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Benatov, Naja, Pompignan et quelques autres…

Le philosophe Gilles Lipovetsky (Photo DR)

Tribune. Les rapports entre l’art et l’aristocratie sont parmi les plus défendus à l’expression publique, au point qu’il est interdit d’en évoquer même l’éventualité fortuite, sinon pour en dénier véhémentement toute réalité comme ontologiquement scandaleuse par nature et par essence.

Et pourtant, il existe bien une supériorité naturelle qui saute aux yeux de l’amateur et qui fait dire au vulgaire qu’il existe bien une langue des dieux propice à la communion des âmes, au dessus du lot de la vulgaire pâte commune de l’humanité ordinaire. Quand Mozart compose à 5 ans et Rossini à 7 ans des sonates époustouflantes, seul le génie peut les inspirer, parce qu’ils vivent et respirent un éther qui les distingue. Ils sont « autres » et il faut bien en convenir. Ce n’est pas faire injure à la nature qu’en relever les distinctions; les chiens ne sont pas des chats. L’abolition des différences et la négation haineuse des hauteurs sont devenues la norme de l’expression licite, comme  la réfutation des couleurs et des races, au risque du ridicule que l’évidence impose à qui la nie.

Le Prince Argoutinsky-Dolgorouky, connu sous le nom du sculpteur Benatov, descendant du légendaire Antaxerxès, a déposé  aux confins où les lignes  de l’occident et de l’orient dessinent l’hypothèse de l’existence de Dieu,  l’énigme de son Art. Il peut bien poser la figure de son « Éclaté » au visage de cyclope, mais pas davantage que le Magyar Naja, « Lancelot » valet de trèfle d’Harcourt,  à la figure de Boissy, de Morel et des autres, l’histoire des familles de nos rois, de nos empereurs et de nos ducs illustre la beauté d’un vécu millénaire dont leurs oeuvres sont les joyaux et les pierreries, c’est à dire notre héritage, donc notre dû, notre fortune, notre chance. Ainsi de l’oeuvre du marquis Villiers de l’Isle Adam qui n’a jamais appauvri que les jaloux, les médiocres et les ratés quand la supériorité éclatante de l’écriture du magistral Axël enseignait à qui sait lire le sens de l’aristie, c’est à dire l’existence de la notion même de supériorité.

C’est par l’art que doivent revenir les notions élémentaires de la hiérarchie sociale et morale dont la vacance est devenue la grande évidence de cette absence de sens qui ravage la société du jour comme  l’a très bien exposé le philosophe Gilles Lipovetsky dans son magistral essai : L’ère du vide. Le gentil chevalier Assier de Pompignan, peintre délicat  de la multiplicité gribouilleuse citadine ne ferait pas autre chose que le souligner, lui cet artiste délicat, trop tôt disparu dans les  brumes du château des brouillards de la butte Montmartre, Pompignan de la Martinique, Béké de l’histoire coloniale, ô couleur, ô différence, ô hauteurs. Nos familles sont nos illustrations et la France la gloire de nos ancêtres ; en être fiers est un patrimoine, une gloire et un avoir.

Comme l’a écrit le poète :

« Alors se lèveront par entiers et crieront que la flamme a brulé mais que le jour demeure. Sinon non ».

Jean-François Marchi


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