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Pourquoi la bataille des droits télé est vitale pour le football français

Entreprendre - Pourquoi la bataille des droits télé est vitale pour le football français

C’est maintenant officiel, la LFP a mis à prix les droits audiovisuels de la Ligue 1 ainsi que de la Ligue 2 pour la période 2024-2029, en espérant obtenir un minimum de 825 M€ par an rien que pour la première division, soit près de 20% de plus que lors du précédent accord. Ne nous ne leurrons pas, cet appel d’offres n’est pas stratégique, il est quasiment vital si on veut s’éviter un cercle vicieux et regagner « notre » 5e place à l’indice UEFA.

Les droits audiovisuels : cet ami qui vous veut du bien

Ayant généré 2,026 milliards d’euros lors de la saison 2021/2022, la Ligue 1 peut se vanter d’avoir enregistré la plus forte croissance de revenus cumulés par rapport à l’exercice précédent, soit 26%. Des résultats dont il faudrait à priori se réjouir, mais il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. En effet, l’élite du football français est à la traine par rapport à ses concurrents du Big 5 que sont la Premier League (6,642 Mds €), LaLiga (3,227 Mds €), la Bundesliga (3,149 Mds €) ou encore, dans une moindre mesure, la Serie A (2,350 Mds €).


Un écart colossal, qui trouve son explication dans la faiblesse des sommes générées par les droits audiovisuels au sein de notre championnat. Au cours de la saison 2021/2022, ceux-ci représentaient en moyenne 53,5% des revenus des clubs du « Big 4 », tandis qu’en Ligue 1, elles n’étaient que de 36%. L’avantage étant que l’on sait où la France dispose d’une véritable marge de progression, l’inconvénient étant notre capacité réelle à y remédier et les conséquences directes sur la compétitivité de nos clubs. Il est d’ailleurs possible de faire un parallèle entre le classement des championnats du Big 5 en termes de revenus et celui des pays réalisés par l’UEFA, qui sont pour ainsi dire quasi-identiques.

Si l’afflux d’argent ne garantit pas de meilleurs résultats, l’absence de budget est clairement un handicap pour qui veut avoir une ambition continentale. Car des revenus plus faibles empêchant non seulement nos clubs de réellement se démarquer sur le marché des transferts, mais les condamnant également à laisser partir leurs plus grands talents vers d’autres championnats, à l’exception du Paris Saint-Germain depuis maintenant une décennie. À l’inverse, de bons parcours dans les différentes coupes d’Europe représentent une opportunité pour valoriser des joueurs et enregistrer des « ventes au prix fort ».

En raison de sa stratégie de recrutement au cours de ces dernières années, ayant consisté à attirer des joueurs toujours plus « marketable », au détriment de leur apport sportif, à l’image d’un certain Lionel Messi pour ne prendre en compte que l’exemple le plus récent, le PSG est effectivement parvenu à développer son image dans le monde entier, et par extension celle de la Ligue 1. Paradoxalement, si notre championnat n’a jamais été aussi exposé à l’étranger, l’impact sur les droits TV internationaux est resté bloqué à 85 millions d’euros.

Fragilisés à la fois par la crise COVID et le crash de Mediapro, les clubs français sont « TV dépendants ». Or la relation devenue conflictuelle entre Canal + (diffuseur historique du championnat) et la Ligue de Football Professionnel (LFP) et le report de l’appel d’offres de la ligue italienne sont de nature à inquiéter de nombreux observateurs.


Coup pour coup et maintenant, balle au centre ?

Pour rappel, le dernier accord adopté par le Conseil d’Administration de la LFP concernant la vente des droits audiovisuels pour la période 2021-2024 était de 663 M€ par saison. Canal + avait initialement accepté de verser 332 M€ pour deux matches seulement par journée de Ligue 1, tandis qu’Amazon déboursait de son côté 250 M€ pour les 8 aitres rencontres, ainsi que 9 M€ pour la Ligue 2. Free et beIN Sports avaient quant à eux déboursé 42 M€ (droits quasi-direct/ VOD) et 30 M€ (Ligue 2).

Une somme bien inférieure aux 1,217 milliards d’euros espérés en marge de l’accord avec Mediapro, ayant finalement tourné au fiasco, mais surtout, inférieure à ce qu’avait versé Canal + pour la période 2016-2020, soit 748,5M€, lui ayant permis à l’époque de remporter l’essentiel des droits TV pour la Ligue 1 et la Ligue 2.

Côté candidats, l’entente entre la Ligue 1 et Canal + n’étant pas plus au beau fixe aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2021, ce sont les médias OTT qui pourraient avoir une carte à jouer, en particulier Amazon. La question du montant peut toutefois se poser, la mise à prix du « lot 1 », lequel garantit de disposer des meilleures affiches, est de 530 M€, tandis que le second lot, concernant des affiches et créneaux horaires bien moins attractifs, ne sera pas cédé pour moins de 270 M€.

S’il est difficile d’imaginer le géant américain doubler sa mise actuelle, à plus forte raison quand l’intérêt médiatique du championnat devrait chuter à la suite du départ de Messi, Neymar Jr et Ramos sans compter celui, éventuel, de Kylian Mbappé lors de la saison prochaine, la tactique de Vincent Labrune, ancien président de l’OM et actuel président de la LFP a été de provoquer une mise en concurrence entre les acheteurs potentiels. D’abord, il a obtenu un allongement de la durée d’exploitation impliquant un long tunnel sans football local pour 5 ans. Ensuite, la réduction du nombre de lots devrait engendrer une concentration des moyens. Enfin, le mécanisme des enchères va favoriser la surenchère.

Relativement méconnu en France, DAZN, ce Netflix du sport made in UK pourrait bien y voir une opportunité de s’implanter encore plus au sein de l’Hexagone, au moins pour le lot 2. Quant au lot 1, notons que le prix de réserve a été fixé à 530 M€, soit 10 M€ de moins que ce qu’avait proposé Canal+ lors du précédent appel d’offres.

Pour ce qui est de beIN SPORTS, réseau de chaines qatari présidé par un certain Nasser Al Khelaïfi, le groupe a fait savoir récemment que le nouveau système simplifié d’appel d’offres allait « dans le bon sens », reste à savoir si les tarifs seront jugés acceptables.

Reste que pour motiver Amazon à doubler la mise ou à inciter Apple par exemple à entre dans la danse, il autait été intéressant d’intégrer les droits internationaux ou de supprimer la notion de territorialité pour des acteurs en capacité d’exploiter ce type de droits au-delà du marché local.

Ainsi, au-delà des spéculations, l’objectif n’est pas uniquement de tourner la page Mediapro en trouvant de nouveaux partenaires fiables, mais de parvenir à rebondir et renforcer les finances d’un championnat à la traine par rapport à ses principaux concurrents européens.

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