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Simon Porte Jacquemus, le nouveau couturier que l’on s’arrache

Entreprendre - Simon Porte Jacquemus, le nouveau couturier que l’on s’arrache

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Le couturier Simon Porte Jacquemus a su devenir incontournable dans le milieu de la mode parisienne. Il sait marquer les esprits à chaque défilé.

Simon Porte, de son nom de naissance, séduit tous les amoureux de la mode sans exception. Originaire de Salon-de-Provence (non loin d’Arles, la ville d’un autre grand couturier du Sud en la personne de Christian Lacroix), il grandit dans une famille française classique et rurale. Ses parents sont agriculteurs, la nature est très présente dans l’enfance, les vêtements également.

C’est un drame qui va le pousser à creuser sa voie dans la mode, ce chemin qu’il avait commencé à emprunter en fréquentant les cours de l’ESMOD, l’École supérieure des arts et techniques de la mode, pour l’abandonner. La mort de sa mère alors qu’il n’a pas vingt ans le pousse soudainement à créer sa marque, Jacquemus, en référence au nom de jeune fille maternel. Une démarche folle, mais qui répond à un besoin lui permettant de lutter dans ce moment difficile.

PEU DE MOYENS, MAIS DE L’IMAGINATION

Comme bien d’autres lors des débuts, Simon Porte Jacquemus crée ses vêtements et cherche à se faire connaître. Avec l’audace de la jeunesse, et faute de contact au sein de l’univers de la mode, il appelle au secours ses amies pour porter ses créations et organiser des sortes de happenings qui font le buzz. Son culot paie, il est invité à présenter son travail à la Fashion Week parisienne alors qu’il n’a que 22 ans.

Il avait tout pour plaire, ce jeune homme qui se lançait dans un milieu aussi fermé sans investisseur à ses côtés, sans mentor, sans même avoir travaillé auparavant dans une grande maison de couture. Enfin, presque, car il a un soutien dans le milieu, celui du dirigeant de « Comme des Garçons » Adrian Joffe, devenu un ami. Il met en avant des tenues simples, mais avec un twist original permettant d’identifier un style. Les prix sont suffisamment attrayants pour lui ouvrir les portes de boutiques bien connues.

2015, PRIX LVMH

Ce prix international va marquer une véritable reconnaissance. Sa spécificité est déjà reconnue, il est provincial, et surtout du Midi comme l’on disait dans les films de Pagnol. Sa façon de travailler est simple, il part d’une idée, d’un nom et commence à travailler sur une collection, comme pour « les santons de Provence » ou le « souk » où les couleurs, la lumière ont une place prépondérante.

Le créateur trace sa voie avec sérénité, simplicité, d’abord facile, à rebours des habitudes du milieu plutôt habitué aux egos torturés. Peut-être le fait d’être jeune, séduisant, plutôt heureux, jeune marié (il a épousé Marco Maestri il y a trois ans, les invités en Jacquemus, un défilé dans la joie) dans un monde dont le symbole est le défilé de mannequins à l’expression triste et fermée et où le sourire est banni. Peut-être est-ce aussi l’une des raisons pour lesquelles la clientèle l’adore.

SANS COMPLEXE

Simon Porte Jacquemus n’a pas de raison de ne pas se sentir à sa place. Cela aurait pourtant pu être le cas, car le milieu de la mode, comme quelques autres, n’est pas toujours très ouvert aux nouveaux venus, surtout lorsque l’on arrive de province. Chacun sait qu’il a créé sa marque en référence à sa mère, il assume, il aime le sud et l’affiche, il est un homme de son temps, dont les origines sont le socle.

À l’aise sur les réseaux sociaux avec ses quelques 5,4 millions de fans sur Instagram, il voue un culte aux actrices. En réalité, le public s’étonne de voir une personne aussi douée se lancer avec spontanéité, dans l’inconscience de la jeunesse, et qui n’a pas perdu pied. Du moins jusqu’à présent. Il a une réponse à cette question. S’il garde les pieds sur terre, et que l’argent ne lui a pas tourné la tête, c’est grâce à une enfance comblée d’amour, qui lui a donné cette belle confiance.

UNE MODE EN PLEINE EVOLUTION

Simon Porte Jacquemus a commencé, brillamment, avec les moyens du bord. Au fil du temps, il a fait évoluer son style, allant explorer de nouvelles pistes comme l’homme ou les accessoires. Parfois très cash, il a le mérite d’éviter l’hypocrisie. Peut-être Jacquemus est-il le représentant d’une nouvelle mode qui s’appuie à la fois sur des valeurs traditionnelles, comme la famille, sur la modernité, l’enthousiasme, l’énergie du créateur-entrepreneur.

Mais aussi sur la tendance du clean, et non pas de l’aseptisé. Avec cette image de jeune homme sportif et sain, qui partage son mariage sur Instagram, on s’éloigne du passé où les plaisirs artificiels faisaient les beaux jours de bien des créateurs, pour qui ce domaine artistique élitiste et parisien rimait forcément avec une vie « sex, drug and rock’n roll ». Jacquemus est plus qu’une nouvelle griffe, c’est aussi tout un univers à lui seul.

Alice Drout


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