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« Il faut impérativement dissoudre l’Assemblée Nationale »

Vehicles burned in a protest are seen in Roubaix, France, on June 30, 2023. Violence continued in France overnight from Thursday to Friday after a police officer shot dead a 17-year-old teen on Tuesday in Nanterre, western Paris suburbs, with 667 Photo Sebastien Courdji/Xinhua/ABACAPRESS.COM

Tribune. Dans le bateau « Le Massilia » qui les conduisait à Alger, les parlementaires réfractaires à la désignation du Maréchal Pétain, qui avait signé l’abdication volontaire de la République, assistèrent avec étonnement à une scène originale dont ils n’eurent l’explication qu’après coup : le député Georges Mandel, qui avait été le collaborateur du « tigre », Georges Clemenceau, le vainqueur de la guerre de 1914/18, le virent dans une exaltation extrême désigner un ensemble de cages où étaient entassés des poulets destinés à fournir la nourriture du voyage, en s’exclamant : « celui-ci les considère ,… et les méprise ! »

La TSF venait d’annoncer le vote des pleins pouvoirs au Marechal. Il fut de l’avis unanime des protagonistes de la scène que Mandel avait perdu la tête. L’explication plus simple était que, perdu au milieu des volailles se trouvait dans les bagages de son disciple le buste du Grand homme que  Rodin avait exécuté, et dont il ne se séparait jamais. Que dirait de la déréliction du jour un tel homme aujourd’hui, alors que l’Etat abandonne à la pègre des rues la conduite des affaires publiques, en oubliant tout souci de maintien de l’ordre au profit de hordes de voyous ! Tandis que Paris, Bordeaux, Marseille se voient défigurées par la canaille la plus infâme, le souverain balbutie des paroles empruntées dont toute autorité a disparu, au profit d’une vague et embarrassée contrition au relent de vomi. « Malheur à qui s’accuse soi-même » avait pronostiqué Marat, qui s’y connaissait en périodes troublées. Quo usque tandem ?

Cette ambiance est funeste et rappelle les moments fatidiques de notre histoire. L’abbé Sieyes eût déploré, en pareille circonstance, le vide de cette béance institutionnelle et sans doute aurait-il maugréé, à son habitude : «  Je cherche un sabre ». Où est il ce sabre, puisqu’il est dit qu’on ne résout en France les crises qu’ainsi que l’ont fait en leur temps Henri de Navarre (Henri IV), Napoléon Bonaparte et même Adolphe Thiers. Il faut dissoudre au plus vite la représentation nationale et revenir aux urnes, seul le peuple rassemblé peut venir à bout de ce qui s’apparente à une disparition de l’Etat. Votons ! Du pays tout entier monte l’impatience d’une reprise en mains. Ne la décevons pas, vient le temps de plus en plus urgent, qu’enfin, comme le décida souverainement et pour le bien public le plus évident Louis Napoleon, à la veille du rétablissement de l’autorité publique, en prononçant cette parole où le bon sens exprime le souhait collectif le plus profond, « Qu’enfin les méchants tremblent et que les bons se rassurent ». Il en serait plus que temps en effet.

Il va de soi qu’une évolution capitale est intervenue dans les rapports sociaux noués par les habitants du pays.

Une culture de l’opposition frontale s’est peu à peu substituée au vouloir vivre ensemble de jadis.

Reprenant les slogans bébêtes des ignorants de l’histoire, certains se croient investis de la mission conquérante qu’ils prêtent par idéologie aux pères de leurs pères, et qui a abouti, il y a de cela sept cents ans à la prise de Byzance en1453. Considérant qu’il reste encore un monde romain debout, celui dont a résulté la prise de Rome par Odoacre avec la conversion au christianisme des barbares vainqueurs de Romulus Augustule, l’évêque de Rome devenant par métamorphose le successeur de l’Empereur, ils veulent achever la chute du monde ancien  et parfaire l’avènement de la oumma.

C’est évidemment idiot, anachronique et pour tout  dire inepte, mais il en est  ainsi des mythes que la rancoeur inspire.

Ce qui est renversant, c’est le peu d’effort éducatif fait par les tenants du pouvoir pour expliquer aux sauvages hallucinés qui se déchaînent dans les rues la flagrance de leur sottise, comme si expliquer l’erreur afin de la corriger ne servait plus à rien tous comptes faits, tant est devenue futile aujourd’hui la notion de savoir, la croyance seule, aussi stupide soit-elle, étant seule revêtue du sacré de la vérité révélée.

Eh oui, cela ne sert plus à rien de savoir, et l’intelligence est devenue un problème, voire un obstacle au seul objectif poursuivi, la satisfaction du nombre croissant des idiots fanatisés par l’ignorance. C’est effectivement le monde romain à l’envers.

Allons-nous continuer à voter pour d’aussi mauvais bergers que ceux qui nous dirigent ?

Il est temps en effet que les méchants tremblent et que les bons se rassurent. Le prix payé quel qu’il soit sera le bon. Il faut impérativement dissoudre l’Assemblée et revenir aux urnes, pour ouster les incapables, abolir les menteurs, châtier la lâcheté et honorer enfin l’harmonie, l’équilibre et la mesure qu’organise dans l’univers la recherche de la symétrie, maitresse de toutes beauté, justice et raison.

Faisons du mot d’ordre du Monsieur Teste de Paul Valery l’alpha de la politique pour que la bêtise ne soit plus notre fort.

C’est ça qui sera justice, et pas le charabia moralisateur des donneurs de leçons que le ratage de leur vie personnelle structure.

Jean-François Marchi


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