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Vincent Bolloré est connu pour avoir le nez fin. Son dernier investissement, l’entrée au capital de l’opérateur français Rubis (6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, 4 700 salariés) à hauteur de 5 %, soit 130 millions d’euros, selon le cabinet Oddo BHF, confirmera-t-il sa réputation ?
Une société au Luxembourg
Cette opération, qui transite via une société basée au Luxembourg (Plantation des Terres Rouges), suscite en tous les cas de nombreuses interrogations. Que vient faire le patron breton dans un groupe indépendant, inconnu du grand public, qui s’est développé dans les hydrocarbures, notamment autour de la distribution de carburants, gaz liquéfiés et bitumes ?
Pas d’OPA en vue ?
Selon certains observateurs, cet investissement surprise est d’abord une opération financière et témoigne de la confiance de Bolloré dans le potentiel de Rubis, qui affiche d’excellents résultats financiers (354 millions d’euros de résultat net) et profite d’un recentrage sur certaines activités à forte valeur ajoutée. L’homme d’affaires étant passé maître dans la création de valeur à travers des participations minoritaires, tout porte à croire que le choix d’investir dans Rubis n’est pas anodin.
Un investissement financier
Selon le cabinet Oddo BHF, « il s’agit d’un investissement essentiellement financier avec la possibilité d’accroître sa participation (et de chercher à rallier d’autres actionnaires), mais il n’a pas vocation à prendre le contrôle de Rubis à court/moyen terme ». Une prise de contrôle à moyen terme de Bolloré est en effet très improbable en raison de l’organisation de Rubis (société en commandite par actions) qui complique les OPA. L’une des autres raisons ayant pu pousser le Breton à investir est sa parfaite connaissance du secteur dans lequel évolue Rubis, son groupe possédant lui-même des actifs dans des domaines similaires (logistique pétrolière, électricité).
Bolloré, mais aussi Dassault et… BlackRock
Quels que soient les intentions de Bolloré, le fait qu’il ait misé sur Rubis a fait bondir le cours de l’action et lui a permis d’atteindre un nouveau plus haut. Les investisseurs semblent donc faire confiance au flair du magnat français. Et les actionnaires actuels de Rubis se frottent les mains. Même s’il faudra sans doute attendre le 11 juin prochain et l’assemblée générale pour connaître les réelles intentions de l’homme d’affaires français et des autres actionnaires de référence de Rubis (la famille de Patrick Molis, Dassault, BlackRock).