« La piscine », un film culte où Jane Birkin se retrouve face à deux monstres sacrés du cinéma : notre Romy belle et tourmentée et Alain le magnifique et énigmatique. Et Jane, avec sa fraîcheur et sa beauté naissante, est parfaite. Elle existe. C’était il y a 54 ans. C’était hier.
Avec Jane Birkin, l’Angleterre rencontre de nouveau la France, et ce « mariage improbable » produit des étincelles de créativité, de musicalité et de génie artistique, en plus de l’image sexy et amoureuse que ce couple dégage immédiatement ensemble. Les photos de Jane Birkin et Serge Gainsbourg irradient de naturel et de sensualité dans les années 70…
Jane et Serge Gainsbourg : leur vie privée ultra-exposée, leurs virées nocturnes chez Castel, à l’Elysée-Matignon, les cuite mémorables, la vie la nuit et à l’aube, les petits rendez-vous au poste de police, leurs frasques d’artistes. Tout est su. Tout est lu. Tout est pardonné. Sourires partagés. Complicité. J’aimais leur simplicité et leur liberté conjuguées comme mode de vie. C’était au-delà de la non-conventionnalité. Ils incarnaient la liberté. Ils incarnaient la vie, la modernité et la fantaisie.
Ils faisaient partie de notre univers. À côté d’eux, nous rêvions de leurs audaces, en nous mordant les lèvres de stupéfaction.
À cette époque plus lente, les artistes duraient des décennies. Jane et Serge ont marqué plusieurs générations avec leurs succès, leurs talents… Jeanne, la chanteuse à l’accent britannique, à la sensibilité émouvante, Jane que l’on suit dans sa vie. Je la revois, dans son jean, en petit blouson doré, moulant, se déhancher avec grâce, plus taquine que jamais, chanter sa mélodie : « Di doo dah ». Cette chanson sera mémorisée à vie et résonne encore.
Parfois, je passe rue de Verneuil pour humer cette atmosphère passée et inspirante. Puis, je regarde le ciel et envoie un sourire à Serge. Doucement, je lui parle et l’interroge sur son génie, sur la vie, sur l’amour… Maintenant, ils sont réunis. J’irai mettre un tout petit dessin sur leur mur mythique à tous les deux. Je repasserai bientôt.
Les épreuves de vie n’ont pas manqué pour Jane : le décès de Kate Barry, sa fille, le décès du grand Serge, le combat contre le cancer… Son pharmacien admirait son stoïcisme et sa philosophie de vie après sa leucémie, son AVC et face à son cancer. Elle le combattait. On le savait. Jane vivait dans le 5e arrondissement de Paris et tout le monde louait sa simplicité légendaire.
Un lien d’affection et de tendresse enveloppait Jane Birkin et les siens avec les gens. Comme s’il avait fallu les protéger. Comme si chacun avait compris, tout au long de leur vie, au-delà des couvertures de magazines, leur unicité, leur émotion, leur fragilité, cette vie d’artistes absolus et, ensuite, pour Jane, la vie sans Serge.
Merci Serge, merci Jane. Jane a été retrouvée chez elle sans vie, un jour de juillet 2023. Je suis émue par sa solitude au moment du grand départ… Comme toutes les personnes âgées, Jane n’avait pas envie d’avoir quelqu’un dans les pattes H24. Mais quelle tristesse de mourir ainsi. 76 ans, c’est si jeune en 2023.
Jane a retrouvé son Serge, son Pygmalion, son homme.
Condoléances à ceux qui l’aiment.
- Ghyslaine Pierrat
Docteur en communication politique et économique, Spin doctor
Auteur de 3 ouvrages : « La communication n’est pas un jeu », « Macron et les autres », « Qui sont les acteurs et les influenceurs de la vie politique française ? », aux éditions de l’Harmattan-Paris. 
