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Eric Zemmour, le premier à avoir osé renverser la table

Entreprendre - Eric Zemmour, le premier à avoir osé renverser la table

Tribune. Invité le week end passé à une partie de chasse donnée  par de bons amis dans leur propriété de Sologne, près du village de Isdes, j’ai pu éprouver le ravissement d’être plongé dans un environnement dépourvu d’éoliennes. Ah ! Ce pauvre Eole, s’il savait! Beau tableau, cent cinquante pièces, faisans et perdreaux. Evidemment, il faut plumer tout ça.

Ma part de chasseur étant de six, j’ai pu régaler mon entourage. Le goût du gibier se perd pourtant dans les jeunes générations, comme celui des abats. Ça reviendra, comme tout ce qui est bon. Si l’on ne pratique pas une discipline, on en perd l’usage.

Il en est du goût comme de la pensée. J’ajoute qu’un brin de fermentation peut servir à en améliorer, dans l’un et l’autre cas, l’usage. Je m’explique: il faut de la maturation pour comprendre un problème, le saisir dans tous ses aspects. La solution intervient au terme d’une « fermentation » intellectuelle qui n’est pas étrangère, dans son principe, à celle qui permet l’affinage du fromage.

Quand il a ingénié un néologisme hardi en parlant de « société avancée », le mirobolant président Giscard ne faisait pas que confondre « avancé » – qui veut dire pourri et qui s’applique au fromage exclusivement – et « en avance », qui veut dire d’avant garde. Il utilisait le fromage comme véhicule cognitif. Et nous y sommes justement ! Il faut que les idées maturent pour dégager une conclusion, comme le fromage et les gibiers pour avoir du goût (« le bon goût c’est le goût de ceux qui  l’ont bon », disait Léon Daudet). Les conclusions arrivent cependant à l’esprit du public, car la discussion générée par les questions posées par Eric Zemmour l’a permis. Il est le premier à avoir osé renverser la table, le premier à avoir osé crier : « Le roi est nu », comme dans la fable. Et la vérité, ça sent le faisandé parfois.

Le fromage, cette irremplaçable image, nous permet enfin de faire le point : bien sûr, il peut arriver qu’un Epoisse ou un vieux Langres, qu’un Munster même, empuantisse la table (on appelle ces fromages des « puants» précisément mais qu’ils sont bons! ). Frederic Nietszche a pu dire avec beaucoup d’audace : « on pense comme  on digère ». C’est vrai, et les vociférations des empêcheurs de penser et de parler en rond n’y feront rien. Les positions moralisatrices dénoncées par Zemmour  sont elles-même « avancées » et n’ont jamais été en avance.

Elles étaient fausses tout simplement. L’odeur n’est pas du fait de celui qui la révèle, en dévoilant l’objet qui la génère, fromage ou charogne.

Ah ça crie ! Ça s’offusque! Ça prend même le monde à témoin ! Le chorus des hypocrites s’organise pour faire taire le gêneur. Pour une fois qu’un « lanceur d’alerte » comme disent les porte-beaux, n’est pas un dénonciateur envieux de la fortune d’autrui mais une authentique vigie, il convient d’écouter son diagnostic. Oui, Zemmour a raison et nier le réel ne sert qu’à l’établir encore davantage dans sa nocivité. D’autres font le même constat. Revenons à la chasse, il vaut mieux grouper les fusils que  d’aller à la maraude en solitaire.

A six mois du scrutin le chahut s’organise pour gêner la campagne.

Soyons bien sûr que les cris d’orfraie poussés par les Tartuffes vont se multiplier. Il importe de ne pas y prêter attention.

Sur un total de dix à douze candidats, peut-être, cinq ont quelque chose  à dire,  et j’excepte bien sûr ceux qui s’expriment en charabia.

Evitons d’opposer entre eux ceux qui disent le vrai car les mots ont de la mémoire. Il faut avant tout que le succès  d’une réflexion menée à son terme soit la récompense du combat qui s’apprête.

Des fous veulent abolir  notre monde pour le remplacer par des approximations moralisatrices dont l’énonciation ne signerait que l’impuissance d’un peuple à assumer son destin. Face à la débandade, il nous faut promouvoir qui aura pour charge de remercier les imposteurs. Tous sont conviés, même les ouvriers de la onzième heure, pour se souvenir des paraboles apprises à une époque où l’on ne faisait pas encore la chasse aux curés.

Jean-François Marchi


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