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À Perpignan, le chocolatier centenaire Cémoi ouvre son capital

L’augmentation de capital est bien programmée. Cémoi, premier chocolatier français avec 3700 collaborateurs et 750 M€ de CA veut ouvrir son capital pour mettre les bouchées doubles en croissance externe. Une petite révolution !

Entreprendre - À Perpignan, le chocolatier centenaire Cémoi ouvre son capital

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L’augmentation de capital est bien programmée. Cémoi, premier chocolatier français avec 3700 collaborateurs et 750 M€ de CA veut ouvrir son capital pour mettre les bouchées doubles en croissance externe. Une petite révolution !

Si vous aimez le chocolat, il y a de fortes chances que vous ayez déjà goûté aux produits du groupe Cémoi au fil des années. Tablettes, chocolats de Pâques ou de Noël, petits oursons et autres gourmandises sont présents depuis des lustres sur les rayons de la grande distribution, en partie sous marque Cémoi, en partie sous marque distributeur. Le groupe dispose également d’une forte activité en tant fournisseur de cacao industriel pour les chocolatiers professionnels. Si vous parlez à un Catalan « du Nord », c’est-à-dire à un habitant des Pyrénées-Orientales, il vous citera certainement parmi les pépites économiques de la région ce chocolatier qui fait la fierté de Perpignan où il a gardé son siège social.

Plus de 200 ans d’histoire

Le groupe fait partie de ces belles histoires de l’agroalimentaire basées sur l’entrepreneuriat et la force familiale. C’est en effet en 1814 que Jules Pares construit près de Perpignan l’une des premières fabriques de chocolat, mais c’est Léon Cantaloup qui sera l’artisan du déménagement sur Perpignan et du premier développement de l’entreprise avec son associé. Cantaloup-Catala, voici qui sonne encore aux oreilles des anciens.

L’ère de la famille Poirrier

Georges Poirrier rachète l’usine en 1962, à son retour d’Afrique du Nord. Il est à l’origine de l’essor de la société et de la formation du groupe. En effet, comme d’autres entrepreneurs de l’époque, il va avoir l’intelligence de prendre en marche le train de la nouveauté, avec la naissance des supermarchés et des hypermarchés, et va très rapidement leur proposer des produits à leur marque dès qu’ils commenceront à s’engager dans cette voie. Dans le même temps, il procède à de multiples rachats d’usines et de marques, en France, mais aussi en Allemagne, en Espagne, puis en Grande-Bretagne. A partir de 1989, son fils Jean-Claude poursuit sur cette lancée d’acquisitions commencée par le père. C’est lui qui mettra en place l’intégration verticale du groupe avec la construction d’une usine de trituration des fèves de cacao en Côte d’Ivoire. Très discret, il met en place son fils aîné, Patrick, à la succession avant de se retirer à 60 ans.

Patrick Poirrier, « Mister Cacao »

La génération suivante est donc représentée par Patrick Poirrier. Il a notamment dirigé le site de Côte d’Ivoire et connaît la filière comme sa poche. A son tour, il procède à plusieurs rachats, décide de la construction de la nouvelle chocolaterie au nord de Perpignan, lance des produits bio-équitables, ainsi que le programme Transparence Cacao, qui assure entre autres la traçabilité de 100% des approvisionnements du groupe. Avec lui, l’entreprise s’aventure hors d’Europe avec notamment la fabrication de poudre de chocolat et de pâte à tartiner pour l’Afrique de l’Ouest et le rachat d’une entreprise aux Etats-Unis.

Coup de tonnerre en Roussillon !

L’année 2020 sera à marquer d’une pierre blanche pour Cémoi. Non seulement de par la crise sanitaire, mais aussi parce que l’entreprise fêtait les 100 ans de la marque dont le groupe porte le nom. Et voici qu’à présent, Patrick Poirrier a lancé une petite bombe dans l’univers du chocolat en annonçant l’ouverture de son capital à un ou des investisseurs extérieurs à la famille. L’information a d’abord fuité avant d’être confirmée par son dirigeant de 49 ans. Le premier chocolatier français serait-il à vendre ?

Une ouverture de capital annoncée

Une réflexion nécessaire était déjà en marche depuis quelques temps, Patrick Poirrier étant le premier à savoir que si le groupe familial solide avait atteint une taille déjà considérable, devant lui se dressaient des géants mondiaux. Le groupe dit avoir initié une réflexion stratégique sur le sujet dont la conclusion est que le seuil maximal de développement avait été atteint pour une structure familiale. En effet, la famille dispose toujours à ce jour de 100% du capital et attend à présent « la réaction des investisseurs potentiels ».

Mais attention, ce serait mal connaître le dirigeant que de penser qu’à l’aube de ses cinquante ans, il souhaite vendre purement et simplement. En dépit de sa discrétion légendaire, il est fort probable que Patrick Poirrier souhaite que la famille reste majoritaire afin de pouvoir garder les mains libres en termes de développement stratégique. A suivre donc…

Des capitaux extérieurs pour grandir

On évoque fréquemment le manque de licornes françaises en France. En agroalimentaire, la France dispose d’ETI qui pour devenir des géants à l’aune de leurs concurrents mondiaux ont besoin de s’ouvrir à des capitaux extérieurs, souvent étrangers. Le monde de la technologie et de la start-up n’est pas le seul qui soit attractif. Ces sociétés ancestrales de l’agroalimentaire qui ont su conquérir au fil du temps une place au niveau international doivent plus que jamais être considérées comme des trésors économiques nationaux ; aujourd’hui plus qu’hier.

Pour célébrer le centenaire de sa marque en 2020, le groupe Cémoi affiche le slogan « 100 ans, c’est un tournant, un moment unique. ». Pas sûr que le service marketing savait au moment où il a écrit cette phrase que cela serait on ne peut plus vrai ! Et cela au moment même où le groupe Ferrerro (Nutella) annonce un investissement de 42 Me pour augmenter ses capacités de production et de stockage en Normandie. La bataille du chocolat ne fait que commencer.

E.S.


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