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Michel Reybier, l’homme qui aimait les palaces

Tout ce qu’il fait, il le fait bien ! Après les jambons Aoste, Michel Reybier fait de la Réserve, l’une des plus belles chaînes hôtelières de luxe françaises.

Entreprendre - Michel Reybier, l’homme qui aimait les palaces

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Tout ce qu’il fait, il le fait bien ! Après avoir lancé les jambons Aoste, Michel Reybier fait de la Réserve, l’une des plus belles chaînes hôtelières de luxe françaises.

Michel Reybier aime la vie. Comme tout le monde direz-vous. Il aime aussi le bien vivre. Après tout, un grand-père dans l’affinage de fromage, des parents dans l’agro-alimentaire, la voie semblait tracée. Il démarre tôt sa vie professionnelle, reprenant des supermarchés en difficulté pour les remettre sur le droit chemin. Le secteur est très porteur dans ces années-là, il travaille d’arrache-pied et cela fonctionne, il se trouve alors à la tête d’un groupe d’une cinquantaine de supermarchés.

Aoste, Justin Bridou & Cochonou

Il pourrait être satisfait de ce premier succès, mais préfère lancer l’entreprise Aoste en 1976 dans l’Isère, puis la marque Justin Bridou deux ans plus tard. L’entrepreneur développera la société jusqu’à en faire un groupe bien connu des Français et des grandes surfaces avec Jambon Aoste, Justin Bridou et Cochonou. Une merveille de réussite qui emploie quelques milliers de personnes et dispose d’une vingtaine d’usines en Europe. L’homme est heureux, actif et plus qu’occupé par la gestion de cette affaire de premier plan. C’était sans compter sur le destin, et un accident d’avion qui va changer sa vie…

La nouvelle vie d’un survivant

En effet, ils étaient quatre dans un Falcon 4 qui s’écrase en 1994 le laissant seul survivant. Ce type d’évènement laisse bien entendu des traces et provoque un autre regard sur la vie et sur le rôle que l’on tient et que l’on veut tenir dans le monde et la société. Michel Reybier reste l’entrepreneur doué qu’il est déjà, mais ses priorités ont changé. Avec son entreprise agroalimentaire, son rôle était déjà important socialement, ne fut-ce que par les emplois créés et maintenus. Mais sa décision est prise, il veut repartir sur d’autres bases et vend son groupe à prix d’or, avec des objectifs différents.

Il n’a pas besoin de vivre des affaires qu’il lance, déclare ne pas prendre de salaire à titre personnel, de dividendes, ni même de frais généraux, l’homme est fortuné et vit sur son capital suite à la vente de son groupe. Néanmoins, il est tout aussi clair pour lui que ses entreprises doivent être rentables, pour s’installer dans l’économie française avec une certaine pérennité.

Naissance des Domaines Reybier

Comme souvent avec les hommes courtois, il est difficile de les cerner. Une certaine forme de légèreté s’est envolée après l’accident qui l’a frappé. Extrêmement discret dans les médias, l’entrepreneur parle peu ou pas de politique, la seule « fantaisie » qu’on lui connaît est d’avoir investi au début des années 2000 dans une affaire de pétrole cubaine avec Gérard Depardieu. Michel Reybier vit en Suisse, patrie de son épouse, et la mentalité luthérienne du lieu semble lui convenir comme un gant. Car ce dirigeant est sérieux, travailleur, concerné, cherchant à garder les pieds sur terre en dépit d’une fortune qui ferait tourner la tête à d’autres.

A 76 ans, il n’a pas oublié les recettes de base. On dit souvent que le succès d’un commerce dépend de son emplacement, il faut supposer que cette leçon vaut aussi pour les palaces appartenant au groupe hôtelier qu’il a constitué, les Domaines Reybier.Les sites de ces établissements se doivent d’être exceptionnels tout comme les services proposés.

Le luxe pour fil d’Ariane

Ses actes et sa réussite parlent pour lui. Il aurait pu prendre de multiples chemins, mais l’homme se plaît dans le monde de l’entreprise. Néanmoins, terminé l’univers de la charcuterie, c’est dans l’hôtellerie de luxe et le vin qu’il s’exprime depuis plus de 25 ans. Il a notamment utilisé la manne de la vente de son groupe pour créer les Domaines Reybier, qui rassemblent une dizaine de palaces dans des endroits d’exception en France et en Suisse. Trois de ces vaisseaux amiraux portent le label « La Réserve » à Genève, Ramatuelle et Paris. En parallèle, il investit également dans Nescens, en Suisse, établissement spécialiste de la lutte contre le vieillissement, mais aussi dans des cliniques privées et dans l’immobilier, se créant un patrimoine solide et diversifié.

Il s’est même laissé aller à participer à une aventure à plusieurs. Michel Reybier a ainsi investi aux côtés de la famille Trigano, de Cyril Aouizerate et de Philippe Starck dans la chaîne Mama Shelter, au style qualifié de bobo, ainsi que dans un nouveau concept de motel urbain en Seine-Saint-Denis, le Mob.

L’aventure viticole

Cet autre pan de la diversification entamée après la vente de son groupe est essentiel pour l’entrepreneur. En particulier lorsqu’il évoque le Cos d’Estournel, cru classé Saint-Estèphe qu’il a acquis dès l’an 2000. Il ne s’est cependant pas arrêté à cette seule propriété, devenant également propriétaire de Château Marbuzet, toujours en Saint-Estèphe, et du vignoble de Goulée en appellation Médoc. Il a également racheté en 2013 les Pressoirs de France qui deviennent Reybier Dubois Champagne et créé la marque Jeeper avec François Dubois.

Il ne faut pas oublier le fameux Tokay Hetszölö, vignoble hongrois classé au patrimoine mondial de l’Unesco, partie intégrante des propriétés des Domaines Reybier. Tout récemment encore, en 2020, il a acquis le Château La Mascaronne, en Provence cette fois, propriété rachetée à Tom Bove, qui avait déjà revendu Miraval aux Jolie-Pitt. La Provence et la Hongrie sont déjà cultivées en biologique, l’approche est étudiée pour Cos d’Estournel, même s’il faudra passer par la biodynamie. Le champagne est lui pour l’instant en agriculture raisonnée.

Une approche cohérente et constante

Michel Reybier n’est pas un obsédé de la succession, si ce n’est peut-être pour son Cos d’Estournel qu’il souhaite voir s’établir dans la pérennité. Père de trois enfants, grand-père de huit petits-enfants, il a bien entendu organisé l’avenir. Il n’y a pas de secret ou de magie associé à son succès, le travail a évidemment engendré les moyens financiers, ainsi qu’un goût plutôt sûr, mais aussi et surtout la préoccupation du client, quelle que soit l’activité en question. Ses hôtels doivent répondre aux moindres demandes de la clientèle qui y séjourne, les tarifs pratiqués devant être totalement justifiés par l’excellence des services.

Les vins qu’il commercialise sont de grande qualité, mais le rapport qualité/ prix reste une préoccupation, notamment en restauration où il n’hésite pas à engager les restaurateurs à des marges moins élevées sur ce type de vins haut de gamme. Laissons à cet entrepreneur hors normes le mot de la fin : « Je souhaite que chacun de mes hôtes, connu ou inconnu, mais toujours reconnu, se sente chez lui tout en étant ailleurs, qu’il partage un art de vivre fait d’instants réjouissants et d’extrême raffinement ». Tout est dit !


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