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Rodrigo Basilicati : que va faire l’héritier de Cardin ?

Rodrigo a fort à faire depuis le décès de son grand-oncle, Pierre Cardin, le couturier aux doigts d’or devenu empereur du luxe. L’ingénieur- designer de 50 ans va devoir se transformer en patron créatif et polyvalent. D’autant plus qu’ils sont nombreux les groupes (de LVMH à Kering) à lorgner sur le pactole.

Jana Call me J/ABACAPRESS.COM

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Rodrigo a fort à faire depuis le décès de son grand-oncle, Pierre Cardin, le couturier aux doigts d’or devenu empereur du luxe. L’ingénieur-designer de 50 ans va devoir se transformer en patron créatif et polyvalent. D’autant plus qu’ils sont nombreux les groupes (de LVMH à Kering) à lorgner sur le pactole.

Rodrigo Basilicati est un inconnu pour le grand public. Pourtant, il est né sous une bonne étoile, avec dans la famille, un grand-oncle hyperdoué qui lui a laissé un bel héritage, à commencer par un nom devenu une marque internationale. Il se doit d’être à la hauteur, car Pierre Cardin a cumulé les talents, conjuguant sens artistique et des affaires, un cocktail assez rare et détonant.

Une relation tardive et filiale

Rodrigo Basilicati, le petit-neveu italien de Pierre Cardin a rencontré ce membre éminent de sa famille assez tardivement, à 25 ans. Mais depuis lors, leur relation n’a cessé de s’approfondir, permettant à Pierre Cardin de choisir la personne en charge de sa succession au sein même du giron familial. On l’oublie parfois, mais le nom de naissance de Pierre Cardin est Pietro Costante Cardin. Cet homme qui a su si bien représenter le chic français à l’international est né en Italie. La relation a eu le temps de s’établir, car Pierre Cardin a vécu longtemps.

Décédé le 29 décembre 2020 à l’âge vénérable de 98 ans, cela a permis aux deux hommes de beaucoup échanger et prévoir l’essentiel. En 2018, le petit-neveu devient directeur général de Pierre Cardin Évolution qui gère les très nombreuses licences signées un peu partout dans le monde. En 2020, il devient président, un processus attendu après plus de 20 ans de collaboration.

La rencontre en 1995

Pierre Cardin et son petit-neveu se sont rencontrés à Trévise au mois de juin 1995. Le couturier français va y recevoir un titre, celui de citoyen d’honneur de la ville. Son frère aîné est présent, venu avec son petit-fils étudiant à la fois en architecture et à l’Académie de musique. Pierre Cardin est conquis par ce beau jeune homme. Il est seul depuis la perte de son compagnon, et est resté sans enfant de sa relation avec Jeanne Moreau. Peu après, il lui propose de venir à Paris, mais le jeune homme souhaite rester en Italie pour ses études. Il va cependant commencer à travailler à distance dans un premier temps en tant que designer.

Pierre Cardin, flamboyant entrepreneur

Il n’y a aucun doute. Le couturier-entrepreneur était incontestablement hyper-doué, il a su créer un empire à partir de la mode, alors que certains créateurs extrêmement talentueux ont bien des difficultés non seulement à percer, mais aussi à résister économiquement sur le long terme. Il a choisi des voies plus commerciales pour assurer l’avenir via la création de licences multiples. Pierre Cardin était aussi un patron omniprésent. Il s’agissait de son entreprise, il en était donc le seul capitaine à bord, très peu enclin à la délégation. Il décidait seul, sans partager son cheminement de pensée, ni ses raisons. Son argent, ses idées, ses succès… ou ses quelques échecs, il a tout assumé, pleinement responsable d’une œuvre et d’un travail qui l’ont passionné jusqu’au terme de sa vie.

Un pionnier hors normes

Pierre Cardin fut un pionnier à plus d’un titre. Dans la mode, dans le prêt-à-porter, avec ses mannequins en provenance du monde entier, sa fascination pour l’espace et l’interstellaire, sa vision novatrice de l’architecture et du design, sa vision multiculturelle. Si la mode, qu’il s’agisse de haute couture, de prêt-à-porter ou d’accessoires, reste l’image centrale de la marque, ce sont les licences qui font véritablement la rentabilité de l’entreprise. S’il y en a eu jusqu’à 700, elles sont aujourd’hui près de 350 dans le monde entier qui génèrent des royalties et permettent de poursuivre l’action.

Rodrigo, ingénieur, designer et pianiste

Rodrigo Basilicati a en commun avec son grand-oncle d’être un homme éclectique. Ce jeune cinquantenaire a plusieurs cordes à son arc, ce qui lui permet d’avoir une vision grand angle. Il a une formation d’ingénieur, mais est aussi un pianiste doué, qui a choisi ensuite d’évoluer vers le design et l’architecture. Un profil qui ne pouvait que plaire à Pierre Cardin. Rodrigo Basilicati a rajouté le nom de sa mère, Cardin à son patronyme. Il a largement eu le temps d’écouter, de discuter, d’échanger avec son mentor, dont le décès n’a pas été soudain. Ce temps si précieux fut l’occasion pour Pierre Cardin de parler longuement à son petit-neveu, de partager sa vision, en particulier en 2020, année de la pandémie.

Une première année d’hommages

Le nouveau dirigeant a consacré sa première année à mettre sur pied différents hommages à Pierre Cardin. Ainsi, un grand défilé à la date anniversaire de la mort du créateur a été organisé, un véritable événement mixant créations nouvelles et inédites. Tous les partenaires de licences ont bien entendu été invités, donnant ainsi une nouvelle dynamique. Rodrigo Basilicati-Cardin joint le souvenir et l’émotion aux affaires, nul doute que Pierre Cardin aurait apprécié, car il tenait absolument à la survie de son entreprise. En présentant les nouvelles créations, son petit-neveu poursuit également l’un des objectifs qu’il s’est d’ores et déjà fixé, le rajeunissement de la marque. Un musée-hommage va également voir le jour au premier étage du siège social situé au 27 avenue de Marigny.

Une feuille de route déjà tracée

La marque Cardin poursuit sur sa lancée. Rodrigo Basilicati-Cardin ne veut pas imiter le passé, il veut s’en inspirer. Cela passera donc par l’exploitation de créations inédites, grâce aux très nombreuses archives de la maison, mais aussi par des créations nouvelles pour lesquelles il souhaite garder l’esprit « téméraire » de son aïeul. Le créateur était un travailleur infatigable et la matière est dense. Le successeur a donc plus qu’il n’en faut pour la suite, des milliers et même des dizaines de milliers de vêtements et de dessins.

Le nouveau président évoque « l’équivalent de quatre vies de couturier ». En bref, le dirigeant a de quoi faire, entre ce qui existe et ce qui qui sera créé par de nouveaux designers. Rodrigo l’affirme : il sera là pour veiller à la transmission créative et « penser à la manière » de son oncle. Le devoir de mémoire.

V.D.


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