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Doctolib, Finoli, FBH Food… Ces startupers qui ont décroché le jackpot avant 30 ans

Ils ont pris des risques ou ils ont su lever des fonds. Tant mieux pour eux et pour l’ensemble de notre économie.

Ivan Schneider, Jessy Bernal et Stanislas Niox-Chateau sont avec Steve Abou Rjeily, les quatre associés à l’origine du succés de Doctolib.

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Ils ont pris des risques ou ils ont su lever des fonds. Tant mieux pour eux et pour l’ensemble de notre économie.

Certains sont des héritiers d’une famille déjà bien en place, ce qui facilite évidemment la donne, que ce soit en matière d’études ou en termes d’investissement. Les jeunes autodidactes sont fort heureusement également présents, livrant un message d’optimisme pour tous ceux qui se lancent dans la création ou la reprise d’entreprise. On constate quand même que les grandes fortunes constituées par les autodidactes le sont rarement avant trente ans, car la vraie réussite se met généralement en place chez les déjà trentenaires, voire quarantenaires.

Finoli : Grégory Declercq, Pierre Juhen et Alexandre Benamran

Grégory et Pierre sont tous deux étudiants en 2008, dans la promotion HEC-Entrepreneurs, lorsque leur amitié commence. Tous deux sont portés par une vraie dynamique d’indépendance et de création d’entreprise, c’est donc rapidement qu’ils décident de cofonder Finoli en 2008. Un groupe qui a pour vocation de proposer des cosmétiques, et plus particulièrement la marque biologique Patyka, des soins anti-âge vendus en pharmacie. La maison parisienne remonte aux années 1920, créée par un apothicaire, elle était surtout connue par son produit, l’Huile Absolue, créée à partir d’huiles essentielles végétales.

Dès l’année de lancement, les deux associés sont mis en relation avec la mère d’une amie d’HEC qui prend sa retraite et vend son école Silvya Terrade d’Esthétique et de Coiffure à Lyon. Ni une, ni deux, les deux jeunes hommes réfléchissent à la possibilité d’une reprise avec deux objectifs : offrir un débouché à leurs cosmétiques et commencer une diversification de l’activité, même si cela peut paraître un peu précipité.

Financer la croissance

Encore fallait-il trouver un financement, chose faite avec Entrepreneurs Venture qui a joué un véritable rôle de mentor, en poussant les deux dirigeants à poursuivre dans la stratégie d’acquisitions dans le même secteur. Un second fonds, Apax, est intervenu par la suite, ainsi qu’un troisième Abénex Capital, qui ont chacun suivi le groupe Finoli dans ses différentes étapes de croissance. Évidemment, comme le dit Grégory Declercq, cela signifie que l’on est prêt à « avoir une plus petite part de quelque chose de beaucoup plus gros ». Le groupe gagne ainsi du temps et compte déjà 37 écoles en France et en Suisse jusqu’à devenir le n°1 du secteur.

Un trio pour diversifier

Rejoints par Alexandre Benamran, polytechnicien, les deux entrepreneurs ont poursuivi leur diversification avec le rachat il y a trois ans de Nutrimuscle, une marque de compléments alimentaires pour sportifs distribuée sur internet. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de Finoli avoisine les 50 millions d’euros avec un rythme de croissance très élevé qui a atteint sur plusieurs années les 50%. Le pôle santé compte aujourd’hui pour plus de la moitié du chiffre du groupe, le reste étant constitué par les cosmétiques et un portefeuille immobilier. Quant à Patyka, elle devient fin 2020 la troisième entreprise cosmétique à adopter le statut d’entreprise à mission.

Doctolib : Ivan Schneider, Jessy Bernal et Stanislas Noix-Château

Stanislas Niox-Château, sportif de haut niveau au tennis est attiré par la compétition. Suite à une blessure au dos, il change son fusil d’épaule et part étudier à HEC. Il se focalise sur un concept de réservation internet pour des soins beauté, Balinea. Il travaille ensuite pour le fonds Otium, qui lui donne pour mission de travailler au redressement de La Fourchette, un spécialiste de la réservation là aussi, cette fois-ci en restauration. Le jeune homme sait surmonter des difficultés qui auraient pu le freiner, comme le fait de souffrir de bégaiement lorsqu’il était plus jeune. Le travail, il connaît, la réussite aussi, et l’argent n’est pas sa motivation première d’après ses proches.

L’idée de Doctolib alors qu’il n’a que 26 ans était d’ailleurs de créer un service utile dans un domaine sensible comme celui de la santé. Il aime faire un parallèle entre le sport de compétition et la création d’entreprise, où dans les deux cas, il faut travailler dur, se remettre en question et détenir deux qualités, endurance et courage.

Une équipe aux commandes

Steve Abou Rjeily est franco-libanais. Dès l’adolescence, il crée une petite structure qui vend des T-shirts personnalisables, une bonne idée qui lui fera sponsoriser des soirées auxquelles il n’avait même pas l’âge de participer. Il étudie à l’EMLV, une école de management parisienne, et part directement dans l’aventure Doctolib. Manifestement doué pour la vente, il participe à une équipe qui comprend deux autres associés pour aller de l’avant, Jessy Bernal et Ivan Schneider. Ceux-ci ont tous deux étudié à l’EPITA (Ecole des Ingénieurs en Intelligence Informatique) et travaillent plus particulièrement sur l’architecture et la stabilité de la plateforme, autant dire qu’ils ont eu du pain sur la planche ces deux dernières années.

Contentsquare : la licorne de Jonathan Cherki

Le fondateur marseillais de Contentsquare était destiné à travailler dans l’entreprise familiale d’import-export de légumes secs. Il « monte » à Paris pour ses études à l’Essec. C’est là qu’il travaille sur son projet d’étudiant qui s’est directement concrétisé par la naissance de sa startup, devenant ainsi son projet de vie. La mission de Contentsquare est d’aider les e-commerçants, y compris les petites entreprises, à comprendre le comportement des utilisateurs, le but ultime étant d’augmenter le taux de conversion des achats et faire croître de ce fait le chiffre d’affaires du panier des clients et donc de Contentsquare. Ces trois dernières années, l’entreprise a racheté six sociétés, elle réalise 45% de son chiffre d’affaires en Europe, 55% aux États-Unis et 5% en Asie, un potentiel encore inexploité.

Jonathan Cherki n’a jamais travaillé ailleurs que dans sa société, mais ce dirigeant a tout d’un grand. D’ailleurs c’est ce qu’il dit, il faut « penser très grand ». Il aime à donner les clés qui lui semblent indispensables pour réussir et poursuivre l’aventure. L’ambition pour l’entreprise est évidemment une base, mais savoir s’entourer des meilleurs est un must pour un homme qui n’a pas d’autre expérience que sa propre société. Comme tous les vrais managers, il ne craint pas de recruter des « meilleurs que lui » dans leur domaine, allant jusqu’à affirmer que ce sont eux, les « vraies rock stars », de Contentsquare.

Une vraie culture du risque

Le jeune dirigeant a naturellement la culture du risque. Il dit avoir « la patate » au quotidien, car travailler énormément fait partie intégrante des résultats atteints et du succès de l’entreprise. Il n’oublie pas d’où il vient, et prend parfois le temps d’intervenir pour conseiller les nouvelles startups. De même, son concept ne néglige pas deux points absolument indispensables à ses yeux dans le monde du digital : préserver à tout prix la vie privée des partenaires, clients et fournisseurs et penser à l’accessibilité globale du concept y compris aux personnes devant supporter un handicap. L’homme est un vrai passionné qui a levé quelques 20 millions de dollars en 2016 et les a investis directement pour développer les États-Unis, avec succès.

Il y est d’ailleurs installé avec sa famille depuis 5 ans. L’an dernier, la licorne aux plus de 1000 collaborateurs a levé 500 millions de dollars, une première pour la French Tech. Ce passionné ne se prend pas trop au sérieux, mais il rêve loin et haut, dans une logique de conquête. Comme il le dit : « soit on va vite, soit on meurt lentement ».

VOODOO : Laurent Ritter et Alexandre Yazdi

Voodoo, le nom aurait pu recouvrir bien des réalités curieuses, c’est celui qu’ont choisi les deux fondateurs, Alexandre Yazdi et Laurent Ritter, et le sujet porte sur les jeux vidéo. Mais pas n’importe lesquels, au départ, il s’agit de jeux faciles d’approche, principalement utilisés sur smartphone. Pourquoi pas ? Il semblerait que ce soit une bonne idée, l’entreprise ayant enregistré un chiffre d’affaires de 380 millions d’euros l’an dernier. En bons Français, ces « hyper casual games » sont à la portée de tous, et rares sont les utilisateurs qui savent que c’est une société française qui est à l’origine de ces passe-temps agréables et faciles auxquels on joue dans le métro ou dans une salle d’attente.

Des jeux français

C’est en 2013 qu’Alexandre, jeune Alsacien d’origine, crée cette société avec Laurent, un ami rencontré au lycée. Les études les avaient séparés, le premier s’étant orienté sur une école de commerce, le second ayant choisi de devenir ingénieur. Le métro a du bon, car c’est sur le quai que les deux jeunes hommes de 27 ans se retrouvent, ce qui les mènent à discuter rapidement d’une création d’entreprise. Ils sont évidemment sensibles au fameux Candy Crush sans pour autant être fans, mais les deux créateurs sont persuadés qu’avec de bons produits, il y a de la place pour eux sur ce marché en pleine croissance d’autant qu’ils s’amusent aussi pendant les phases de création. Entre quizz et jeux plus classiques, ils améliorent la cadence et finissent par décrocher le jackpot avec Paper.io, le début du succès international.

Internationalisation et super-croissance

Chine et Etats-Unis sont les territoires de conquête les plus importants pour Voodoo, peu d’entreprises françaises peuvent en dire autant, d’autant que la rentabilité est largement au rendez-vous. Plus de souci pour trouver les financements, le dernier ayant été effectué auprès de Tencent et de la Holding Groupe Bruxelles Lambert (GBL). Les jeux ne sont pas tous élaborés en interne loin de là, la majorité sont proposés par des studios extérieurs. L’entreprise s’oriente aujourd’hui vers des jeux plus sophistiqués et veut aussi poursuivre sa croissance en proposant à de petites structures le moyen de se lancer à l’international, sans oublier les opportunités de fusions-acquisitions. La dernière en date est intervenue fin d’année dernière avec le rachat d’un studio israélien spécialiste des jeux mobiles de cartes et de plateau, Beach Bum. Un changement de dimension pour Voodoo, le rachat s’élevant entre 250 et 300 millions de dollars, soit l’apport ou à peu près de GBL.

FBH Food : Hakim Benotmane se régale

Hakim Benotmane décide de créer son activité dès ses 18 ans, il ouvre une entreprise de nettoyage, mais ne tarde pas à s’intéresser au kebab. Une nourriture snack et fast food qui plaît à une majorité, mais dont la réputation est médiocre. Son idée est donc simple, proposer sur ce secteur de la restauration rapide un produit plus haut de gamme que ce qui existe couramment sur le marché. Sitôt dit, sitôt fait, il lance son concept ou plutôt ses concepts. La base est simple, un décor propre et spacieux, une qualité et une hygiène irréprochables et des prix évidemment très accessibles.

Se développer vite en franchise

Nous sommes au milieu des années 2000 et Hakim Benotmane lance son enseigne Nabab Kebab, appliquant les recettes des grandes chaînes de restauration rapide pour son lancement. En 2003, le point de vente pilote ouvre, le concept s’affine et en 2008, le jeune homme lance sa franchise, non seulement en France, mais aussi à l’étranger. Le succès est rapide, la croissance très élevée. A ce moment-là, l’entrepreneur est à l’étranger, à étudier d’autres secteurs, mais il se rend rapidement compte qu’il lui faut revenir en France pour remettre de l’ordre.

Hakim Benotmane réorganise son affaire et devient avec Nabab le leader européen de ce secteur. Il y a moins de dix ans, il crée le groupe FBH Food afin de fonder d’autres enseignes sur des secteurs parallèles : Five Burger, My Bagel, New-York Factory et Takos King. Il avoue avoir copié McDonald’s qui reste un modèle de réussite. Il a réussi à attirer une nouvelle clientèle, y compris de bureaux dans certains quartiers. Sans oublier le mélange des genres, avec pita ou nan.

Une volonté de fer

Issu d’une famille tourangelle franco-algérienne, né en 1983, il emprunte 10 000 euros à la banque pour ouvrir son premier restaurant. Comme d’autres entrepreneurs, il dit avoir sacrifié une partie de sa jeunesse pour réussir ce qu’il ne regrette pas, « N’importe qui travaillant 4 ou 5 fois plus que les autres va réussir ». Avec sa nouvelle usine normande construite avec un partenaire, il produit en France afin de limiter les risques sanitaires et garantir l’origine de la viande.

Le chiffre d’affaires a baissé pour être mieux relancé, avec un objectif de 75% de restaurants en franchise et 25% en filiales. Le jeune homme est en passe de réussir son pari sur un marché du kebab qui traine pourtant de nombreuses casseroles. Pour se rendre compte que le kebab a bien changé, il est possible de tester le nouveau concept de Nabab « l’Authentique » dont le premier emplacement se situe à Paris Bastille, dans une ambiance lounge et contemporaine.

Détenir une fortune avant 30 ans c’est donc possible, surtout si vous êtes un hyperdoué du football, du golf ou de la formule 1. La tech fait évidemment rêver avec un Mark Zuckerberg qui a créé Facebook à 23 ans et un Shubham Banerjee qui a inventé une imprimante braille en lego à l’âge de… 12 ans, un record ! Les influenceurs et influenceuses sont aussi bien positionnés, telles Paris Hilton, les Kardashian ou Chiarra Ferragni. Cependant, dans le monde de l’entreprise, autant dire que le travail reste la pierre angulaire de la réussite.

A.F.


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