Je m'abonne

Arnaud Poulain, l’entrepreneur qui a du nez


C’est une histoire comme on les aime ! À Tincques, petit village du Pas-de-Calais le petit artisan de 32 ans, ex apprenti en électrotechnique, a créé en 3 ans une marque de parfum haut-de-gamme qu’on s’arrache aux Galeries Lafayette ou chez Harrods à Londres.

Entreprendre - Arnaud Poulain, l’entrepreneur qui a du nez

C’est une histoire comme on les aime ! À Tincques, petit village du Pas-de-Calais le petit artisan de 32 ans, ex apprenti en électrotechnique, a créé en 3 ans une marque de parfum haut-de-gamme qu’on s’arrache aux Galeries Lafayette ou chez Harrods à Londres.

Arnaud Poulain n’est pas né dans cet univers, ni par sa famille (son père est mécanicien, ses grands-parents agriculteurs), ni par son cursus, puisqu’il a choisi d’aller vers des études d’électrotechnique au départ. C’est à Paris qu’il découvre le monde du parfum par diverses rencontres. Séduit, il décide de se former en cours du soir à Paris, tout en travaillant en tant que commercial pour un label de parfumerie, spécialiste des produits de niche, Différentes Latitudes.

Un artisan qui a du jus

Le jeune homme a donc fait un choix de vie, et après sept années de plongée dans le monde de la senteur à se former, il devient nez. Pour mener à bien le projet d’installation qu’il a en tête, il revient chez lui à Tincques et commence à créer ses propres jus avec l’aide du laboratoire Flair, en suivant l’ancien usage de la macération. L’affaire des Eaux Primordiales se développe, les créations se succèdent, les concrétisations se poursuivent.

Le rêve d’Arnaud Poulain ne s’arrête d’ailleurs pas là, il pense déjà à lancer la culture de plantes à parfums sur les terres agricoles de ses grands-parents. Mais il convient déjà d’installer cette marque positionnée résolument sur le haut de gamme.

Un développement rapide

Les produits sont fabriqués à la main selon la tradition de la haute parfumerie française et le rythme de création est de deux à trois jus par an, ce qui représente début 2020 près de 10 000 flacons par jour. Terminé le temps où il démarrait dans son garage cinq ans auparavant, car fin 2018, une levée de fonds auprès de business angels régionaux, à hauteur de 400 000 euros, lui permet de démarrer, puis dans un second temps d’agrandir ses locaux tout récemment, l’atelier atteint à présent les 320 m2. Tous les signaux sont au vert, mais la vie d’un entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille, particulièrement en 2020.

Une certaine vision du luxe

Pour le jeune fondateur de l’entreprise, la question du luxe, dans lequel s’inscrivent ses parfums, est liée à l’intemporalité. Car si l’innovation, la qualité et l’exigence sont parties intégrantes du processus de création et de fabrication, la clientèle est en quête de nouvelles expériences sur des produits raffinés et dotés d’un vrai caractère. Le parfum est pour Arnaud Poulain l’occasion de provoquer des émotions par le biais d’une simple respiration.

Résister au choc

Le confinement a provoqué un séisme dans la jeune entreprise : plus de commerces ouverts, par conséquent, pas de ventes pendant deux mois. Arnaud Poulain subit le choc de plein fouet. Après avoir entendu que certaines entreprises fabriquaient masques et gels, il décide de se lancer dans la production de gel hydroalcoolique afin de sauver sa jeune entreprise. Pas question pour lui de faire cela n’importe comment, on ne se change pas, pourtant il est bien difficile de trouver des flacons.

Finalement, la production démarre en mai : le gel hydroalcoolique produit par l’atelier se nomme Lotion Primordiale. Les salariés ont retrouvé le chemin de la zone Ecopolis de Tincques. Le naturel revenant au galop, il a décidé de proposer pour les parfumeries une version parfumée à base de rose ou de fruits et offert 1 000 flacons à sa commune, qui abrite un peu plus de 800 habitants.

Repartir de plus belle

Pour une jeune entreprise, affronter une crise de ce type reste un traumatisme, même s’il est atténué par les différentes aides mises en place. La solution temporaire du gel doit aider l’entreprise à poursuivre son activité en attendant que les projets d’une autre envergure puissent reprendre. Après tout, les Eaux Primordiales se définissent comme une « Maison de parfum traditionnelle et visionnaire ». Et quand on demande à Arnaud Poulain où il a trouvé le nom de sa marque, la réponse fuse : « Dans 20 000 Lieues sous les mers, Jules Verne évoque les Eaux Primordiales, ce sont les eaux où trouvent vie les organismes premiers. Elles sont les fondements des premiers signes de vie sur terre ».

A.F.

À voir aussi