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Pierre Castel, fils d’immigrés espagnols, a bâti un empire évalué à 13 milliards d’euros. Il détient aujourd’hui 80% du 3ème négociant de vins au monde et du géant de la bière en Afrique.
L’entreprise familiale Castel Frères est l’un des géants du secteur du négoce du vin, avec des ventes de plus de 400 000 bouteilles par an. Leader en France, elle occupe également une place de choix sur le marché international, se classant troisième au podium mondial.
Castel Frères est installé sur trois métiers : celui de négociant pour la plus grande part, de vigneron avec 1 400 hectares de vignobles en Bordelais (le groupe est le premier propriétaire bordelais), en Provence, dans la Loire ou le Languedoc, et celui de commerçant via des enseignes de caviste et vente en ligne comme Nicolas ou Vinatis. Reconnu par les experts pour son savoir-faire en matière d’industrie, de marketing, et de commerce, le groupe est très présent dans les rayons de la grande distribution, ce qui lui assure ses volumes élevés.
Il fait partie des fournisseurs historiques qui n’ont pas hésité à vendre leurs vins aux nouveaux premiers hypermarchés des années soixante. Ses marques les plus connues des consommateurs et les plus abordables sont Roche Mazet et Baron de Lestac, sans oublier des marques plus anciennes telles que Vieux Papes et la Villageoise. Il est également l’un des fournisseurs principaux des vins à marque de distributeur.
Sa position s’est ensuite construite sur une série de rachats, comme Patriarche en Bourgogne ou Listel en association avec Vranken. Aujourd’hui, Castel Frères est dirigée par les frères Alain, PDG, Philippe, et Jean-Bernard Castel, tous trois neveux du fondateur nonagénaire Pierre Castel, toujours à la tête du groupe.
UN CONCURRENT TRÈS ACTIF
Si Castel Frères représente une franche réussite entrepreneuriale, on ne peut cependant que constater que ce succès commercial remporté en France et en Europe a eu plus de mal à s’imposer à l’export, où il est dépassé par son concurrent principal, également bordelais, les Grands Chais de France, qui disposent d’une marque forte en termes de ventes internationales, J.P. Chenet.
Premier exportateur de vins français, ce groupe familial discret est fondé par l’Alsacien Joseph Helfrich, quasiment jamais interviewé comme Pierre Castel. Il estime que son véritable concurrent n’est pas le groupe Castel, car le défi commercial se joue pour lui ailleurs qu’en France, l’export représentant 75% de son chiffre par rapport aux 25% de Castel Frères.
Il est donc confronté à l’énorme Gallo, premier producteur de vin au monde, et globalement aux vins du « Nouveau Monde ». Son objectif est clair : faire en sorte que l’importateur étranger pense systématiquement aux Grands Chais de France lorsqu’il recherche des vins français.
BOULEVERSEMENT DANS LE GROUPE
Même si cela ne concerne pas directement l’activité viticole, il est indispensable de parler de l’autre grand pilier du groupe, les Brasseries et Glacières Internationales, N°2 de la bière en Afrique avec des marques telles que Castel, 33 Export et Flag, entre autres, également fabricant de sodas et sodas alcoolisées.
En janvier dernier, Castel signait une lettre d’intention afin d’acquérir une verrerie en Algérie, l’objectif étant la réduction du plastique dans le groupe en Afrique et un approvisionnement de plus en plus local en matières premières. Le chiffre d’affaires de cette branche est supérieur à 4 milliards d’euros et Pierre Castel n’a jamais caché que les marges dégagées par cette activité étaient bien supérieures à celles du vin, même si Castel Frères reste une affaire rentable.
La division de l’eau a été vendue en France en 2008 (Cristaline, Chateldon, etc…) et récemment, plusieurs ventes ont eu lieu en Afrique, concernant l’embouteillage plastique afin de privilégier le verre. Le média Jeune Afrique a évoqué la vente de l’activité minotière du groupe.
LE GÉANT DU VIN ÉVOLUE
Pierre Castel pourrait devenir le premier centenaire à la tête d’un groupe leader français. Sa succession est prévue et organisée, avec une présence forte de la famille dans le groupe. Ces dernières années, Castel Frères a accéléré sur la voie du durable, s’engageant notamment sur le plan zéro carbone en 2050, et dans des certifications de type Terra Vitis.
Le groupe s’est engagé concrètement en matière de limitation de gaz à effet de serre, d’impact des emballages et de valorisation des déchets. Si Castel Frères ne réalise plus les mêmes volumes que par le passé, c’est que le marché change : les consommateurs boivent moins de vin, mais achètent plus cher. L’offre s’adapte à ces nouvelles envies, proposant des vins adaptés à la demande.
Les ambitions à l’international restent au premier plan, avec des gammes AOC à mettre en avant au-delà des vins plus compétitifs.
