Pour les milliers d’entrepreneurs et de porteurs de projets à la recherche de financements, ouvrir son capital à des particuliers plus ou moins fortunés est une idée séduisante. Mais trouver et convaincre ces business angels n’est pas une mince affaire.
«Homme ou femme d’expérience, disposant de moyens financiers assez importants, recherche entrepreneur ou porteur de projet pour faire un bout de chemin à deux… ou à plusieurs». Tel pourrait être l’annonce type d’un investisseur individuel sur le Meetic des business angels… qu’il faudrait peut-être créer ! Plébiscités par les entrepreneurs, les business angels font partie des rares acteurs de la chaîne du financement qui assument pleinement la part de risque liée à l’investissement dans l’économie réelle.
Risque et accompagnement
Triste constat, l’épargne des Français reste majoritairement tournée vers la rente et pas assez vers l’investissement productif : si les placements financiers représentent près de 4,5 Mds€, l’investissement dans des entreprises non cotées, notamment les TPE et PME, reste marginal.
C’est justement le segment d’action des business angels, qui investissent une part de leur patrimoine personnel contre une prise de participation au capital de l’entreprise. Si celle-ci échoue, les fonds sont définitivement perdus. Ils interviennent généralement dès le début de l’activité, voire avant le démarrage de celle-ci. Dans cette phase qualifiée d’amorçage, les porteurs de projets ont non seulement besoin d’argent mais aussi de conseils, voire de soutien opérationnel.
Au-delà de l’apport en capital, les BA mettent gratuitement à disposition de l’entrepreneur leurs compétences, leurs expériences, leurs réseaux relationnels et une partie de leur temps. Ces deux critères, prise de risque et accompagnement, sont caractéristiques des business angels. Souvent patrons eux-mêmes, les BA sont de véritables partenaires des entrepreneurs, auprès desquels ils restent en moyenne de 5 à 7 ans.
Comment les trouver…
Les médias se font l’écho de l’activité d’investisseurs emblématiques comme Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (ex-Meetic), Pierre Kosciusko-Morizet (ex-PriceMinister) ou Oleg Tscheltzoff (fondateur de Fotolia). Ces entrepreneurs du Web, naturellement enclins à miser sur des start-up du numérique, sont évidemment très sollicités.
Mais l’écosystème des business angels est bien plus large, même si la France est assez sensiblement à la traîne par rapport aux pays anglo-saxons. On estime en effet à 42 M€ les montants investis par les 4.500 business angels français en 2015, contre 300 M€ par leurs 20.000 homologues britanniques.
Les business angels se regroupent la plupart du temps en réseaux afin d’échanger expérience et compétences tout en conservant leur pouvoir propre de décision. Un réseau de business angels est une organisation, le plus souvent sous forme associative, permettant la mise en relation d’investisseurs potentiels et d’entrepreneurs.
Cette approche offre de nombreux avantages, comme la réduction des risques par la mutualisation des investissements, le partage de compétences et d’expertises, des moyens accrus d’études et d’analyse des dossiers pour limiter les erreurs de jugement. Avec une capacité collective d’investissement plus élevée et la capacité à mobiliser une large gamme d’expertises et de contacts, les réseaux sont particulièrement attractifs pour les porteurs de projets complexes.
… et les convaincre
Si l’idée de séduire des investisseurs est aussi attractive que de gagner au Loto, il ne faut pas se faire trop d’illusion. La sélection est sévère et porte autant sur la faisabilité et la réussite potentielle du projet que sur la qualité du ou des porteurs. Le processus se fait généralement en plusieurs étapes. La première passe par le dépôt d’un dossier de présentation du projet (executive summary) de quelques pages, examiné par des professionnels.
Comme pour un CV, il faut être attentif au fond (attention aux incohérences, rédhibitoires) comme à la forme, notamment pour les tableaux financiers (qui reflètent le sérieux de la préparation). Il est possible et souvent préférable de se faire accompagner par des professionnels.
Si le projet est retenu, l’équipe est invitée à présenter oralement son concept devant un comité de sélection lors d’un «pitch» de 10 à 15 minutes maximum, suivi généralement d’une séance de questions/réponses. L’exercice est plus délicat qu’il n’y paraît et il est conseillé de s’y exercer au préalable, voire de suivre une formation adaptée.
Un conseil : rester honnête et réaliste, car l’expérience montre que la création d’une entreprise est toujours plus difficile, plus coûteuse et plus longue que prévu, d’autant que les interlocuteurs sont des professionnels qui ont déjà vécu tout cela. Pas question donc de leur présenter une version idyllique, sous peine d’être renvoyé dans les cordes.
Lorsque ces deux premières étapes se sont bien passées, c’est maintenant que tout commence : les business angels intéressés examinent le projet dans les moindres détails (due diligence) et commencent les négociations sur les conditions de leur entrée au capital.