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La démocratie française à l’agonie : les solutions à mettre en oeuvre

Chacun garde en mémoire cette affirmation d’André Malraux, « Le XXIe siècle sera religieux, ou ne sera pas ! ». Par cette sorte de prophétie, l’ancien ministre de la Culture du général de Gaulle, écrivain et résistant, parlait sans doute plus de spiritualité que de religion !

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Parte 1 : La France, une démocratie à l’agonie
Partie 2 : Des constats qui font craindre le pire
Partie 3 : Les manipulations de l’opinion
Partie 4 : Les sources du chaos
Partie 5 : Des conséquences qui semblent clairement inéluctables !

Partie 6 : Les solutions à mettre en oeuvre si l’on retrouve un peu de courage !

On se rend compte aujourd’hui à quel point, collectivement, nous manquons de cette spiritualité dans un monde caractérisé par l’hyper communication via Internet, et les nouveaux dogmes que sont le jeu, les loisirs, l’argent et les profits financiers, et le peu de part laissée aux valeurs ancestrales de notre démocratie. Nombreux sont ceux qui veulent l’ignorer, mais, en fait, tout est religion [pris au sens étymologique du terme (du latin « re legare » ou « relier »]. Autant dire donc que tout est spiritualité.

Notre crise majeure n’est ni économique, ni financière, ni écologique, ni sociopolitique, ni géopolitique : elle est spirituelle. Nos élites, suivies par le peuple, ont perdu la vision judéo-chrétienne du sublime. Peu importe que cette quête de « l’élévation de l’esprit » rassemble des athées, des agnostiques ou des croyants, elle laisse étrangement un vide dans cette société matérialiste. Les seuls qui semblent l’avoir compris aujourd’hui, (mais dans quel but ?) ce sont les musulmans dont l’activisme islamique de certains tourne de plus en plus à l’affrontement entre civilisations.

Mais c’est aussi cet « Islam » dévoyé qui incarne le nouveau visage du totalitarisme aujourd’hui, la nature ayant horreur du vide, dans une conspiration terrible de toutes les forces intellectuelles et sociales, avec sa vision d’un « sacré » dogmatique et formaliste d’inspiration wahhabite. Dans l’univers traditionnel français, c’est une laïcité mal comprise qui nous a fait rejeter la spiritualité du discours public. Or, la laïcité à la Française est une chance, et si nous ne nous en saisissons pas, notre démocratie est réellement en danger.

Tant qu’à rappeler la prophétie d’André Malraux, il est bon aussi de revisiter l’oraison funèbre qu’il a prononcée le 19 décembre 1964 lors de la cérémonie organisée pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon :

« Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle – nos frères dans l’ordre de la Nuit… »

En évoquant ces lignes et les heures sombres de la Résistance au nazisme, nous nous sentons redevables de cet héritage douloureux qui vient toujours, malgré le temps qui passe, nous frapper au cœur, et nous comprenons à quel point se perdent aujourd’hui nos valeurs fondamentales. Même si cela ne semble pas concerner l’ensemble de nos compatriotes, le pays se meurt et sa démocratie avec ! Il en reste heureusement quelques-uns, toujours convaincus des bienfaits de la démocratie et qui entendent résister, mais ces citoyens éclairés commencent à perdre patience dans le désordre institutionnel et s’interrogent sur ce qu’il conviendrait de faire pour protéger et défendre notre civilisation.

Il y a ce que l’on pourrait faire individuellement, et il y a ce que l’on devra subir et ce qu’il adviendra si rien n’est fait. En réalité, que l’on soit acteur ou spectateur des événements à venir, il nous faut craindre la violence qui, on le voit chaque jour, se manifeste de plus en plus dans les relations humaines et risque de s’installer définitivement dans le processus démocratique.

Il faut trouver des solutions et les mettre rapidement en œuvre, mais cela va demander un peu de courage et on peut craindre que les pouvoirs publics (et le gouvernement pour être clair), en manquent désespérément. À défaut, il faudrait que le peuple réagisse ! Mais si le peuple réagit, cela s’appellera une révolution ! Avec tous les aléas qu’elle génère ! La violence et le désordre ! Or il serait opportun, autant faire se peut, d’éviter la mise en branle de cette mécanique infernale qui veut que le laxisme engendre le chaos et que le chaos engendre la dictature.

Durant ses dernières semaines, j’ai évoqué, dans mes chroniques, la lente agonie de la démocratie, en faisant de nombreux constats, en en étudiant les causes, lesquelles sont souvent exacerbées par les médias et les outils modernes de la communication, puis en en listant les conséquences visibles. Mais en fin de compte, on doit en conclure que la situation est suffisamment grave pour que des décisions soient prises, et pour que des propositions soient faites. Mais comme cette évolution de notre monde n’est pas figée, de conséquence en conséquence, il faut s’attendre à ce que toute forme de réaction induise à son tour des conséquences nouvelles, parfois brutales, certainement violentes, qui nous entraineront vers des lendemains difficiles.

À force de se voiler la face, on a tous les risques de « finir dans le mur ! ». Si l’État ne se décide pas à agir, le système lui-même risque d’imploser ! Si ce sont les citoyens qui décident de prendre enfin les choses en mains, ce sont les égoïsmes contradictoires qui nous entraineront dans le désordre.

Sortir d’un « confort indolent »

L’Histoire est, à cet égard, très convaincante ! Prenons le simple exemple de l’Afrique. Après la décolonisation, la France a aidé les jeunes nations du Maghreb ou de l’Afrique noire, à se développer dans un esprit démocratique marqué par l’héritage Gaullien. La confiance a été accordée à de jeunes leaders ayant eu un parcours universitaire parisien, souvent brillant et désintéressé. Mais progressivement, le pouvoir a transformé tous ces jeunes démocrates en des oligarques autocrates qui ont développé leur mainmise sur leurs pays, mis en place un pouvoir marqué par le népotisme, et distribué les postes de responsabilité en fonction d’appartenances tribales profondément ancrées dans les traditions du continent.

Après des décennies, dans pratiquement tous ces pays que l’on voyait comme des jeunes démocraties, le temps est venu des révoltes locales et des révolutions de palais. Ces événements ont souvent été orchestrés par des militaires appartenant le plus souvent aux mêmes cercles, mais désireux de s’enrichir à leur tour au préjudice des populations. Victime de multiples manipulations (on pense aux Russes et aux Chinois), la France, amie de toujours des dirigeants historiques, est désormais rejetée, suspectée de corruption et d’interventionnisme, elle paie chèrement l’addition globale et se voit écartée des cercles de pouvoir, perdant ainsi son influence culturelle et économique, mais aussi linguistique et militaire.

Cette leçon africaine, nous la vivons aussi en France, où la démocratie est aussi le bon terreau sur lequel se développe l’enrichissement d’une nation, mais aussi celui de ses dirigeants. À terme, les richesses s’accumulant, les appétits des gens de pouvoir se développent suffisamment pour leur faire oublier leur engagement viscéral pour la chose publique et surtout pour le bien public.

Ces démocrates « perdus » ne songent plus qu’à satisfaire leurs appétits d’apprentis oligarques. Rappelons que l’oligarchie, qui signifie « règle du petit nombre », est une structure de gouvernement dans laquelle le pouvoir appartient à un nombre réduit de personnes qui, comme autrefois, peuvent se distinguer par la noblesse, l’armée ou la religion, et aujourd’hui par la richesse, les liens familiaux et le contrôle des entreprises.

L’État ne remplit plus son rôle

Où est la stratégie à long terme de l’État, quand on voit les sujets sur lesquels le gouvernement se penche pour donner à l’opinion publique l’illusion de l’action ? Tout le monde a compris que la sécurité des citoyens était, de tous temps, notamment en application du Contrat Social, l’enjeu principal de la démocratie, et qu’elle est, aujourd’hui particulièrement, la préoccupation centrale des Français. Alors que la première des libertés est de vivre en sécurité, la plus petite manifestation sociale dérive désormais en affrontements dont les acteurs principaux sont les jeunes générations, parfois mineures, et qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans l’esprit de Nation.

Le chef du gouvernement a présenté fin octobre un plan anti émeutes, devant les maires dont les villes ont été, en juin dernier, les plus touchées par les violences urbaines et les saccages des centres-villes. En écho à l’analyse du Président de la République qui estime que la leçon à tirer, « c’est l’ordre, l’ordre, l’ordre », et qu’il faut insister sur le besoin de « retour de l’autorité, à chaque niveau, et d’abord dans la famille », il a annoncé plusieurs mesures financières pour « aider à la réparation et la reconstruction, en complément de l’indemnisation des assurances ». 

Mais il a surtout affirmé que les parents des mineurs responsables de saccages et d’actes de vandalisme auront leur part de responsabilité puisque « des stages de responsabilité parentale ou des peines de travaux d’intérêt général puissent être prononcées à l’encontre des parents qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs ». Il a également évoqué la possibilité de condamnations à des peines d’amende qui pourraient frapper les parents des mineurs délinquants.

Ces annonces vaguement populistes ont été largement reprises par l’ensemble des médias qui n’ont pas manqué de rappeler, à longueur d’antenne, que cela concernait des familles, souvent monoparentales, et déjà très ancrées dans la précarité, qu’il serait difficile de prouver réellement la responsabilité des auteurs présumés, et qu’enfin, il serait impossible de recouvrer le montant des amendes si elles étaient prononcées. On sait déjà qu’environ 50 % des amendes prononcées par les tribunaux ne sont jamais recouvrées.

Celles-ci auront encore moins de chance de l’être pour des raisons multiples, notamment d’ordre juridique. On notera, au passage, que si aucune compensation à la source sur les prestations sociales versées n’est envisagée parce que considérée comme injuste, l’État n’hésite pourtant pas à ordonner des saisies sur salaires à l’encontre de salariés, ou des saisies mobilières pour sanctionner des entrepreneurs qui ont la moindre dette fiscale, et là tant pis si toute la famille est impactée…

S’agissant de l’utilité d’un tel nouveau texte, il est bon de rappeler que les parents sont, depuis des décennies, tenus à la responsabilité civile du fait des actes commis par leurs enfants mineurs. Tous les parents d’enfants en âge scolaire le savent parfaitement puisqu’ils doivent fournir à chaque rentrée scolaire une attestation en ce sens de leur assureur, que ce soit en cas d’accident, ou en cas d’acte volontaire.

S’agissant de l’éventuelle responsabilité pénale que pourraient encourir les parents d’enfants condamnés pour des actes de violences ou de dégradations, on peut affirmer d’emblée que ce projet n’a aucune chance d’aboutir, compte tenu du principe juridique français d’individualisation de la peine pénale.

Tout cela pour dire que l’on ne peut que s’étonner de ces déclarations gouvernementales aussi juridiquement infondées que médiatiquement opportunistes, et se demander comment faire confiance à des responsables politiques qui, sur un sujet de cette gravité, ignorent la réalité du droit civil et du droit pénal de leur pays, ou tout simplement ne s’expriment plus que dans un unique but populiste.

Parallèlement, pour lutter contre la violence véhiculée par les réseaux sociaux, le gouvernement a évoqué le projet de « régulation des écrans », une sorte de « bannissement numérique », qui permettrait de suspendre pendant six mois un compte diffusant du contenu violent ou incitant à la violence. On peut réellement s’interroger sur les moyens qu’il faudrait mettre en œuvre, notamment vis-à-vis des GAFAMA, pour parvenir à un tel contrôle !

Pour combattre un peu mieux la délinquance, il conviendrait de mieux implanter les services d’enquête sur le territoire. Le président de la République a récemment dévoilé la carte des 238 nouvelles brigades de gendarmerie qui devraient voir le jour d’ici à 2027. La grande nouveauté opérationnelle réside dans les 145 brigades mobiles, dotées d’environ six gendarmes chacune, qui se déplaceront en camion.

Pour les élus locaux concernés, cette annonce est « une bonne nouvelle » car cela faisait longtemps qu’ils réclamaient une présence accrue sur leur territoire de gendarmes, en dehors de la période estivale, une mesure indispensable permettant de faciliter la vie des élus et de l’ensemble des citoyens dans les zones rurales. Encore faut-il que les communes, qui auront la charge financière de construire les bâtiments, en aient les moyens ! On sait que les projets de cette nature, ces dernières années, n’ont pas trouvé de financements, les budgets des collectivités locales ne le permettant pas.

Les terrains sont trouvés, les plans sont arrêtés, des sommes non négligeables sont dépensées en études et travaux préparatoires, mais au final le projet capote faute de budget pour financer la construction elle-même. Qui plus est, du fait de l’inflation qui touche l’économie française depuis la fin de l’année 2022, de nombreux projets sont devenus trop chers et doivent être abandonnés. « Le coût des matériaux a explosé, c’est vraiment dû à l’inflation. Il faut être responsable et donc on a décidé d’arrêter le projet », disent de nombreux élus. Les coûts de construction d’une gendarmerie varient entre 2 et 4 millions d’euros, et les communes ne peuvent pas suivre.

Le problème est donc sérieux ! L’État lance, avec un effet d’annonce, un projet de création de près de 250 brigades de gendarmerie pour répondre à des besoins attendus de sécurité dans le pays, mais il n’entend pas financer les bâtiments. Quand un projet est validé, il s’engage à financer les soldes des militaires et leurs équipements. Mais ce sera aux collectivités territoriales de financer le projet, si elles y arrivent, par un partenariat Public/Privé et de payer la construction des bâtiments qu’elles loueront ensuite à l’État, ou à un fonds privé. De nombreux élus locaux en sont révoltés et trouvent le procédé « scandaleux ». Ils notent que l’organisme privé payé par la commune va s’enrichir sur son dos, tout ça pour organiser un service régalien.

L’État doit mieux gérer l’argent public

Le président de la République a fait de la baisse de la pression fiscale une des mesures phares de son action. Il a récemment affirmé que la baisse des impôts sur le revenu démontrait la réalité de son engagement. C’est dans le même esprit que le gouvernement a supprimé progressivement la taxe d’habitation pour les résidences principales, l’occasion pour le président de se satisfaire de cette baisse annoncée de la pression fiscale.

Toutefois, les citoyens, qui savent compter eux aussi, se sont rendus compte qu’à la disparition de la taxe d’habitation correspondaient des hausses, inégales selon les communes, des taxes foncières, ce qui fait qu’à leurs yeux, la pression fiscale, plutôt que de diminuer, augmenterait pour nombre d’entre eux.

Par une pique virulente à la télévision, le président de la République a rejeté l’entière responsabilité de la hausse de la taxe foncière, cette année, sur les élus locaux. Une attaque en règle qui a été jugée « irrespectueuse » par les maires interrogés sur cette question, surtout quand ils font partie de ceux qui n’ont pas touché à ce levier fiscal. L’attaque présidentielle a donc froissé les élus locaux.

« Quand vous avez votre taxe foncière qui augmente, ce n’est pas le gouvernement. C’est votre commune qui le décide. Et c’est un scandale quand j’entends des élus qui osent dire que c’est la faute du gouvernement. » Cette déclaration du président de la République, qui souhaitait rappeler que son gouvernement a mené la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance TV, a beaucoup fait réagir. En particulier chez les élus, de tous bords politiques.

En réalité, « 85 % des communes ont fait le choix de ne pas augmenter les taux ». Et le président de l’association des maires de France a vertement répliqué : « L’État a nationalisé les impôts locaux […] faisant reposer la fiscalité des communes sur un seul impôt. Ces nationalisations n’ont pas été compensées comme elles devaient : les collectivités y perdent alors qu’elles assurent des services essentiels […] »

En faisant une telle déclaration, le président de la République n’a pas dit clairement les choses et a présenté la réalité du calcul de la taxe foncière 2022 de façon tronquée. Car la « base imposable » reprise sur les avis d’impôt est revalorisé chaque année selon un coefficient basé sur l’inflation, est en 2023, selon la formule de calcul qui a débouché sur une hausse applicable au niveau national, de 7,1 %. Certes, le gouvernement n’a pas choisi d’augmenter de 7,1 % les bases de calcul de la taxe foncière, mais il a, en revanche, choisi de ne pas empêcher cette hausse automatique, indexée sur l’inflation. Les élus locaux ont donc été nombreux à souhaiter rétablir la vérité ! Mais là encore, le système est dévoyé, car les ressources des communes, reposent une fois de plus sur la taxation alors qu’il y a, sans aucun doute, possibilité de créer des revenus en « commerçant ». Pour cela il faudrait que les mentalités changent (ainsi que les textes), et que les institutions locales et régionales apprennent à « monétiser » leurs « richesses », à l’image du secteur privé.

Les risques d’implosion du système

Nous vivons dans une économie de marché, dans laquelle il ne faudrait pas confondre la « social-démocratie » avec le « social-libéralisme ». L’entreprise a un intérêt social qui dépasse largement le seul intérêt des actionnaires. Dans cet esprit, il faut donc enfin mettre en pratique la thèse d’un capitalisme socialement responsable.

Sinon, à poursuivre dans ce sens, en reniant les valeurs de la République et les fondements historiques de la démocratie, on va droit à la catastrophe ! Il faut faire quelque chose ! Mais ceux qui sont aux commandes et qui laissent les choses se désagréger depuis des décennies semblent vouloir ne rien faire. Parce qu’ils pensent que tout va bien comme ça ! Sans se rendre compte qu’ils scient la branche de plus en plus fragile sur laquelle ils tentent de rejoindre les cimes les plus hautes.

De quels choix disposons-nous ? Soit, on agit et si le peuple agit, il faut craindre les ondes de choc. Soit, on ne fait rien, alors, il faut en craindre d’autres ! En se voulant utopique, on pourrait espérer que la réponse soit celle des urnes ! Mais l’exemple du recours devenu systématique à l’article 49-3 peut désespérer de la réussite de l’action citoyenne du fait du « mauvais » vouloir des dirigeants, trop préoccupés à s’enrichir et à naviguer à vue, dans un discours récurrent de démagogues. Le désordre, déjà patent, de la mécanique démocratique risque de provoquer des incertitudes supplémentaires et donner des résultats qui ne feront que démultiplier la parcellisation des partis, en offrant aux électeurs le choix entre deux populismes, RN et LFI. Et dans ce cas-là, ce sera le mélodrame, dans un contexte désastreux de fractures antagonistes.

Ce sera, par exemple, d’ouvrir largement la porte à l’islamo-gauchisme, puis à l’islamo-fascisme, avec le risque de prise de pouvoir de l’islam sur une France déjà largement tributaire des pays producteurs d’énergie fossile et des autres financiers clandestins qui ont déjà acquis de nombreuses richesses économiques et culturelles du pays.

On ne se pourra sans doute pas sortir d’un tel imbroglio sans une révolution, et un bouleversent des règles constitutionnelles ! De toute évidence, la constitution de la Ve République, élaborée sur la base d’une personnalité hors norme, tant pas sa vision stratégique que par son honnêteté républicaine, n’est plus adaptée à un monde d’affairistes et de profiteurs. Et, en dépit des textes qui ont été élaborés durant ces dernières décennies, comme les Lois Sapin, notre pays est insidieusement gangréné par la corruption et la prévarication.

La dernière « invention » du gouvernement pour lutter contre les rassemblements nocturnes de jeunes délinquants et éviter les débordements qui ont provoqué d’intenses dégradations dans les centres-villes, on l’a vu dans cette chronique, a de quoi faire rire ! D’abord les juristes, avocats et magistrats, ensuite les citoyens qui ne sont pas dupes. Mais le plus grand risque est celui que nous mesurons à chaque élection nationale, c’est la montée des extrêmes et la prise potentielle du pouvoir par le RN. Il faut se souvenir que le résultat étriqué de l’élection de l’actuel président de la République s’explique notamment par un taux élevé d’abstention.

Le deuxième risque ressort de la répartition actuelle des forces de l’opposition. Une prochaine élection, sans un chef de file héritier de l’actuel majorité, risque d’aboutir à une opposition entre ces deux partis considérés comme extrémistes, RN et LFI, ce qui créerait un pays quasiment ingouvernable, l’un et l’autre opposant pouvant user de surenchères dans la provocation et dans le recours aux manifestations anti-démocratiques.

Ce que le pays a connu depuis plusieurs années, quand la moindre manifestation sociale finit par être gangrénée par l’irruption de provocateurs violents, pseudo-anarchistes, mais surtout véritables professionnels du désordre, risque de précipiter le pays dans une sorte de révolte rampante et incontrôlable, d’autant plus que les services de l’État (police et justice) sont désormais accusés de ne pas être à la hauteur des enjeux.

Une telle situation propice à la révolte pourrait déboucher sur une période révolutionnaire remettant en cause les institutions telles qu’elles sont définies par la Constitution du 4 octobre 1958, voire déboucher sur des scènes portant tous les germes et tous les ferments d’une guerre civile. Car nous avons perdu les repères du temps passé qui traçaient les frontières entre droite et gauche. La gauche française n’a plus de cohérence et n’a plus la moindre chance d’accéder au pouvoir. Cette situation est grave pour notre démocratie affaiblie, notre société fracturée, notre économie en déclin, nos finances publiques déficitaires. Or, seule une gauche de gouvernement, animée des principes de liberté et d’égalité, aurait eu, sur les bases de ses valeurs perdues, la capacité de relever de tels défis.

La marque la plus visible de l’affaiblissement de notre démocratie est la monopolisation croissante d’un pouvoir accaparé par une élite d’oligarques sociologiquement homogène et restreinte. Aujourd’hui, dans l’État jacobin comme dans les entreprises, le pouvoir réel et la distribution des richesses sont captés par une minorité réduite qui méprise le peuple.

Des solutions citoyennes et entrepreneuriales

Le président de la République exerce en France un pouvoir de plus en plus centralisé. Cette évolution, continue depuis plusieurs années, a été fortement accélérée par l’adoption du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral qui a ramené l’Assemblée nationale à un simple rôle de chambre d’enregistrement. La première réforme à envisager serait de revenir au septennat présidentiel tout en conservant le rythme des élections législatives tous les cinq ans.

La seconde réforme serait de redonner enfin du pouvoir aux territoires éloignés de la capitale, ce que le Sénat aurait pu et dû faire s’il n’était pas devenu au fil des années un cercle fermé de pouvoir pour les notables. Il faudrait pour cela agir en refondant totalement les conditions de la décentralisation, par un système nouveau et simplifié, redonnant enfin à chaque échelon territorial l’ensemble des compétences (avec les moyens nécessaires) qu’il peut légitimement exercer, au plus près des citoyens. Il faut donc repenser les transferts de budget et optimiser la mise à disposition de l’aide financière de l’État aux territoires, afin que ces derniers en aient la libre utilisation, avec un objectif désormais devenu prioritaire, celui de créer de la valeur !

On a noté que l’exécutif manquait à l’évidence d’une stratégie à long terme. Il conviendrait d’abord que ce dernier cesse d’agir en réactivité aux faits divers ! Il faut désormais que soient posées enfin les bases d’une action cohérente de l’État, naguère stratège, en définissant une feuille de route fondée sur les valeurs de l’entrepreneuriat. Pourquoi, par exemple, avoir abandonné le Commissariat au Plan ? La France est passée brutalement d’une économie planifiée à la libre entreprise, et les résultats n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Une savante réorganisation entre le public pour les missions régaliennes de l’État et le privé pour ce qui concerne la recherche technologique et la production de biens et de services apparaîtrait opportune. On en peut plus en effet, « naviguer » à vue, il faut une politique de croissance et d’investissements, à l’aune des enjeux de ce XXIe siècle et non à horizon « quinquennal ».

Comme je l’ai déjà indiqué dans mes chroniques, il faut « dégraisser le mammouth » et ramener la « suprastructure étatique » à un niveau qui soit cohérent avec la situation de la dette publique. Notre pays dispose d’une administration d’État de qualité. Il faut l’utiliser, et arrêter de faire appel, par le biais de contrats privés signés avec des sociétés de conseils internationales, pour faire fonctionner les missions régaliennes. Une meilleure gestion de l’administration et une nouvelle responsabilisation de la fonction publique m’apparaît indispensable.

Symétriquement, ce travail de réduction des coûts doit être également opéré au sein des collectivités territoriales (Régions, Départements, etc.) pour une meilleure adéquation entre services et charges pour les administrés. Dans de nombreuses communes, les élus se battent avec de faibles moyens, beaucoup d’engagement personnel et de bonne volonté, tandis que, dans d’autres lieux, les élus se comportent en véritables petits barons à la recherche de pouvoirs et de profits, au détriment des populations que l’on estime juste bonnes à payer des impôts inacceptables.

En conclusion

Il faut engager des réformes ! Si on en a le courage, mais l’aura-t-on ? Réformer, c’est trouver des solutions aux difficultés rencontrées, de manière progressive, systémique et systématique. Plus que jamais nous avons besoin de vrais réformateurs pour établir puis mettre en œuvre dans le temps un plan d’action digne de ce nom.

Une démocratie qui n’est plus capable de résoudre ses problèmes est vouée à disparaître. Edgard Faure, ancien Ministre et Sénateur, aimait d’ailleurs à rappeler que « La France est toujours en avance d’une révolution parce qu’elle est en retard d’une réforme ».

Il faut renouer avec l’espoir d’une France réformiste, installée sur la voie de la guérison. Elle a existé, elle s’est collectivement rebâtie au siècle dernier après deux guerres aussi effroyables que dévastatrices, elle peut et elle doit renaître ! Car c’en est fini de l’État Providence ! 3.000 milliards de dettes, cela doit suffire comme motivation ! Est-ce là le tribut que nous allons laisser aux générations futures ?

Notre pays doit demeurer indépendant et pour cela, il doit retrouver sa capacité à être autonome financièrement. Il ne doit pas dépendre de pays qui auraient pour seule ambition de nous déposséder de notre culture et de nous imposer la leur ! Je ne suis pas certain que ceux qui sont tombés au combat pour préserver notre liberté, apprécieraient la vassalité actuelle de notre « belle France », désormais sous la tutelle de quelques nations ambitieuses.

La France portait le projet « Europe » au début des années 60, elle était un acteur majeur et un leader respecté. C’était il y a plus de 40 ans ! Depuis lors, les temps ont changé et notre aura a décliné au fil des décisions « mégalomanes » de certains de nos dirigeants ! Et désormais notre parole ne compte plus vraiment sur l’échiquier international. Nos relations délabrées avec les pays du continent africain en sont le bon exemple.

Que dire de cette politique de « communication » qui remet en cause notre histoire et nos valeurs judéo-chrétiennes ?

Si nous voulons réussir « notre révolution » et si nous voulons redresser la tête, inspirons-nous de nos ainés, redonnons à la « valeur travail » la place qui doit être la sienne ! Ne leurrons plus les citoyens en leur promettant de vivre mieux sans aucun effort ! À l’époque des jeux du cirque, on jetait du pain au peuple de Rome pour avoir la paix ! Les temps ont changé, c’est désormais à coups d’aides que l’on nourrit le peuple ! Glorifions l’effort et non l’oisiveté et la paresse !

Bernard Chaussegros


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