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Sidi Mohamed Kagnassi : un homme d’affaires aussi discret que puissant

Entreprendre - Sidi Mohamed Kagnassi : un homme d’affaires aussi discret que puissant

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Après des études en Suisse puis aux Etats-Unis, où il se spécialise dans le négoce, Sidi Mohamed Kagnassi intègre le groupe familial l’Aiglon. Le début d’une carrière bien remplie, dont l’homme d’affaires malien saura tirer parti.

Rayonnement international

Jalousé par certains, adulé par d’autres, Sidi Mohamed Kagnassi, surnommé SMK, est décrit comme un “homme d’affaires impitoyable” par ses proches. La raison ? Ses qualités évidentes de négociateur, mais également son patronyme. Du côté de son père, Sidi Kagnassi est descendant de l’ancienne famille royale des Traore, au Mali, qui règne dès le 8ème Siècle. Pour désigner les descendants de la reine mère, les sujets avaient pour habitude de dire “Kandia Chi”, ce qui se transformera progressivement en “Kagnassi”.  Son père, Cheikna Kagnassi, était un riche entrepreneur malien installé à Genève. Il crée l’Aiglon en 1967 et intègre rapidement le prestigieux milieu des affaires genevois. Cette multinationale à capitaux 100% africains est alors spécialisée dans le commerce et le négoce de coton.

En 1989, après avoir quitté les bancs de l’université, Sidi Mohamed Kagnassi est jeté dans le grand bain et prend les rênes de Karité SA, une société spécialisée dans le négoce de café et de cacao. Peu de temps après son arrivée en Côte d’Ivoire, il crée, avec Vincent Bolloré, la LCCI (La Compagnie Côtière Ivoirienne), une filiale spécialisée dans les produits tropicaux (café, cacao, riz et coton). Si le Français détient 20% des parts de la société, la grande majorité (les 80% restants) appartient à l’Aiglon.

Fort de l’obtention de bons résultats par la LCCI, Sidi Mohamed Kagnassi prend la direction de l’ensemble des entreprises affiliées à l’Aiglon sur la Terre d’Eburnie. Le groupe fait alors son entrée dans la cour des grands du milieu agro-industriel et s’impose comme l’une des sociétés les plus performantes du secteur. “Sa filiale LCCI, de simple négociant se fit remarquer sur les places boursières européennes, partout où se négociaient les cours des matières premières africaines”, se rappelle un de ses proches. En 1997, lors de la vague de privatisations du secteur agro-industriel ivoirien, les actifs de la CIDT (coton) de 30 milliards de francs CFA, de la SODESUCRE et de Ci-Telecom sont cédés. LCCI en profite pour acquérir une partie des actifs de la CIDT et construire une nouvelle usine d’égrenage de coton à M’Bengue, pour un montant de 9 milliards de francs CFA.

Résilience face à la crise

L’usine de coton nouvellement lancée entame sa production, mais le 19 septembre 2002, une rébellion armée est déclenchée dans le nord du pays. Les entrepôts sont vandalisés, l’exploitation est pillée et les investissements financiers sont réduits à néant. Les dettes s’accumulent et les planteurs de coton, conscients des difficultés financières que traverse l’entreprise, décident de vendre leur production ailleurs. Deux ans plus tard, à cause des répercussions financières sur LCCI, cette dernière est liquidée et l’Aiglon fait faillite. Pour combler les pertes financières du groupe familial, Sidi Mohamed Kagnassi tente une reconversion dans le milieu de la finance, en créant Versus Bank. Le succès est immédiat… mais de courte durée. Des alliances douteuses, dans lesquelles sont impliqués certains de ses collaborateurs, font courir l’établissement à sa perte.

Mais parier sur la chute de Sidi Mohamed Kagnassi serait mal le connaître. Plutôt que de sombrer, l’homme d’affaires se relève, toujours plus fort. Malgré ses déboires dans les secteurs de l’agro-business puis de la banque, il crée en 2006 la société Albatros et se lance dans le marché stratégique de l’identification biométrique. Contrôle du processus démocratique et promotion de la transparence, tels sont les maîtres mots de sa nouvelle mission. Pour mener à bien son projet et renforcer son empreinte dans ce nouveau milieu, il s’associe avec la société française nouvellement créée Safran, dont il devient le représentant en Afrique de l’Ouest.

Discrétion et humanisme

Au fil des années, Sidi Mohamed Kagnassi acquiert la confiance de multiples personnalités d’envergure issues du milieu des affaires. Il multiplie les projets en tout genre, décrochant de nombreux contrats grâce à sa capacité à trouver les financements privés nécessaires à l’international, notamment en Suisse. En 2011, il remporte le chantier de réhabilitation de l’université Félix Houphouët-Boigny à Cocody avec sa nouvelle entreprise spécialisée dans le BTP et l’équipement : SIMDCI (Société des infrastructures modernes pour le développement de la Côte d’Ivoire). Ces travaux de modernisation sont par la suite étendus à quatre autres universités nationales pour un montant total de 110 milliards de francs CFA : Nangui Abrogoua (Abobo-Adjamé), Pèlefro Gon Coulibaly (Korhogo), Lorougnon Guédé (Daloa), Alassane Ouattara (Bouaké).

Ayant connu de nombreux succès, Sidi Mohamed Kagnassi pourrait savourer les fruits de cette carrière bien remplie en se retirant des affaires. Il n’en est rien. Selon l’un de ses amis, actuellement, Sidi Mohamed Kagnassi “étend ses tentacules à plusieurs domaines dont le transport aérien et les médias, sans renoncer à ses premiers amours, le trading« . Tout en veillant à cultiver ses puissants réseaux et sa qualité première, érigée en véritable mantra : la discrétion la plus totale.

Une anecdote livrée par l’un de ses amis renseigne bien sur cette discrétion, rehaussée d’un humanisme que ce fervent musulman place au-dessus de tout : « Il y a de cela une quinzaine d’années, Sidi m’appela un matin pour me faire part d’une préoccupation. Il venait de lire un SOS en parcourant un article publié dans le quotidien gouvernemental Fraternité matin. L’auteur de l’article alertait dans le but de sauver un enfant souffrant d’une tumeur au cou et dont le cas nécessitait une intervention chirurgicale. M. Kagnassy me demanda de prendre attache avec le médecin traitant au CHU de Treichville pour évaluer le coût du traitement. Ce que je fis. Après quoi, il me remit la somme nécessaire (plusieurs millions de FCFA) pour l’opération, mais aussi une enveloppe destinée aux parents pour le suivi postopératoire. Le plus fort, c’est qu’il exigea que son identité ne soit dévoilée à personne. Ni à la famille du malade, ni au médecin traitant ! » Difficile de mieux croquer le caractère de Sidi Mohamed Kagnassi, homme d’affaires redoutable n’ayant pourtant jamais assis sa réussite sur le malheur des autres, vers lesquels il demeure tourné, aussi et surtout s’ils ne font pas partie des puissants de ce monde. 


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