Les plus grands entrepreneurs ne sont pas toujours les plus diplômés ou argentés au départ. C’est même souvent l’inverse. Prenez Kenny Salem. À 16 ans, celui-ci quitte l’école et se fait embaucher dans une boîte de fibre optique alors en plein essor. Très vite, ce fils d’Argenteuil en région parisienne comprend qu’il y a quelque chose à faire avec les réseaux sociaux.
En quelques mois, il devient l’influenceur leader du secteur de la fibre et sa petite affaire experte en infrastructures numériques « Les Fibreux » réussit à réaliser aujourd’hui 2 millions d’euros de chiffre d’affaires à Saint-Ouen en proposant des formations, des accompagnements et des ventes de produits de fibre optique. Aussi, quand il décide de basculer vers les bornes de recharge électriques, sa petite communauté de petits entrepreneurs ne tarde pas à le suivre.
Plus d’un million d’euros sont même levés sur Instagram pour prendre 10 % de sa nouvelle affaire « Borne For You », société chargée d’installer chez les particuliers les bornes de recharge électrique. Le marché est exponentiel. « Il y a un million de véhicules électriques en circulation en 2023, il y en aura 8 en 2030. Or, il n’y a que 100 000 bornes installées à domicile, alors qu’elles s’avèrent 6 fois moins chères que les publiques! » On est loin des 240 millions levés par le leader ZePlug, startup fondée par Nicolas Banchet, qui vient aussi de mettre la main sur son concurrent Borne Solutions pour privilégier l’installation de bornes en bas des immeubles de bureau ou d’habitation.
Borne For You dispose de moins d’argent mais s’appuie sur un solide réseau d’installateurs sur tout le territoire. Un maillage qui pourrait faire la différence… Avec son partenaire breton Yann Dacquay, ex-publicitaire de 52 ans, qui vient de revendre son agence digitale Evolve (8M€, 52 personnes) à Becoming Group ; la complicité est de mise. Écoutez-les sur EntreprendreTV.
Prof à Hec, Yann est convaincu de pouvoir amener la jeune PME à 100 millions de CA dans les cinq ans. Et surtout ne leur parlez pas de start-up, Kenny Salem est formel et le reconnaît sans forcer : « je n’avais ni les codes, ni les réseaux pour lever les fonds. On ne m’a jamais appris à pitcher. Ce n’est pas si grave. Le plus important pour une jeune entreprise, c’est de pouvoir transformer un centime d’investissement en un euro de chiffre d’affaires. »
Le discours résonne fort au Flandrin précisément au moment où, à l’autre bout de Paris, à l’Accor Arena de Paris Bercy, le patron de Bpifrance, l’excellent Nicolas Dufourcq s’escrimait à rappeler à ses poulains de la French Tech lors de BiG 2023, devenu le plus grand rassemblement business d’Europe, que la rentabilité était bien l’oxygène des jeunes pousses.
On revient de loin. Chez Borne For You, pas la peine de se remémorer les fondamentaux, ceux-là viennent de la base. D’ailleurs, ils auraient très bien pu s’appeler « Born to be alive! » tant ils savent bien d’où ils viennent…
Robert Lafont
