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Stéphane Courbit, nouveau roi de la boulangerie

Après avoir mis la main sur Ladurée, le groupe de Stéphane Courbit accélère en prenant 35 %, via son fonds d'investissement Lov and Bread, d'Ange, deuxième réseau national de boulangeries. Il veut ouvrir 50 nouvelles boutiques en 2024.

Le milliardaire Stéphane Courbit investit dans Ange

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François Bultel est l’heureux cofondateur d’Ange. Depuis 2008, il dirige ce réseau qui a réussi à s’étendre à partir de son fief d’Aix-en-Provence. Un véritable succès avec ses 265 points de vente et 340 millions d’euros de chiffre d’affaires (environ 50 % du CA sur la pause déjeuner).

Ce n’est pas un ralentissement quelconque qui a mené à l’ouverture du capital, bien au contraire, la croissance est largement au rendez-vous, en France, mais aussi à l’étranger où l’entreprise a installé une trentaine de boulangeries en Europe et même au Canada.

Et les projets sont d’en ouvrir 40 à 50 supplémentaires en 2024. Cette multiplication de projets a sans doute contribué à la décision de François Bultel de céder aux sirènes du fonds Lov & Bread de Stéphane Courbit, tout comme le dynamisme très actif de la concurrence. En effet, la course est lancée depuis plusieurs années derrière le pionnier et leader Paul.

Belle avancée pour Lov & Bread

Stéphane Courbit est connu pour ses investissements diversifiés, en particulier dans le domaine des médias dans lequel il joue un rôle de premier plan, de l’hôtellerie et restauration, un secteur où il investit plus fréquemment récemment. Il vient de créer une nouvelle entité, Lov & Bread, en juin dernier dans laquelle il s’est associé à Nawfal Trabelsi, ancien dirigeant de McDonald’s France.

Ils ont réussi à séduire le président-cofondateur des boulangeries Ange pour que ce dernier ouvre son capital à hauteur de 35 %, un premier pas. Une nouvelle pépite pour le pôle Food du fonds du magnat des médias qui rassemble déjà d’autres entreprises telles que Ladurée, les boulangeries parisiennes et japonaises Liberté ou le chocolatier Maison Fouquet.

30 millions dans un outil industriel

François Bultel, accompagné de ses deux cofondateurs, Patricia Gaffet et Patrice Guillois, n’en est pas à sa première proposition de rachat. L’enseigne, très courtisée par de nombreux investisseurs, n’avait jusqu’à présent jamais cédé aux sirènes extérieures. Le fait est que les projets annoncés par l’entrepreneur sont nombreux et lourds à porter.

L’apport du nouvel actionnaire est donc le bienvenu. Une quarantaine de nouveaux points de vente en 2023, une cinquantaine d’ouvertures prévues en 2024, un projet innovant d’implantation d’une nouvelle franchise et la toute nouvelle arrivée de l’enseigne Ange dans la capitale avec un concept type salon de thé, « Ange Coffee », voici qui demande des moyens financiers et humains importants. Dans ce programme 2024, la mise en place de l’accord de master franchise conclu avec le Canadien « La Cage », un concept de brasserie sportive très populaire chez nos cousins francophones, va demander une nouvelle énergie. François Bultel a négocié la marque en exclusivité pour la développer en France et en Belgique. Et ce n’est pas tout, le fondateur a évoqué une décision industrielle cette fois, un investissement de l’ordre de 30 millions d’euros pour un outil industriel afin de fabriquer les viennoiseries et fonds de tarte aujourd’hui achetés surgelés à des fournisseurs externes. Un point fondamental pour miser sur l’authenticité des recettes.

Besoin de renfort

Toute cette stratégie à déployer explique en grande partie la raison pour laquelle l’enseigne a tout intérêt à se faire épauler par un fonds solide déjà impliqué dans ce secteur. Cette décision trouve également en partie son origine dans le fait que la concurrence s’organise et s’intensifie avec des réseaux forts.

La guerre est déclarée, Ange a fort à faire avec des enseignes elles aussi très dynamiques telles que Louise, Sophie Lebreuilly, Marie Blachère, sans oublier le leader Paul qui, loin de rester immobile, se lance dans la nouvelle aventure des « Paul le Café ». Sans oublier la concurrence d’enseignes étrangères sur ce créneau. Cette concurrence exacerbée ne peut se traduire que par une pression sur les prix à terme, un mouvement qui ne va pas faire l’affaire des boulangeries de quartier ou des réseaux non consolidés.

Concurrent de Marie Blachère ou de Louise (InVivo)

Le marché est en plein bouleversement, toutes les enseignes ne vont sans doute pas poursuivre sur leur lancée, du moins pas avec les mêmes taux de croissance et certaines vont probablement fusionner ou disparaître. Toutes sont aujourd’hui en train de lancer de nouveaux points de vente en cœur de ville et sont donc forcées de modifier un concept qui fonctionne jusqu’à présent très bien en zone périphérique.

Le fait est que ce rachat constitue une belle revanche pour le nouvel investisseur de l’enseigne Ange qui n’avait pas réussi à faire passer son offre pour racheter Louise. Il ne serait pas véritablement étonnant que le pourcentage de 35 % ne soit que la première étape d’un plan plus important. Les ambitions sont d’ailleurs revues à la hausse, le réseau déclarant pour ses 15 ans d’existence en décembre dernier vouloir accélérer sur son concept « Ange Coffee » et en lancer un autre, « O’Frais ».

Il s’agit cette fois d’une offre de produits multifrais auprès duquel se situerait une boulangerie Ange. Un peu comme Grandfrais et Marie Blachère ? Quel appétit !

Anne Florin


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