Par Eric Dejoie, CEO de MBO & Co
Tribune. On oublie souvent que les crises fondent le quotidien de celles et ceux qui créent et pilotent les entreprises. De fait, 2023 prépare les entrepreneurs et dirigeants de PME et ETI à de possibles scenarii catastrophes.
L’année s’ouvre en effet sur des signaux économiques brouillés et contradictoires. L’inversion de la courbe des taux apparait clairement comme une configuration d’anticipation de récession. Et c’est aussi la fin de l’argent gratuit et abondant : celle-ci entraîne une baisse de la liquidité et en conséquence conduit à une plus grande sélectivité des projets financés.
La situation que nous traversons actuellement peut tétaniser. Mais elle peut aussi galvaniser. Car s’il faut rester lucide sur les dommages potentiels à venir, il ne faut jamais oublier que c’est en période de turbulences que les meilleures opportunités émergent.
En vérité, la sinistrose ne touche pas l’ensemble des entreprises fort heureusement. Pour preuve, la demande de crédit et d’investissement reste dynamique. Et si la rigueur des investisseurs vis-à-vis des projets à financer se renforce, elle est annonciatrice d’une démarche vertueuse à long terme car le “fly to quality” va bénéficier aux meilleurs projets d’entreprise et aux équipes de management les plus talentueuses. En clair, les meilleures de nos PME/ETI tireront naturellement leur épingle du jeu issu de la donne économique qui émerge.
De fait, plus que jamais, ces dernières doivent être soutenues et accompagnées par les investisseurs.
Ainsi, dans ce monde incertain, qui a du mal à prendre de la distance, à ne pas tomber dans l’excès, la mission de l’investisseur est d’abord d’acter avec la dirigeante ou le dirigeant que, face à la tentation du statu quo, le mouvement reste la seule voie pour passer les obstacles plus facilement et les transformer en atout.
Et cette capacité à agir est intimement liée à celle d’anticiper qui est aujourd’hui insuffisamment prise en compte par les acteurs économiques. Car il faut aller au-delà de la sacro-sainte résilience, il s’agit de créer les conditions permettant de tirer le meilleur parti des situations même et surtout quand elles sont difficiles et inattendues. Anticiper, c’est miser sur une stratégie mieux définie, une organisation irréprochable, une analyse systématique des risques. Avec pour résultat une meilleure capacité à réagir et à profiter des opportunités dans un environnement de plus en plus volatile. Il faut donc travailler à optimiser le potentiel de situation des entreprises.
Mais nous investisseurs devons également nous mettre au niveau des enjeux que traversent les entrepreneurs que nous accompagnons en relevant sans cesse nos standards.
D’abord en diversifiant nos produits pour répondre à des besoins toujours plus complexes : les entrepreneurs sont agiles, les mutations économiques s’accélèrent, nous devons innover pour sécuriser, dans un contexte instable, le capital sans oublier la performance.
Ensuite en enrichissant notre écosystème d’expertise : un investisseur ne se contente pas d’investir. Son métier c’est aussi d’accompagner, conseiller, soutenir les entreprises en agrégant autour de lui des savoir-faire d’excellence.
Enfin en relevant nos exigences en matière de durabilité dans nos investissements, sans attendre le régulateur. Les cheffes et chefs d’entreprise que nous côtoyons ont pour la plupart intégré la dimension environnementale de leur activité. Pour les aider à accélérer leurs démarches, les investisseurs ont un rôle capital à jouer. En matière de réglementation, de diagnostic et de méthodologie, d’adaptation des outils de production, d’ajustement des business models, … les leviers sont nombreux et constituent autant de champs sur lesquels nous devons répondre présents.
En 2023, haussons notre niveau de jeu et mobilisons-nous collectivement pour faire grandir nos PME et ETI au service d’une économie performante, mais aussi plus inclusive et plus durable.
Eric Dejoie, CEO de MBO & Co