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OL, business, argent : les ambitions de Tony Parker

Tony Parker (Photo Jerome Domine/ABACAPRESS.COM)

Avant lui, il y a eu Jean-Claude Killy, René Lacoste, Franck Mesnel. Des étoiles du sport qui ont réinvesti leurs gains dans le business. Ils ont créé leurs marques ou injecté des millions dans des entreprises à reprendre ou à relancer. Tony Parker lui a choisi un tout autre business. Retiré de la compétition sportive en 2019, il développe aujourd’hui sa propre philosophie du capitalisme.

L’argent qu’il a gagné au cours de sa carrière, il a su le placer dans des secteurs inattendus. Et c’est cela qui a retenu mon attention lorsque j’ai rencontré Tony Parker pour Entreprendre. Il ne s’agit plus seulement d’investir dans des actifs à hauts rendements mais de développer l’économie bienveillante.

C’est cela son projet qu’il veut accélérer dans plusieurs domaines bien précis : L’art de vivre, l’éducation et le sport.
Son groupe s’appelle Infinity Nine. Au cours de cette interview, vous comprendrez ce qu’est une entreprise à missions avec ses causes les plus nobles. L’ancien champion lance un appel aux entrepreneurs afin qu’ils aident les jeunes à démarrer dans la vie. Voilà ce qu’il dit aux patrons : Donnez-leur l’envie de gagner, de courir vite, d’oser et d’entreprendre.

Tony Parker est un entrepreneur qui dribble avec les valeurs du sport. Il nous révèle au cours de cet entretien sa philosophie de la nouvelle économie. Il nous parle de sa société Smart Good Things, déjà cotée sur Euronext et dont une part du bénéfice est reversée à l’action solidaire. Il nous explique aussi pourquoi il a investi dans une station de ski et comment il envisage de révolutionner l’accès aux sports de montagne 10 mois de l’année. Changer le monde avec plus de générosité. Tony Parker en a fait sa philosophie.

Entreprendre : Vous êtes ambassadeur du concept d’économie bienveillante : c’est quoi au juste ?

Tony Parker : C’est un projet qui doit impacter positivement notre société qui met la solidarité au cœur de l’économie de demain. Cela peut paraître un peu naïf, mais notre société a besoin de générosité et d’entraide. Smart Good Things est la première société cotée sur Euronext qui a totalement intégré le principe de l’économie bienveillante au cœur de ses préoccupations. Notre ambition est de contribuer à changer le monde en plaçant le Bien-Etre et la Générosité au cœur du modèle économique du futur. Nous reversons 25% de notre chiffres d’affaires net de la vente de nos boissons à des causes sociales fondamentales. L’égalité hommes femmes et la formation des jeunes. A travers notre plateforme SmartAlliance.fr nous nous engageons aussi auprès des aînés.

Les jeunes vous semblent-ils « paumés » ?

Dans certains cas oui. Notre système scolaire ne prévoit rien car les jeunes ont souvent perdu toute motivation. Or, on peut les motiver et les rendre positifs. C’est le mental qui compte à l’école comme dans le business. Et le sport est un bon moyen de rester dans la course. Ma priorité est de motiver tous ceux qui décrochent à l’école. Je me dois de susciter chez eux une passion. La Tony Parker Adéquat Academy apporte ce que l’école française ne peut pas donner.

C’est-à-dire ?

Oui, il ne suffit pas de donner des bourses. Les entreprises doivent aussi proposer des jobs pour que les jeunes soient au cœur de l’entreprise le plus vite possible. Je donne l’exemple d’Adidas où les jeunes sont dirigés vers des services marketing, vers les finances ou même des magasins. Très vite, ces jeunes se retrouvent sur le terrain, épanouis et motivés… De même chez LVMH, vous avez 8000 métiers. Il y a un savoir-faire à transmettre et donc des opportunités pour les jeunes de notre Tony Parker Adéquat Academy. Ils viennent pour le sport mais tous ne réussiront pas. Il leur faut un débouché vers l’entreprise. C’est cela notre mission contre le décrochage scolaire.

Enfants, seniors, égalité hommes-femmes : votre combat est très large ?

Oui et toutes mes activités sont impliquées. On parle de plus en plus d’entreprises à mission, je veux montrer ce que cela veut dire. Avec Smart Good Things, fondé par Serge Bueno et dont je suis actionnaire et ambassadeur, on vend en pharmacie des boissons bonnes pour soi et bonnes pour les autres. Avec une partie des bénéfices réalisés, on va agir, sur des actions ou engagements solidaires destinés à la formation des jeunes et à l’égalité homme femme. Puis avec SmartAlliance.fr, nous donnons accès à une plateforme de services à domicile pour les aînés. Pourquoi l’ai-je fait ? Parce que je vois mes parents vieillir et je souhaite qu’ils restent le plus longtemps possible chez eux. C’est la préoccupation de beaucoup d’entre nous mais cela a un coût. Il faut le financer et c’est en cela que notre modèle consommation = protection est innovant car ces services sont financés par le biais de la consommation courante.

Vous visez des bénéfices ?

C’est trop tôt pour faire le bilan. Cela fait moins d’un an que l’on a démarré. Mais on a intérêt à faire beaucoup de chiffres car c’est comme cela que nous ferons vivre nos actions solidaires. On s’engage à verser ¼ de notre chiffre d’affaires net encaissé à des causes d’intérêt général, tout en conciliant profit et générosité. Plus on fera de bénéfices, plus nos combats seront utiles !

La notoriété vous aide ?

Oui, cela permet de nous ouvrir les portes. Mais pour le reste, il faut travailler dur. Le lancement de notre gamme de boissons a demandé 13 ans de travail et de recherche et développement. Je fais tout comme un chef d’entreprise. Je fédère les équipes autour de moi, car je considère que seule l’union fait la force.

Vendre en pharmacie, c’est suffisant ?

J’ai été pendant des années l’ambassadeur de la marque Puressentiel. Et je vois comment cette marque est devenue une référence. J’ai voulu faire de même pour nos boissons « bien-être ». Le réseau des pharmacies apporte un gage de sérieux. On n’y entre pas comme ça ! Nous avons déjà 150 points de vente et cela donne une légitimité au produit.

Entreprendre c’est votre passion après le sport ?

Oui, les entrepreneurs inventent le monde de demain. Ils créent de la valeur, ils créent des emplois, ils ne comptent pas leurs heures. Je crois au monde de l’entreprise. Et j’aime voir ces entrepreneurs qui rêvent en grand parce qu’ils ont des idées. On devient grand quand on entreprend et personne ne peut se moquer de celui qui a des idées. Entreprendre c’est l’audace.

Être américain et français, cela apporte un plus dans votre vision de l’entrepreneuriat ?

J’ai la chance d’avoir une double culture. J’ai un père américain qui m’a donné la vision positive où rien n’est jamais impossible. Le management américain, c’est pousser des montagnes et rêver en grand. Le management à la française, je l’ai avec ma mère. C’est garder les pieds sur terre, c’est le juste milieu et nous oblige à ne pas nous enflammer quand tout va bien. Et ne pas être trop dur avec soi-même quand tout va mal. Et dans les deux cas, ne jamais baisser les bras.

Les Français ne sont-ils pas un peu plaintifs ?

Oui, je le regrette. Notre pays est fabuleux mais hélas, on a tendance ici à mettre en avant le négatif et c’est dommage car nous avons un énorme potentiel. J’ai un immense amour pour ce pays comme je l’ai montré lorsque j’étais à la tête de l’équipe de France.

Comment passe-t-on du sport à l’entrepreneuriat ?

Il y a beaucoup de similitudes entre les deux. Les profils de sportifs sont très appréciés des patrons. Nous les sportifs, nous sommes des passionnés et des personnes disciplinées. On s’entraine tout le temps. Nous avons le goût du travail. Oui, le sport et l’entrepreneuriat sont deux mots qui vont très bien ensemble. Il y a de grandes similitudes.
Il faudrait plus de sportifs dans le business ?T.P. : Je ne sais pas s’il en faut plus mais si on est à fond, on est performant. C’est le choix que j’ai fait.
Chacun fait ce qu’il lui plait ! Si des sportifs veulent se reposer après leur carrière, je les comprends aussi !

Vous êtes un bon businessman ?

Je me concentre sur mes passions. C’est la seule chose qui guide mes choix. On ne peut pas faire semblant dans le business. Pour que cela marche il faut y croire et avancer. Je n’investis que dans des domaines qui me passionnent : Je développe trois pôles et je me limite à cela. Sport, éducation et art de vivre. Tout cela sous le nom Infinity Nine Group.

Que pensez-vous du capitalisme aujourd’hui ? Faut-il plus de partage ? Plus de redistribution ?

Je ne rentre pas dans ces considérations. Je me concentre sur mon groupe et pourvu qu’il puisse avoir un impact sur les actions sociales que nous engageons. Si on peut changer la vie des gens, c’est gagné. C’est pour cela que je crois au principe de l’entreprise à missions. Sous la forme que nous développons dans mon groupe. Et aussi du partage autant que possible.

Allez-vous poursuivre vos investissements ?

Je suis un bâtisseur c’est mon ADN mais pour le moment, je suis dans une phase de consolidation. Après avoir semé, on va récolter les fruits.

Vous êtes actionnaire et président de l’ASVEL, le club de basket Lyon Villeurbanne. Que de victoires que de titres, 21 fois champion de France. Comment expliquer cette barraca ?

Ce sont les mêmes recettes que pour le monde de l’entreprise. On y est arrivé par le travail et la culture de la gagne ! J’applique ces principes dans mes deux mondes, le sport et la gestion de mon groupe.

Mais vous gagnez de l’argent avec le club ?

Ce n’est pas le but pour le moment. On cherche l’équilibre et on va faire grossir le club. C’est vraiment comme une entreprise. On a une vision à 5 ou 7 ans et on sait exactement où on va. J’aime bien aussi m’entourer des bonnes personnes et cela ne me gêne pas d’avoir des gens plus intelligents autour de la table. L’union fait la force je le rappelle !

Et le foot, reprendre l’OL est une option ?

Je suis dans le board de l’OL (Olympic Lyonnais) et je ne ferme aucune porte. Jean Michel Aulas m’a pris sous son aile, c’est mon ami, j’apprends à ses côtés. On verra plus tard.

Il y a 4 ans, vous avez investi dans une station de ski, Villard-de-Lansdans le Vercors. On est loin du ballon ?

Je l’ai fait sur un coup de cœur. J’aime cette station, j’aime la région et j’aime les personnes qui gèrent le domaine. J’ai racheté les parts des frères Huillier qui sont des montagnards. Nous avons repris le domaine skiable au moment où la crise Covid a freiné nos projets. Mais la fréquentation a déjà fortement augmenté. On est à + 30% de chiffre d’affaires et on voit le prix de l’immobilier en hausse de 20% d’après les chiffres du quotidien Le Dauphiné.

Moins de neige dans le futur, cela vous inquiète ?

Non car nous allons développer un projet pour obtenir un remplissage de la station 10 mois sur 12. On souhaite améliorer le taux de remplissage et lutter contre les lits froids. Ce sont ces lits inoccupés hors période scolaire et cela met en péril la gestion des stations, même les plus mythiques.

C’est le projet « Ananda Resort » ?

Oui, nous venons de le présenter le 29 septembre dernier. C’est encore tout frais si je puis dire ! Nous aurons une résidence hôtelière 4 étoiles avec 132 appartements. Et notre ambition est de les remplir quatre saisons de suite. C’est un nouveau virage pour la station qui souffrait qui doit se réinventer dans « l’après ski ». Nous aurons des commerces, des expositions, des évènements culturels et un centre d’activités sportives indoor avec une ouverture prévue en 2025. (NDLR : la presse locale évalue l’investissement à 96 M€).

Avez-vous un modèle de patron ?

Mes modèles sont dans le sport et j’ai la chance d’être bien entouré. Je pense à Jean-Michel Aulas président de l’OL et à Laurent de La Clergerie président du groupe de haute technologie LDLC, notre sponsor à l’ASVEL. Son groupe emploie 1000 personnes et réalise 500 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Votre père était basketteur américain… Vous qui êtes franco-américain : Etats-Unis ou France ?

Mes deux pays c’est la France et les Etats-Unis, j’adore les deux pays. La double culture c’est ma vie. Je prends le meilleur dans les deux.

Propos recueillis par Eric de Riedmatten


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