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Notre miel va-t-il disparaître ?

Les colonies d’abeilles s’effondrent, la production de miel aussi, malgré un regain d’intérêt pour l’apiculture et une forte demande. Il est grand temps de professionnaliser la filière !

Entreprendre - Notre miel va-t-il disparaître ?

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Les colonies d’abeilles s’effondrent, la production de miel aussi, malgré un regain d’intérêt pour l’apiculture et une forte demande. Il est grand temps de professionnaliser la filière !

Produit 100% naturel, doté de vertus thérapeutiques et esthétiques reconnus, le miel et l’apithérapie ont le vent en poupe. Un intérêt d’autant plus fort que le grand public a pris conscience du rôle essentiel des abeilles dans le maintien de la biodiversité à grands coups de campagnes médiatiques. Mais paradoxalement, la production de miel en France n’a jamais été aussi basse.

Un marché qui chute

La France consomme 40.000 tonnes de miels par an, soit 600 g par habitant et par an, plaçant le pays parmi les plus forts consommateurs d’Europe, pour un CA estimé à 133,5 M€. Pourtant, la production de miel a chuté de 65% en 20 ans, dont 50% au cours des 3 dernières années, passant de 32.000 tonnes en 1995 à seulement 10.000 tonnes en 2014 (source : Union nationale des apiculteurs français (Unaf).

Conséquence, les importations, essentiellement de Chine, pèsent de plus en plus lourd dans la balance commerciale, 6.000 tonnes en 1995, 30.000 tonnes en 2014, une progression de +400% en 20 ans ! Une situation qui s’explique notamment par la disparition du cheptel apicole français.

Des abeilles en danger

Les changements climatiques, l’utilisation massive de pesticides, la pollution, les monocultures agricoles qui ne fournissent pas de nourriture suffisamment variée… ont eu raison des butineuses.

«La disparition des abeilles s’est amplifiée depuis les 10 dernières années pour atteindre une moyenne annuelle de mortalité de 30%, avec dernièrement des taux grimpant jusqu’à 80% dans certaines régions», indique Thierry Dufresne, président-fondateur de l’Observatoire français d’apidologie (OFA). Pour faire face à leur disparition, la solution est d’en élever. Hélas, Thierry Dufresne constate que la reproduction est totalement insignifiante pour satisfaire la demande.

«Aujourd’hui, il est impossible d’acquérir des ruches peuplées ! Et pourtant, les scientifiques estiment qu’il manque 13 millions de ruches en Europe, dont 1 million en France, pour permettre la pollinisation nécessaire au maintien de la production agricole. Il est donc urgent de mettre en place puis de développer une filière d’élevage et de reproduction hexagonale, voire européenne».

Professionnaliser la filière

Conscient de la nécessité de développer la filière apicole et de réduire les mortalités d’abeilles en France, un enjeu à la fois environnementale et économique, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a lancé en février 2013 un plan visant à structurer et professionnaliser les filières françaises.

Doté de 40 M€ sur 3 ans, ce plan de 115 actions (lutte contre la surmortalité des colonies, développement de la filière…) est relancé pour 2 ans et recentré sur les axes les moins aboutis. À venir donc la mise en place par les pouvoirs publics d’un certificat de compétence pour professionnaliser le métier d’apiculteur («certi api»), destiné aux apiculteurs professionnels et aux apiculteurs prestataires auprès de tiers (collectivités et services de pollinisation auprès des agriculteurs).

Car si la France est confrontée à une surmortalité des abeilles, c’est aussi par son manque de professionnalisation et l’absence de structure de la filière. «Sur les 70.000 apiculteurs que compte le territoire, seulement 2.000 sont professionnels, à peine 3%. Les 97% restants sont des apiculteurs dits de loisirs. Pour faire face à la demande et enrayer la mortalité des cheptels, la filière a besoin de se structurer, depuis la recherche à la production en passant par la formation.

C’est pourquoi, en juin, nous avons inauguré à Mazaugues dans le Var la Maison de l’Apidologie», explique Thierry Dufresne. Lancée par l’OFA, avec le soutien de la commission agriculture du Parlement européen, cette Maison n’est qu’une première étape, suivie prochainement par la création du 1er Centre européen de formation en apidologie, toujours à Mazaugues.

Ainsi, il sera enfin possible de mener une politique commune de formation et de structuration de la filière dans toute l’Europe, avec pour objectif de former 30.000 nouveaux apiculteurs professionnels, dont 3.000 en France, et de créer 10 millions de ruches d’ici 2025 sur toute l’Europe. De quoi redonner des ailes à la filière.


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