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Olivier Lombard : « Hopium a des points communs avec Tesla »

Olivier Lombard

Formidable défi : À 31 ans, Olivier Lombard créé une nouvelle marque automobile révolutionnaire. Rendez-vous au Mondial de l’Automobile de Paris du 17 au 23 octobre 2022 pour la présentation de la berline à hydrogène Hopium.

Comment devient-on entrepreneur automobile ?

Olivier Lombard : C’est souvent une affaire de famille. Mon père a commencé en tant que mécanicien jusqu’à devenir patron d’écurie, et mon oncle était passionné de voitures anciennes, j’ai commencé à regarder le moteur d’une Darracq 1902, une voiture qui fait partie de l’épopée automobile française. J’ai donc fait des années de karting jusqu’à 17 ans, puis je suis passé à la voiture, à la monoplace, mais c’est à l’endurance que je dois les meilleurs moments de ma carrière de pilote, notamment lorsque j’ai remporté en 2011 les 24 heures du Mans en catégorie LMP2.

C’est en 2012 que j’ai découvert la technologie de l’hydrogène que je ne connaissais absolument pas en participant à un pro-gramme d’essais de voitures de compétition à hydrogène pour un laboratoire suisse. De là est né une vision, construire une marque à partir de zéro, un constructeur dédié à l’hydrogène, une nouvelle plateforme technologique optimisée qui répondrait aux critères que nous recherchons tous pour la voiture. Être pionnier présente un grand intérêt, nous sommes les premiers à développer en fonction d’autant d’exigences en termes de puissance, d’autonomie.

Nous faisons évoluer la voiture en poussant la technologie dans ses retranchements, en la faisant évoluer rapidement. C’est en travaillant avec tous nos ingénieurs que j’ai acquis mes connaissances sur l’hydrogène.

Le projet global s’élève à 800/900 millions d’euros, entre la phase de développement, la construction d’une usine et le lancement, où en êtes-vous ?

Les deux investisseurs historiques sont Rachid Bakhtaoui (fondateur d’Easy-bourse, dirigeant du Real Madrid Resort) et Pascal Chevalier (fondateur de Reworld Media) qui ont cru en nous dès les débuts. Le projet a été lancé en 2019, la Machina a été présentée en septembre 2020 et fin 2020, nous sommes entrés sur Euronext Growth cette année. Nous avons levé 20 millions, et sécurisé une nouvelle enveloppe auprès d’un fonds d’investissement américain, 50 millions d’euros sur 3 ans. Nous aurons bien sûr besoin d’autres levées de fonds pour une montée en puissance financière.

Quel est le planning de lancement ?

Nous sommes dans une phase de développement encore aujourd’hui, bientôt en pré-industriel, avant de passer à l’industrialisation et l’évolution des véhicules. En 2022, nous travaillons sur la plateforme technologique, puis ce seront les technologies embarquées en 2023 et la montée en puissance courant 2024 avec des moyens

industriels, les recherches de raffinements, les essais, les tests homologation et certification avant le lancement commercial premier semestre 2025. En parallèle, nous examinons aussi la partie matériaux rares, l’aluminium, pour nous concentrer autant que possible sur des matériaux bio sourcés.

Où allez-vous construire votre usine ?

Le site de notre future usine est identifié en France. Ce sera un site en accord avec son temps, nous réfléchissons beaucoup à cette usine, notamment pour qu’elle soit la plus respectueuse possible de l’environnement et qu’elle s’intègre dans les collectivités locales.

Nous allons démarrer la construction l’an prochain, l’annonce officielle est prévue en fin d’année. La marque et l’usine sont françaises, mais nos marchés cibles sont l’Europe avec un accent sur la France et l’Allemagne, très actifs dans le domaine, et les États-Unis, notamment la Californie. Notre idée stratégique est de démocratiser l’hydrogène. En arrivant avec un véhicule qui soit le porte-drapeau, la vitrine technologique sur le segment premium des 110-140 000 euros, puis notre souhait est de cibler des segments plus mass markets pour aller chercher les volumes.

Qu’en est-il de la distribution ?

Elle passera évidemment par la vente en ligne, les configurateurs actuels sont très poussés, on peut vraiment entrer dans la voiture virtuellement. Il y aura quelques points de distribution physique, mais nous restons ouverts à d’autres choix. Nous serons présents au salon de Paris avec notre Machina Vision déjà présentée de façon digitale il y a trois mois. Jusqu’à présent, nous avons été discrets, mais nous y ferons un ensemble d’annonces sur la technologie, car nous voulons partager notre vision.

Et la concurrence ?

Hopium est lancé dans une course de vitesse, car il va y avoir de nombreuses nouvelles technologies en 2024-2025. En hydrogène, il y a NamX dont j’ai entendu parler, sinon les projets concernent surtout les poids lourds.

Nous sommes plus ou moins seuls et prenons de l’avance sur la tech. Nous avons des points communs avec Tesla, dans le sens où Elon Musk a créé une marque automobile de toutes pièces à un moment où tout le monde pensait que c’était impossible. Il a démontré qu’au contraire, tout est possible, et provoqué une prise de conscience : on peut se tourner vers d’autres technologies que le moteur à combustion.

Je sais à présent tout ce que cela représente de sacrifices et de travail au quotidien. La grande différence d’avec Tesla est qu’avec Hopium, nous offrons un véhicule qui ne perturbe pas le quotidien des clients, contrairement à l’électrique qui est une technologie qui présente de nombreuses contraintes dans son utilisation de par l’autonomie et les recharges. Chez Hopium, l’aventure est d’abord humaine, il y avait une dizaine collaborateurs de talents en juin 2021, il y en a aujourd’hui 140 et l’an prochain, nous serons, 350 à 400, principalement des ingénieurs.

Vous avez engrangé un millier de précommandes ?

Oui, nous avons lancé une opération sur un créneau en septembre dernier. C’est un très bon indicateur de l’attractivité que peut générer notre voiture.

Votre conseil à un néo-entrepreneur ?

Au-delà des finances, l’important est d’avoir les bonnes personnes autour de vous, un noyau dur autour duquel construire ses équipes. Nous arrivons à recruter, car notre projet est attractif, il est technologique, au-tour de l’automobile qui fait partie de l’imaginaire, et nous avons de très gros challenges pour construire l’avenir de l’automobile avec un impact positif.

Je pense que le fait d’être un sportif de haut niveau vous prépare à être entrepreneur, car vous êtes déjà habitué à un niveau élevé de rigueur, de travail, il faut donner beaucoup d’énergie et savoir la gérer. Si l’on a pour ambition de développer un pro-jet, on sait qu’il va falloir donner le maximum pendant x années. Personnellement, je pense qu’il faut aussi savoir se faire confiance, écouter son instinct, son intuition. Plus le projet est lourd, plus c’est exigeant.

Propos recueillis par Anne Florin




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