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Quel avenir pour la Nouvelle Calédonie ?

Une île peuplée de 270 000 habitants, à 22 000 kilomètres de la métropole et plus de 24 heures d’avion, voilà la Nouvelle-Calédonie. Une terre de France dans le Pacifique qui reste encore largement méconnue.

Noumea

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Par Sonia Backès, présidente de la région Sud de Nouvelle Calédonie, ancienne Secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté

Diverse dans ses histoires, ses traditions, ses cultures, ses populations, dont elle tire sa richesse et son dynamisme, la Nouvelle-Calédonie a patiemment créé un tissu économique qui fait figure de modèle dans l’Outremer français. Après avoir connu une période troublée au milieu des années 80, la Nouvelle-Calédonie s’est engagée dans la voie des accords, ceux de Matignon en 1988 puis de Nouméa dix ans plus tard. Ayant ramené la stabilité, ils ont surtout impulsé une dynamique qui a offert à la Nouvelle-Calédonie un développement économique puissant dans bien des secteurs.

La Nouvelle Calédonie, un territoire jeune

Dans un souci de procéder à un rééquilibrage politique et économique, les accords ont acté un découpage institutionnel de la Nouvelle-Calédonie en trois provinces : Sud, Nord, Îles. Les trois quarts des Calédoniens vivent en province Sud dotée des infrastructures les plus modernes, avec entre autres un port parmi les plus actifs de tout l’outremer, un aéroport international, un hôpital sans doute le plus performant d’Océanie. C’est sur le territoire de la province Sud que se trouve la capitale, Nouméa, cœur économique de la Nouvelle-Calédonie. La Nouvelle-Calédonie reste un territoire jeune offrant de multiples possibilités à toutes celles et ceux qui, dans l’esprit pionnier qui nous anime, font preuve d’un désir d’entreprendre.

C’est avant tout la mine et la métallurgie spécialisées dans le nickel et le cobalt qu’exploitent trois usines et des mineurs privés, générant des milliers d’emplois directs et indirects. Les experts estiment que la Nouvelle-Calédonie recèle le quart des réserves mondiales de nickel, cette richesse certes non-renouvelable, participe depuis un siècle au développement du Territoire et à son attractivité. Plus que jamais aujourd’hui, l’exploitation du nickel est porteuse de grands espoirs liés notamment au développement du transport électrique et du « Green nickel ».

Ainsi, en province Sud, sur le territoire de laquelle se trouve un très important gisement de nickel, l’Usine du Sud Prony Ressources a conclu un partenariat avec Tesla, visant à fournir du nickel à l’industriel pour la fabrication des batteries de ses véhicules électriques. Notre production a vocation à s’intégrer complètement dans les ambitions françaises et européennes en matière de décarbonation des transports automobiles, et en particulier dans le plan « France 2030 », dont nous souhaitons suivre les lignes directrices.

Toutefois, soucieux du devenir des générations futures, nous avons veillé à mettre en œuvre une alternative au nickel. C’est ainsi que s’est développée une industrie touristique fortement créatrice d’emplois, notamment en province Sud, autour de structures de haut standing comme d’hébergements de proximité en brousse et en tribu. Ce secteur touristique mise sur nos formidables atouts que sont notre tradition d’accueil, nos paysages, notre lagon classé au patrimoine de l’UNESCO, et surtout notre biodiversité unique au monde. La province Sud participe activement à la gestion et à la protection de ces écosystèmes rares au travers d’un vaste réseau de parcs naturels terrestres et marins. Le tissu industriel et commercial de la province Sud est fort d’un maillage de PME et de grosses entreprises, en particulier dans la transformation, nous offrant ainsi d’être moins dépendants des importations que la plupart des départements et régions d’outremer. Sans omettre de citer notre agriculture et notre pêche durable, dont l’ambition est d’assurer l’autosuffisance alimentaire et une aquaculture, de la crevette notamment, dont les produits à la qualité reconnue trouvent place sur les marchés japonais. Notre vision d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie et la province Sud demeure la diversification de notre économie autour de trois axes majeurs : les énergies renouvelables, le numérique et l’économie bleue.

Nouvelle Calédonie, l’alternative au nickel

Nous avons créé une vraie dynamique en termes de développement des énergies renouvelables avec l’objectif à l’horizon 2030, que la Nouvelle-Calédonie ait inversé son mix énergétique en passant de 80 % d’énergie fossile à 70 % de renouvelable, y compris pour la métallurgie. La province Sud accueille ainsi près de 30 fermes photovoltaïques et dispose de plusieurs parcs éoliens dont l’un, dans le Grand Sud, produit 25 MgW. En photovoltaïque, 1000 MgW et de grosses unités de stockage seront agréés d’ici 10 ans. Une filière spécifique s’est donc créée qui, en quelques années, a vu être multiplié par 20 le nombre d’entreprises dans le secteur des énergies renouvelables. Nous travaillons aussi sur la mobilité propre avec l’installation de 130 bornes de rechargement électrique dont plus d’une cinquantaine en province Sud. Notre volonté est de parvenir en 2030 à ce que 50 % de notre parc automobile soient constitués de véhicules électriques.

Le statut d’entreprise innovante en Nouvelle Calédonie

Au sujet du numérique, nous sommes passés de 5 start-up il y a cinq ans, à plus de 50 aujourd’hui. Pour accompagner ce développement, nous avons créé le statut d’entreprise innovante offrant des avantages fiscaux, et un dispositif permettant de mobiliser l’épargne des Calédoniens pour soutenir ce type de projets. Nous avons créé à Nouméa la Station N, véritable incubateur de start-up et nous réfléchissons à la création d’une zone franche devant bénéficier au secteur de la Tech. Dans ce cadre, nos start-up ont pleinement vocation à intégrer la French tech.

En ce qui concerne l’énergie bleue, la création d’un Pôle d’excellence maritime autour d’un partenariat institutionnel, va permettre le développement des activités maritimes, avec notamment une filière de démantèlement et de recyclage des navires hors d’usage. Créées il y a 35 ans par la volonté des Accords de Matignon, les provinces sont l’institution de proximité par excellence, et au fil des ans, dans la gestion du quotidien de leurs administrés, leur importance s’est considérablement accrue. Dans le contexte si particulier d’une Nouvelle-Calédonie construisant son avenir dans la France, toute notre action est tendue vers la mise en œuvre d’une politique économique audacieuse, innovante, attractive.

Sonia Backès
Présidente de la région Sud de Nouvelle Calédonie

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