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Textile : ces entrepreneurs qui réinventent le secteur

La mode reste un vivier d’entreprises dynamiques en France. Notre projecteur sur de jeunes sociétés qui viennent renforcer une filière qui participe à notre renommée dans le monde entier.

Vincent Metzger et Jacques Tiberghien ont lancé "Mes chaussettes rouges" à leur sortie de HEC et de l'ESCP.

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La mode reste un vivier d’entreprises dynamiques en France. Notre projecteur sur de jeunes sociétés qui viennent renforcer une filière qui participe à notre renommée dans le monde entier.

La Une des journaux a souvent porté sur l’aspect polluant de la mode, et surtout sur ce que l’on nomme « la fast fashion », qui multiplie les collections de vêtements à bas prix fabriqués au bout du monde. Cette tendance rencontre toujours un public très nombreux, mais de nouvelles exigences environnementales des consommateurs voient le jour, de plus en plus prégnantes ; ce qui permet à de jeunes entreprises d’émerger dans la filière avec succès.

• Maison Montagut triomphe en Chine

Voici une maison née en 1880 qui a connu tous les aléas de la filière textile. Spécialisée dans la soie, l’entreprise née en Ardèche a peu à peu dû réorienter son activité vers le tricotage de maille. La marque Montagut naît en 1935 et va se transformer en Maison Montagut, l’expert de la maille dont l’offre s’est récemment élargie à la décoration maison et au cadeau. Les dirigeants, Nicolas Gros, directeur général et Marine Lozet-Gros, directrice artistique ont une vraie responsabilité face à un héritage qui date de leur arrière-arrière-arrière grand-père !

Parmi leurs prédécesseurs, difficile de ne pas citer Léo Gros, ingénieur dont le père était teinturier. L’amour le fait entrer dans la famille Tinland et la Bonneterie Cévenole. C’est lui qui met au point le fameux « Fil Lumière », un fil artificiel qui imite la soie, pratique, lavable, et léger. Les polos et pulls Fil Lumière Montagut vont envahir à l’époque l’Indochine et le Moyen-Orient, rencontrant un succès immense encore aujourd’hui en Asie.

International et reconquête du marché français

Le père des dirigeant actuels va impulser une nouvelle dynamique dans le tricotage de la laine, du coton, du cachemire et met en place une gamme beaucoup plus large dans de nombreux magasins en France et à l’étranger. En 2012, la nouvelle génération lance la boutique en ligne et décide de relancer la marque en France, plus connue à l’étranger que sur le territoire national, en particulier en Chine où sont effectuées plus de la moitié des ventes. Les accords de licence ont été revus pour reprendre en main la politique de marque, et l’offre s’est étoffée avec des manteaux, robes, pyjamas de luxe et autres types de vêtements.

Ce travail permet de moderniser l’image à travers l’ouverture de nouvelles boutiques et la diffusion en grands magasins. L’entreprise dispose d’unités de production en France, en Pologne et au Portugal.

• Mes chaussettes rouges, un temple parisien à nos pieds

La boutique parisienne, ouverte en 2012 est une formidable entreprise rentable dont les deux associés, Vincent Metzger et Jacques Tiberghien, peuvent être fiers. Il faut être un peu inconscient pour se rendre à Rome dans le temple des chaussettes rouges destinés au pape et cardinaux, qui fournit soutanes et autres produits destinés au Vatican et demander tout simplement l’exclusivité mondiale pour la distribution de la gamme chaussettes. La célèbre boutique Gammarelli répond pourtant positivement à cette demande, cette gamme représentant une part relativement modeste de son chiffre.

Les Italiens accèdent donc rapidement à cette demande plutôt osée, et bien leur en a pris, le contrat a été renouvelé récemment pour dix années supplémentaires, preuve en est de la satisfaction des deux parties. L’aventure ne faisant que commencer, ce sont ensuite les chaussettes à motif Bresciani, celles du duc de Windsor, maître de l’élégance qui rejoignent l’offre des Chaussettes Rouges, tout comme les Gallo rayées, et d’autres. Pour Mazarin, il en va autrement, les deux associés rachètent cette marque connue pour fournir l’Académie.

Une machine unique en Europe

Il y a peu, Vincent Metzger et Jacques Tiberghien, toujours associés à 50/50 et n’ayant jamais eu recours à des levées de fonds, investissent 100 000 euros pour installer une machine à tisser des chaussettes dans la boutique même, une première européenne. Ils ont ainsi l’occasion de tester de toutes petites séries, personnalisables à souhait, en utilisant environ 4 kilomètres de fil par paire. Bref, la chaussette n’est jamais ennuyeuse avec les Chaussettes Rouges. Les projets fleurissent et s’adaptent à l’air du temps.

Ainsi, en supplément des grands classiques, la gamme de chaussettes invisibles pour baskets va continuer à s’étoffer et une gamme femmes a été lancée il y a un an. En ce mois de rentrée, des pantoufles d’un nouveau genre vont s’adresser aux télétravailleurs, permettant de sortir de chez soi sans pour autant avoir à porter de chaussures. La gamme compte quelques 250 modèles entre 20 et plus de 500 euros pour les précieuses chaussettes en vigogne. Le chiffre d’affaires 2021 devrait atteindre les 2,8 millions (1,8 en 2020), 50% est réalisé à l’étranger et 80% en e-commerce. Parmi les projets, celui d’ouvrir deux autres boutiques, rive droite à Paris, puis Lyon ou Bordeaux va occuper nos deux co-fondateurs.

• Rue Mouffetard, la marque « made in Montélimar »

Sandra Guyard et Malorie Poux sont comme de très nombreux créateurs d’entreprise, volontaires et avec un grain de folie. Il en faut pour lâcher en 2018 leur emploi en CDI et se lancer dans la vente de… nœuds papillon dans la Drôme. Mais elles sont trentenaires, l’âge où l’on peut tout oser, y compris nœuds papillon, chaussettes, bretelles et depuis peu, masques en tissu et autres accessoires pour mariages ou fêtes de Noël, le tout bio et fabriqué en France, destiné non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes et aux enfants. Les ventes se font bien entendu via leur site internet, mais aussi dans des magasins partenaires.

L’entreprise répond également aux demandes spécifiques d’entreprises ou de particuliers et dispose de coffrets mariage et événementiel. Toutes deux créent les modèles qui sont ensuite lancés en fabrication dans des ateliers français qui utilisent des tissus en fibres bio ou labellisés Oeko Tex ou GOTS (Global Organic Textile Standard). Les emballages sont également recyclables et en matériau recyclé, les bretelles sont en cuir végétal. Un vrai défi pour ces jeunes femmes qui sont entre autres soutenues par la French Tech et déploient un grand enthousiasme.

V.D.


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