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Qwant, le moteur de recherche « made in France », n’a pas dit son dernier mot

Entreprendre - Qwant, le moteur de recherche « made in France », n’a pas dit son dernier mot

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Alors que le moteur de recherche français Qwant a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi la semaine dernière, l’entreprise a jusqu’à présent réussi un parcours solide et dispose de nombreux atouts pour rebondir.

On le disait en perte de vitesse par rapport aux géants anglo-saxons. Qwant est pourtant loin d’avoir dit son dernier mot. Dans un contexte d’inquiétudes croissantes à l’égard de la protection de la vie privée, le positionnement du moteur de recherche créé par Eric Léandri en 2013 est en effet plus que jamais d’actualité. Le respect de la vie privée des utilisateurs, érigé en principe absolu par son fondateur, ont en effet assuré au moteur de recherche sa notoriété auprès du grand public. Et permis à se dernier de se tailler une place aux côtés des mastodontes mondiaux d’internet.

5 millions de visiteurs uniques par mois en France

Qwant, qui est utilisé par 5 millions de visiteurs uniques par mois en France, a connu une forte accélération de sa fréquentation au cours des dernières années. Entre fin 2016 et juin 2019, le moteur de recherche a ainsi gagné quelques 61 millions de visiteurs. Fin 2019, 11% des Français déclaraient avoir déjà utilisé Qwant comme moteur de recherche pour naviguer sur Internet.

Car si Qwant est récemment devenu le moteur de recherche par défaut de l’administration française, celui-ci est aussi utilisé par de nombreuses entreprises, comme BNP, Caisse d’Epargne ou Thales, par de grands médias comme Le Monde ou par des entreprises publiques comme la SNCF. Sous l’ère Léandri, le moteur de recherche tricolore est en outre devenu le moteur de recherche par défaut du récent Huawei P 40 et dispose d’un partenariat mondial avec Samsung Internet ainsi qu’avec Vérizon Média.

L’entreprise peut également jouir du soutien appuyé des autorités publiques. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, voit en ce moteur de recherche “une réponse à tous les sceptiques qui pensaient que la France et l’Europe ne peuvent pas rivaliser avec les géants américains d’Internet”.

Un chiffre d’affaires en progression

Qwant, qui tire ses recettes de la publicité en ligne et de partenariats avec des entreprises, a atteint 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Les revenus du moteur de recherche ont ainsi connu une augmentation de 165% entre décembre 2017 et novembre 2019. Ses capacités financières proviennent en outre de ses deux actionnaires, Axel Springer et la Caisse des dépôts, qui détiennent chacun 20% du capital. Le prêt de 25 millions d’euros accordé par la Banque européenne d’investissement a permis à l’entreprise de développer sa gamme de services et d’embaucher jusqu’à 160 salariés, non seulement à Paris, mais aussi à Épinal, Rouen, Nice et Ajaccio.

Si la route est encore longue pour challenger les deux moteurs de recherche leader (Google et Bing), la performance de Qwant est à saluer. Face à des géants dont les investissements en R&D se chiffrent en milliards, Qwant est selon Médiamétrie le 4eme moteur de recherche utilisé en France, avec des ressources bien plus limitées.

Protéger les données personnelles des internautes

Pour garantir le respect des données personnelles des internautes, sa promesse différenciante par rapport aux géants d’Internet, Qwant s’est engagé à respecter trois principes : la minimisation des données collectées, la pseudonymisation des données et la protection des données utilisateurs vis à vis des tiers. À ce titre, Qwant a développé ses propres algorithmes qui fonctionnent sans être alimentés par les données personnelles des utilisateurs. Ils peuvent ainsi bénéficier d’un service fonctionnant sans cookies et sans conservation des données de navigation.

Ce point a d’ailleurs a été vérifié lors d’un audit mené en 2019 par DINSIC et L’ANSSI qui soulignait que « le respect de la vie privée et la protection des données personnelles font effectivement l’objet d’une protection particulière par Qwant, notamment comparativement aux pratiques des autres moteurs présents sur le marché ».

Au-delà des succès rencontrés depuis juillet 2013, la question est maintenant de savoir si la stratégie de la nouvelle direction visant à se concentrer sur une gamme plus limitée de produits avec une équipe resserrée permettra à l’entreprise de poursuivre son développement. Si le choix de supprimer les différentes verticales parfois éloignées du cœur de métier de Qwant paraît a priori comme une décision économiquement pertinente, certaines comme Qwant Cause permettaient d’attirer de nombreux utilisateurs désireux de concilier navigation sur internet et geste solidaire.


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2 commentaires sur « Qwant, le moteur de recherche « made in France », n’a pas dit son dernier mot »

  1. Article intéressant et bien traité, les faiblesses comme les qualités sont évoquées sans qu’il y ait une envie d’enterrer ce projet.

    Répondre
  2. Enfin un article qui ne fait pas que taper sur Qwant. On aime bien en France s’auto-flageller, même lorsqu’on a une entreprise ambitieuse qui s’attaque à un Gafam, et ce avec une approche protectrice des données. Alors oui tout n’est pas parfait, oui des erreurs ont été commises, et oui il reste à gagner de l’indépendance vis-à-vis de Bing. Mais ne peut-on pas être fiers pour une fois d’avoir une start-up qui développe son propre index, et qui permet d’espérer une alternative au tout-puissant Google ?

    Répondre

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