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Ces stars du rugby devenues vignerons

Vin et rugby sont intimement liés. Étrangement, la plupart des grands pays de rugby sont également des terres viticoles, deux mondes qui font souvent bon ménage, reposant sur un socle de valeurs communes.

Rémi Lamerat

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Les troisièmes mi-temps font partie de la vie de tout rugbyman qui se respecte. Chez les Anglo-saxons, la bière coule à flots ; on peut supposer que plus au sud, le vin a la part belle. Rien de plus normal dans cette ambiance de bons vivants que de s’intéresser à la belle nourriture et aux bons breuvages.

Le nom de Spanghero a été associé au cassoulet en son temps, dans le vin, plusieurs rugbymen de haut vol ont décidé de s’impliquer dans des vignobles. Cela coule parfois de source, car certains grands rugbymen ont grandi dans des familles de vignerons.

Parmi ces amateurs de bon vin, très attachés à leur terroir et à des pratiques de culture respectueuses, le plus en vue est certainement Gérard Bertrand, mais l’on peut également citer Christophe Urios (Château Pépusque), Rémi Lamerat (Domaine Grand Jour), Valentin Montanet (Domaine la Soeur Cadette) ou Christophe Avi (GAEC Bois de Simon). Ces sportifs mettent tous en avant, même si l’en-avant n’est pas leur fort, les valeurs communes entre le monde du rugby et du vin, en particulier l’esprit de convivialité et de partage, l’humilité et le sens du collectif.

Rémi Lamerat en Entre-deux-Mers

L’international français est originaire de Sainte-Foy-la-Grande, même si sa carrière sportive s’est construite avec succès à Bordeaux-Bègles, qu’il vient de quitter, mais aussi à Castres ou Clermont. Le rugby est sa passion et la viticulture tout autant. Raison pour laquelle il s’est engagé avec son épouse dans l’acquisition du Domaine Grand-Jour, à Yvrac, en Gironde. Onze hectares de merlot et cabernet-sauvignon ainsi que cinq hectares à planter, pour des vins AOC Premières côtes de Bordeaux, mais également Vin de France, dont il étudiera la possible conversion en bio. Il a poussé la démarche en décrochant un BTS en viticulture-oenologie il y a quatre ans, une bonne préparation avant la fin de sa carrière de rugbyman.

Accompagné par Terra Hominis et par des proches de l’Ovalie qui comptent bien récupérer leur mise de fonds en bouteilles, il a réuni quelques 125 associés qui ont contribué et cru en son projet. Le trentenaire a de l’ambition pour son domaine d’Yvrac. Il rêvait depuis longtemps de ce métier de viticulteur, la phase de concrétisation est enfin arrivée.

La famille Lamerat a du pain sur la planche avec une rénovation totale du domaine, y compris de la partie habitation, sans oublier la volonté d’investir dans un espace réception/dégustation, prémices d’un accueil pour l’oenotourisme. Retour aux sources familiales pour le joueur dont le grand-père avait déjà un domaine en Côtes-de-Duras. Il n’y a plus qu’à… relever ce challenge, en compétiteur qu’il est.

Christophe Urios dans le Minervois

Le Montpellierain Christophe Urios a une longue carrière de joueur et d’entraîneur. L’ancien talonneur est toujours aussi impliqué, dans l’équipe ASM-Clermont-Auvergne où il peut exercer ses talents de manager, et mettre en pratique ce qu’il prône dans l’ouvrage qu’il a co-écrit il y a quelques années : « 15 leçons de leadership ».

Christophe Urios est aussi fils de vigneron, détenteur d’un BTS de viticulture-oenologie qu’il a passé avant de reprendre le Château Pépusque à Pépieux, là-même où son père était régisseur. Quinze hectares à Pépieux, dans l’Aude, en Minervois, avec la Montagne Noire pour protectrice, cette aventure viticole est clairement familiale, « J’ai été rattrapé par mes racines, la transmission et la mémoire. Le vin est la meilleure machine à remonter le temps ». On y retrouve des AOP et AOC Minervois La Livinière, ainsi que des vins élégants et de terroir à partir de cépages variés, typiques du sud tels que Syrah, Grenache, Vermentino, Carignan, mais aussi Sauvignon, Mourvèdre, Viognier ou Cinsault en fonction des caractéristiques du terrain et de l’exposition de chaque parcelle. La devise de Christophe Urios est identique et tout-terrain.

Qu’il s’agisse de rugby, de vin ou de management : « Être meilleur ne s’arrête jamais ! », un mantra qu’il a emprunté à l’équipe mythique des All Blacks.

Gérard Bertrand, au-dessus de la mêlée

Le rugbyman part avec un avantage d’être fils de vigneron lui aussi. Gérard Bertrand a repris dans un premier temps le domaine paternel de Villemajou, implanté dans le massif des Corbières, tout en poursuivant sa carrière sportive. Il s’est ensuite totalement consacré au monde viticole, construisant un groupe fondé sur des valeurs telles que la recherche d’une culture viticole plus respectueuse de l’environnement que par le passé. On peut dire que la réussite est au rendez-vous.

L’ancien capitaine du RC Narbonne et du Stade Français est aujourd’hui à la tête d’un pôle viticole de 16 châteaux et domaines, cultivés en culture biodynamique ou biologique, ainsi que d’une affaire de négoce importante.

Olivier Dauga, consultant viticole Bordeaux

Tout est parti d’une rencontre avec un champion, non pas de rugby, mais de la balle de tennis, Jean Gautreau, une personnalité dans le monde viticole du Médoc. Séduit par cette passion, Olivier Dauga a creusé sa voie vers la viticulture en se formant en France et en Australie. Né à Libourne dans une famille de vignerons depuis sept générations, le rugby l’éloigne un temps de ce monde, mais l’idée est là. Le mélange d’expérience entre la France et l’Australie l’a conduit à créer son entreprise de conseil en l’an 2000, « Faiseur de Vin ».

Pas de langue de bois chez ce consultant respecté, qui n’hésite pas à dire que l’image de Bordeaux a un petit côté démodé qu’il ne faut pas hésiter à rénover. En allant dans d’autres régions du monde, il a été témoin de l’inventivité de certains vignerons qui ne s’embarrassent pas de considérations historiques, mais font des vins pour plaire aux clients et à la jeunesse d’aujourd’hui.

Il souhaite accompagner les vignerons dans les secteurs de la production et de la commercialisation dans un esprit de bon sens et de durabilité. Le succès de la Coupe du Monde en France n’a fait que rapprocher les deux mondes, qui ont en commun un même esprit festif.

Anne Florin


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