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Révolution dans les métiers de l’informatique

Entreprendre - Révolution dans les métiers de l’informatique

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En un demi-siècle, l’informatique a évolué plus rapidement que n’importe quel autre secteur. Diplômée d’un Master en informatique à l’École normale supérieure (ENS), Axelle Ziegler, Directrice Générale de l’école d’informatique SUPINFO (Groupe IONIS) depuis mai 2022, nous livre son regard sur cette profonde mutation, tout en évoquant la question de la diversité dans la tech et les enjeux environnementaux.

L’histoire de l’informatique s’articule autour de trois grandes phases. Du milieu des années 50 au début des années 80, cette discipline est scindée en deux domaines étanches : d’un côté, une informatique de niche avec des applications très spécifiques, comme les calculateurs de la Nasa ; de l’autre, une informatique très théorique qui s’interroge conceptuellement sur ce que l’informatique pourrait être et ce que l’on pourrait faire avec des machines.

De 1980 à la première décennie des années 2000, les informaticiens sont devenus des techniciens hyper compétents, avec à la fois un bagage théorique et pratique, et ont contribué au développement des solutions que nous utilisons actuellement en puisant dans le corpus théorique construit par leurs prédécesseurs. La recherche théorique en informatique s’est vue appliquée en pratique de plus en plus rapidement dans de nombreux domaines.

Il faudra attendre les années 2000 pour assister à une convergence presque totale entre la théorie et la pratique dans la plupart des domaines. « Aujourd’hui, explique Axelle Ziegler, lorsqu’un chercheur en IA de Stanford publie un papier sur le Machine Learning, la solution est implémentée chez Google dans les six mois qui suivent », explique Axelle Ziegler.

LE NOUVEAU VISAGE DES PROFILS INFORMATIQUES

À l’exception de quelques entreprises particulières, les informaticiens hyper spécialisés, souvent chercheurs ou experts pointus de leurs domaines, n’ont pas leur place dans les entreprises généralistes, mais au sein d’entreprises spécialistes, fournissant solutions techniques, frameworks, conseils et logiciels en mobilisant ces compétences techniques lourdes.

À l’inverse, l’expert métier de l’informatique se doit de connaître ces solutions et de savoir les mettre en œuvre dans les contextes pratiques. « Aujourd’hui, précise la directrice de SUPINFO, un informaticien doit avoir la capacité de mobiliser l’ensemble des technologies et des ressources matérielles et logicielles puis de faire appel à cette invraisemblable somme de connaissances et de compétences acquises pour être en mesure de choisir, de programmer, de paramétrer, de faire interagir et d’interconnecter des solutions techniques au service d’un problème d’entreprise. »

La majorité des problèmes techniques qui constituent le quotidien des entreprises étant à présent relativement bien résolus théoriquement, l’informaticien doit désormais attester d’une sensibilité métier très forte pour être en mesure de répondre spécifiquement à une problématique.

« Désormais, la question n’est pas celle de trouver une nouvelle solution tech-nique mais d’être capable de mobiliser les solutions techniques existantes, de les inter-connecter entre elles, de s’assurer qu’elles sont sécurisées, disponibles, accessibles et ergonomiques pour les utilisateurs » détaille Axelle Ziegler. Si le moyen reste inchangé puisqu’il est toujours question d’ordinateur pour créer des choses permettant de résoudre des problèmes rencontrés par les êtres humains, les compétences mobilisées ont quant à elles profondément évolué. « Aujourd’hui, un informaticien en entreprise doit adapter des outils à des besoins concrets d’utilisateurs et attester d’une double culture technique et métier afin de proposer des solutions intelligentes et efficientes. »

ADAPTER LES FORMATIONS AUX NOUVEAUX ENJEUX

Depuis sa création en 1965, SUPINFO a considérablement évolué afin de répondre aux nouveaux enjeux de l’informatique et aux évolutions des entre-prises. Présente dans cinq villes de France (Caen, Lille, Lyon, Paris et Caen), l’école assure des débouchés professionnels de haut niveau.

« Nous formons nos étudiants en deux temps, précise la directrice de l’école. Une première partie de la formation est dédiée à l’acquisition des bases techniques (informatique théorique) afin qu’ils com-prennent dans quel monde ils évoluent et sur quelles fondations ils sont assis. Nous leur proposons ensuite de se spécialiser et d’apprendre à utiliser et à sélectionner des logiciels (frameworks, etc) qui sont présents en entreprise en allant chercher les meilleurs savoirs et les meilleures méthodes. »

L’objectif de SUPINFO n’est pas d’apprendre aux étudiants à développer un algorithme de Machine Learning ou à faire de la recherche fondamentale. L’école spécialisée dans l’informatique leur apprend à mobiliser des frameworks, des outils et des algorithmes, à évaluer leurs différents avantages et inconvénients, et à sélectionner et déployer les plus adaptés pour les appliquer à des problèmes concrets en entreprise. Pour Axelle Ziegler, il ne s’agit pas de réinventer la roue, que ça soit en matière de déploiement, d’intelligence artificielle ou de traitement de données, mais de connaitre le panorama des outils permettant d’effectuer ce travail efficace-ment.

« On se concentre désormais sur les fournisseurs de service, que ça soit dans le cloud ou les logiciels pour permettre aux étudiants d’avoir directement en mains les outils qui leur seront utiles en entreprise. »

LA QUESTION DE LA DIVERSITÉ DANS L’INFORMATIQUE : DEUX RÉALITÉS CONTRASTÉES

L’évolution du profil de cette catégorie d’informaticiens — de purs théoriciens à des personnes qui s’intéressent aux usages et deviennent la voix des utilisateurs — a rendu la diversité de cette population extrêmement importante pour adresser au mieux les problématiques.

« La transformation du métier d’informaticien vers celui de « designer » de logiciels à destination des utilisateurs place la question de la diversité au cœur des enjeux, et participe activement à dépasser le biais humain naturel qui pousse à se concentrer sur les besoins des personnes qui nous ressemblent », indique Axelle Ziegler.

Le bilan est moins satisfaisant sur le plan de la féminisation : malgré les efforts déployés sur les vingt dernières années, la situation ne s’améliore que très lentement. « Il est regrettable qu’une grande partie des femmes se privent de cette perspective professionnelle et de cet outil d’impact social, en particulier dans un contexte de combat qui vise à promouvoir l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. » Persuadés que les métiers de l’informatique sont dénués de toute dimension sociale, les parents imaginent difficilement leur fille pour-suivre sa carrière dans ce secteur.

« Il est donc essentiel de sortir des représentations stéréotypiques des informaticiens et de promouvoir l’image de ce qu’est devenu l’informatique, dont les métiers intègrent désormais une forte dimension sociale, avance la Directrice Générale de SUPINFO. Le travail à réaliser en amont sur la représentation que l’on peut avoir des carrières dans l’informatique reste donc conséquent. » SUPINFO est très for-tement impliqué dans la féminisation du secteur. Ainsi, la Directrice Générale et la marraine de la dernière promotion (Doris Birkhofer, Présidente de SIEMENS France) sont des femmes.

« Nous avons à cœur de promouvoir des modèles positifs auprès de nos étudiants et de rendre la scolarité de celles qui font le choix de venir dans l’informatique le plus agréable possible » souligne Axelle Ziegler.

TAUX D’EMPLOYABILITÉ TRÈS ÉLEVÉS ET SALAIRES ATTRACTIFS

Les études d’informatique offrent parmi les meilleures perspectives professionnelles avec des taux d’employabilité très élevés et des salaires à l’embauche particulièrement attractifs, rivalisant avec ceux des grandes écoles de management et d’ingénieurs (chiffes à la sortie de SUPINFO 37.000 euros bruts en moyenne au niveau national). Ce sont par ailleurs des professions relativement souples offrant la possibilité de faire du télétravail, de travailler à temps partiel et permettant une mobilité géo-graphique grâce à des opportunités de travail dans toutes les grandes villes).

Isabelle Jouanneau



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