Par Frédéric Paulet, CEO Lamarck Group
Tribune. L’entreprise ne peut plus fonctionner aujourd’hui comme il y a ne serait-ce qu’une génération. Les jeunes diplômés recherchent un sens dans leur travail, un engagement sociétal tout autant qu’un salaire. Pour répondre à cette noble exigence, co-construire l’entreprise avec ses collaborateurs, définir collectivement son identité comme son offre, relève du bon sens. Une tendance dont l’intrapreneuriat fait pleinement partie et qui s’inscrit dans la mouvance du « future of work ».
Savoir cultiver la parole et l’écoute
Il apparait primordial de donner le droit à la parole aux salariés et de leur permettre de s’épanouir avec une conviction forte : les dirigeants doivent apprendre à écouter leurs collaborateurs et accueillir leurs suggestions avec un biais positif. Il devient alors essentiel de leur proposer des moyens et des modèles managériaux à la hauteur de leurs attentes. Il s’agit ainsi de se distinguer résolument des structures aux hiérarchies verticales et au management autoritaire qui ne font plus recette et sont rejetées par les jeunes générations. Cette vision du fonctionnement intime de l’entreprise doit faire écho à ses valeurs pour mieux les servir. Nous avons besoin d’entreprises engagées pour favoriser une croissance responsable. Cette profession de foi ne peut se concrétiser qu’en étant partagée par toutes ses parties prenantes, les collaborateurs au premier chef.
Des salariés engagés et stimulés
Un tel engagement suppose de laisser aux salariés du temps et une large autonomie pour participer à la croissance vertueuse de l’entreprise. Bien sûr, un junior a besoin d’encadrement, et toute entreprise doit gagner de l’argent pour perdurer et croître. Pour autant, ces principes, une fois posés et acceptés, ne constituent pas d’obstacles à l’établissement d’un état d’esprit favorable au débat et aux initiatives individuelles. Ceci s’avère d’autant plus indispensable que le phénomène de la grande démission, qui a atteint la France après les Etats-Unis, révèle un besoin impérieux de travailler autrement, en donnant du sens à leur réalisation. Favoriser un plus large degré d’initiative permet alors de répondre à cette quête de sens exprimée par les Milleniums. Une structure dans laquelle engagement, partage et créativité constituent des maîtres-mots saura mieux retenir et impliquer ses collaborateurs, dans une relation gagnant-gagnant.
L’intrapreneuriat, un modèle de croissance vertueux
Pour concrétiser cette ambition, rien de tel que l’intrapreneuriat ! Mêlant entrepreneuriat et salariat, l’intrapreneuriat vise à solliciter les salariés pour qu’ils conçoivent et développent eux-mêmes des solutions utiles à leur employeur, mais aussi favorables à leur épanouissement. Ce modèle permet ainsi de répondre aux nouvelles attentes des talents tout en les fidélisant. Il peut s’agir de mettre en place des innovations destinées au fonctionnement interne de l’entreprise, ou au soutien de ses collaborateurs. Il peut aussi permettre d’enrichir l’offre à destination des clients et prospects. Reste à l’entreprise à les soutenir dans cette démarche avec l’appui d’un sponsor. S’il s’agit d’un projet qui réclame du temps et s’avère structurant, le salarié doit être libéré d’une partie de son travail, voire pouvoir se consacrer entièrement à son projet !
De l’idée à la filiale, construire une success story
Dans les structures les plus avancées sur ce sujet, pas moins de 40 % des salariés travaillent sur des projets d’intrapreneuriat, à l’origine d’une multitude d’initiatives dont certaines rencontreront le succès. Une question se pose alors, celle de savoir si le concept même de l’intrapreneuriat ne constituerait pas l’une des premières étapes de l’entrepreneuriat. Pour récompenser cet esprit d’entreprise, des filiales de l’entreprise sont constituées dans lesquelles l’intrapreneur récupère une partie du capital. Une autre concrétisation du gagnant-gagnant ! Pour aller plus loin, il appartient aujourd’hui aux pouvoirs publics d’accompagner et d’appuyer ces initiatives en adaptant le droit du travail et en créant des dispositifs fiscaux avantageux. Il en va du dynamisme de notre économie et de l’attractivité de nos entreprises.