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Start-up : Coleen, futur Tesla du vélo ?

Coleen, c'est un vélo made in France fabriqué à Biarritz. Cofondatrice de la start-up, Audrey Lefort revient sur les ambitions de l'entreprise basque.

Entreprendre - Start-up : Coleen, futur Tesla du vélo ?

Les vélos électriques Coleen sont des concentrés de technologie. En grande partie fabriqué en France, notamment dans l’atelier de l’entreprise à Biarritz, ce deux-roues vise une clientèle aisée en quête de sensations. Cofondatrice de Coleen, Audrey Lefort, ancienne cadre chez Air Liquide, détaille les ambitions de la start-up qui assume son positionnement élitiste.

Votre parcours avant de fonder Coleen a-t-il un quelconque rapport avec l’univers du cycle ?

Audrey Lefort : Il n’a absolument rien à voir ! Avec Thibault (Thibault Halm, cofondateur de Coleen – ndlr), nous ne sommes pas des passionnés, mais de simples utilisateurs en milieu urbain. Thibault a connu différents secteurs (cheminées, boissons énergisantes…), tandis que moi je suis notamment passée par l’entreprise Air Liquide et le secteur du recrutement.

Comment devient-on fabricant de vélo ?

Audrey Lefort : On était tous les deux passionnés par l’ automobile rétro. On s’ intéressait aussi aux évolutions de la mobilité urbaine. On a donc décidé de transposer ces principes au vélo. Il y a 5 ans, le vélo électrique n’était pas très sexy (sic), il ne donnait pas envie. On a donc voulu travailler sur la « déringardisation » de cette image pour confectionner un beau produit. Il devait être performant, connecté et adapté à son temps.

« Notre priorité est que les composants centraux du projets soient fabriqués en France »

D’où l’idée de Coleen ?

Durant un voyage de césure, nous sommes passés par Taïwan où nous avons découvert le monde du vélo. On a visité des usines, rencontré des fabricants… Ensuite, il y a eu une grosse phase d’études de marché qui a démarré en 2014, ponctuée de voyages dans différents pays, de rencontres avec des points de vente. On voulait comprendre comment fonctionnait le secteur. Une fois la géométrie choisie, on a dessiné les maquettes du vélo. On a contacté un bureau d’études. On est parti de cette base pour lever des fonds.

Vous partiez d’une page blanche ?

On avait 25 ans et aucune expérience dans le vélo. On a débarqué dans ce milieu en affirmant qu’on voulait travailler sur du luxe et tout retravailler de A à Z, ce que même les fabricants traditionnels, armés de leurs énormes budgets, ne font jamais ! Autant dire que cela a été le parcours du combattant… Ça a duré entre 4 et 5 ans. On a fait un énorme travail de recherche et développement sur deux aspects principaux : le cadre et l’électronique. L’ électronique, c’est le nerf de la guerre. L’affichage intégré, ça ne se fait plus aujourd’hui. Nous, on a tout développé.

Vos vélos sont-ils intégralement fabriqués en France ?

Chez les fabricants, cette notion de « made in France » est assez floue. On ne sait plus réellement ce qui est fabriqué, conçu et assemblé en France… En ce qui nous concerne, notre vélo n’est pas complètement « made in France ». Dans notre atelier situé à Biarritz, on fabrique nos cadres et nos fourches en carbone, et on assemble les vélos. La partie électronique (moteur, batterie, affichage, câblage) est fabriquée en Nouvelle-Aquitaine. La sellerie est aussi confectionnée en France, et on récupère les chutes de cuir qu’on envoie à Biarritz pour fabriquer les poignées. Au final, 85% du vélo est fabriqué en France. Les pièces en aluminium (Asie), les vis, les pédales (Asie), la sonnette (Etats- Unis), les freins (Angleterre) sont, quant à elles, réalisés ailleurs. On ne peut pas s’acharner à trouver en France tous les composants. Notre priorité est que les composants centraux du projets soient fabriqués en France.

Quels sont vos objectifs de vente sur l’année 2019 ?

Une centaine d’unités.

Avez-vous des premiers retours ? Sont- ils conformes à vos objectifs ?

Pour l’instant, oui. On est dans les clous, on respecte les délais, même si on n’est jamais à l’abri d’avoir des surprises…

Des géants comme Uber ou Michelin, mais aussi des acteurs spécialisés comme le français Solex ou le suisse Stromer ont investi le secteur du vélo électrique. Coleen ne risque-t-il pas d’être un acteur parmi d’autres ?

Coleen va toucher une clientèle qui cherche à vivre des expériences différentes. Cette clientèle est à la recherche de beaux produits et de nouvelles sensations. Au niveau motorisation, on est sur du 48 volts ; chez Bosch, par exemple, cela descend à 36. Notre vélo fournit plus de puissance, on ressent plus de poussée et de sensations. Au niveau de l’expérience, on va faciliter l’utilisation quotidienne du vélo : plus besoin de clés, il suffit de s’approcher pour qu’il démarre, l’écran permet la réception d’appels et de sms, le système de GPS tracking évite les vols et permet de suivre le vélo en temps réel, l’utilisateur a la possibilité d’optimiser ses trajets…

Le marché du vélo électrique ne risque- t-il pas d’être rapidement saturé ?

Il va s’écrémer. On voit beaucoup de marques émerger avec un produit unique sans identité. Le marché étant en train de se développer, elles saisissent simplement les opportunités.

« Notre objectif est de faire avec le vélo ce que Tesla a fait avec la voiture »

Tesla semble vous inspirer…

Notre objectif est de faire avec le vélo ce que Tesla a fait avec la voiture. Avant Tesla, les voitures électriques se ressemblaient un peu toutes, il n’y avait pas d’effort en termes de design. Quand Tesla est arrivé avec un beau produit, cela a donné envie aux gens d’utiliser l’électrique. C’est exactement ce qu’on a voulu faire avec Coleen. On essaie de changer la vision consistant à penser que le vélo électrique n’est destiné qu’aux personnes âgées qui ne peuvent plus utiliser un vélo classique. Pour nous, il est peut être utilisé par tout un chacun pour rallonger les distances et désengorger les villes.

Envisagez-vous de proposer des vélos plus abordables ?

C’est possible, mais on ne communique pas trop là-dessus. Il est envisageable qu’on travaille à l’avenir sur une version plus accessible, mais on restera toujours sur du haut de gamme, on ne descendra jamais à 1000 ou 2000 euros. La quête du prix n’est pas notre objectif, on recherche le côté plaisir.

Vous avez levé 1 M¤ en il y a quelques semaines, auprès de Bpifrance, du Crédit Coopératif et de la Région Nouvelle- Aquitaine. Quel était l’objectif de cette levée de fonds ?

La première phase du projet devait nous conduire jusqu’au premier prototype, la seconde étant l’industrialisation et la commercialisation du produit. L’argent a permis la mise sur le marché de Coleen en finançant la création de l’atelier (ouvert en janvier 2019 – ndlr), l’outillage, les machines pour la fabrication, les recrutements…

Des industriels français pourraient-ils devenir des partenaires ou actionnaires de Coleen ?

On ne se ferme aucune porte. On rencontre déjà des investisseurs pour la prochaine levée. On choisira les acteurs les mieux adaptés à notre développement.

Propos recueillis par Thibaut Veysset


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