de la foule à la libération.

Très belle chanson.

Dans ces mouvements grégaires et assassins, il est de règle de fuir, c’est humain et c’est regrettable. Mais toute foule est immanquablement hideuse et cruelle.  La leçon à en retirer est qu’il ne faut pas dépendre d’elle pour manger. Là voilà la raison des rétractations de ceux qui ont signé l’appel des cinquante, la pauvre peur d’être puni. C’est du propre. 

Nous sommes à une époque qui parle d’intelligence artificielle en méconnaissant hélas la permanence de la bêtise naturelle.

Depardieu n’est pas le premier provocateur de l’histoire de l’art, il y a eu Alfred  Jarry qui demandait à quel âge il fallait tuer les vieux, il y a eu Jonathan Swift qui proposait de manger les enfants en rôti pour remédier à la famine en Irlande. 

C’est le moment de citer la célèbre formule du grand avocat Vincent de Moro Giafferri au procès de Landru: « On invoque ici l’opinion publique ? Chassez-la cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche ! C’est elle qui au pied du Golgotha tendait les clous au bourreau, qui applaudissait au supplice de la reine ». 

Il est à noter que Gérard Depardieu ferait une excellente interprétation du personnage de Moro Giaffierri.

Cette fin d’année 2023 a ceci de commun avec 2024 qui s’ouvre que la morosité les baigne toutes les deux.

Il a été dit d’une manière surprenante par une quidamesse interrogée qu’on assistait en direct avec ce psychodrame à une rupture de génération.

En bref, en débarrassant le propos de son surplus de sottise apparente, cela voudrait dire que la population française ayant été élevée durant les années 60-70,  était moralement dépassée par la clairvoyance du renouveau incarné par les associations militantes d’aujourd’hui. Depuis Boileau toutes les générations disent ça. Cela s’appelle en langage châtié la querelle des anciens et des modernes . Hélas ce n’est pas que cela. Ce n’est pas qu’une question de style mais de société. Nous avons vécu une liberté intellectuelle totale et du dire et du faire, depuis l’époque moderne qui commence approximativement à la fin du XVIème siècle. Lucien Febvre, dans son livre La Religion de Rabelais l’explique assez bien, ainsi que Paul Hazard dans La Crise de la conscience européenne.

Ce à quoi on assiste aujourd’hui est un effrayant recul intellectuel et moral qui, si l’on n’y prend garde, balaiera l’indéniable progrès de la liberté de penser   qui a marqué les trois siècles passés en Europe, et qui ont installé la primauté de la pensée occidentale dans le monde. C’est tout ce qui se joue aujourd’hui. Au lieu de braire des imbécilités, il échet aujourd’hui de relire au plus vite  Le Festin de pierre autrement titré Don Juan que l’on doit à la plume  de Molière. 

J’avance le nom de cet immense écrivain prudemment pour éviter de le livrer en pâture à la folie répressive du jour. Qui sait, peut-être a-t-il eu des propos déplacés un jour avec Armande Béjart, comédienne de sa troupe et son épouse ou Madeleine sa mère qui fut aussi sa maitresse. Allez savoir ? Interdisons Molière ?

Ce qui est menacé c’est avant tout la liberté, songeons-y bien avant de poursuivre ces folies.

Jean-François Marchi


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