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Naoo, la start-up qui révolutionne le bien-être

Philippe Delannoy

Médecin vasculaire à Lille, Philippe Delannoy a mis au point un système breveté mondialement de drainage naturel, qui améliore considérablement le problème des jambes lourdes. Sa prometteuse jeune pousse Naoo (Bathwaves) intéresse beaucoup de fonds. Et Naoo envisage à terme de fabriquer lui-même ses appareils, dans une usine dans les Hauts de France.

Vous avez un cabinet d’angiologue à Lille, comment êtes-vous devenu créateur de startup ?

Philippe Delannoy : Parce que cela fait plus de 30 ans que j’essaie d’aider mes patients avec toutes les méthodes possibles : drainage, pressothérapie, Cellu M6, médicaments, mais rien n’est durablement satisfaisant. C’est en nageant dans une piscine qu’une idée m’est venue. C’était il y a huit ans. L’autre déclencheur a été… ma femme qui m’a demandé ce que je pouvais faire concrètement sur ce sujet. J’ai réfléchi, contacté deux écoles d’ingénieurs, ainsi qu’un bureau d’études. J’avais déjà travaillé avec des écoles pour d’autres projets qui n’avaient pas abouti, car le milieu médical est en effet généralement très conservateur et mon profil assez atypique. J’ai ainsi été le premier à Lille à sortir du doppler couleur en 1989, car l’innovation m’attire. J’aime aussi mes patients. Or les plaintes sur les douleurs dans les jambes sont quotidiennes. Trois années ont passé, et en 2018, deux prototypes ont été conçus par les écoles. J’ai commencé à les tester. Le projet a été incubé chez Eurasanté, puis il y a eu une pause, car je ne m’en sortais pas tout seul. J’ai cherché et trouvé de l’aide chez Becoming qui m’a assisté pendant un an. J’ai rencontré Quentin Paschal, sans lequel rien n’aurait été possible, car le monde de l’entreprise est inconnu des médecins tels que moi. L’aventure de la marque Naoo (New aquatic orientation order) a finalement débuté en 2021 avec la création de l’entreprise, avec deux associés, Quentin Paschal (CTO) et Samuel Levine-Parisi (CMO). Quentin est ingénieur en production industrielle (Polytech Lille), il a la fougue de la jeunesse, je suis plus dans l’expérience. Samuel est un autodidacte bien connu, un expert en marketing et en digital.

Votre solution est-elle un dispositif médical ?

Pas dans un premier temps, car cela demanderait d’autres délais. Pour commencer, la labellisation via le marquage CE est suffisante. Nous sommes en train de retravailler les éléments avec le bureau d’études pour développer le produit définitif. Un brevet européen a été déposé. Nous espérons obtenir ce premier marquage CE fin du premier trimestre 2024 avant de passer au dispositif médical.

En quoi consiste cette invention ?

Notre solution est unique, brevetée, elle utilise l’eau pour lutter contre les problèmes de stases sous la peau, permet de restimuler le membre via un drainage lymphatique, qui reprend le geste montant traditionnel du kinésithérapeute en une seule solution autonome et novatrice. L’homme pendant la période Covid a accentué le phénomène avec des prises de poids de quasiment 3 kilos par personne, qui n’ont pas toujours été reperdus. Aujourd’hui, notre appareil effectue des séances de 20 à 30 minutes, via une expérience très zen. En ce moment, nous prouvons notre efficacité auprès de nos cibles potentielles en les traitant sur une seule jambe afin qu’elles voient réellement la différence.

Quelles sont ces cibles ?

Le marché est conséquent et en croissance, car malheureusement, tous les facteurs négatifs sont à la hausse. De plus, 300 000 soins bien-être sont effectués en France chaque jour. Dans un premier temps, nous ciblons le monde des spas, hôtels, thalassos, la balnéothérapie ainsi que le domaine du sport de haut niveau. Nous mettons à disposition notre solution afin de faire la preuve qu’elle est innovante. Les réflexions des professionnels nous permettent de mettre en place les exigences requises pour passer au statut de dispositif médical qui nous permettra d’attaquer d’autres marchés, en France comme à l’étranger. La première phase est donc

Le marché du bien-être, puis nous procéderons à la miniaturisation qui permettra d’avoir un kiné virtuel à la maison en immergeant simplement ses jambes dans médecins vasculaires, tels le professeur Stéphane Vignes et sommes en phase d’intégration des nouvelles données recueillies. Il faut se rendre compte que ce marché est resté immobile pendant une trentaine d’années, les méthodes n’ont pas changé, il n’y a eu aucune innovation à proprement parler. Naoo reprend les avantages des solutions anciennes en en rajoutant de nouvelles, ce qui est évidemment au départ perturbant dans des habitudes et usages bien ancrés.

Comment se passe le financement ?

En 2021, la levée de fonds de départ a été faite à partir de mes fonds privés, de Bpifrance et de la Métropole de Lille. Nous sommes à présent dans la première véritable levée de fonds avec des partenaires en vue, cela avance, mais ça prend du temps. Notre objectif est d’obtenir en deux phases 1 million d’euros dans les 24 prochains mois, afin d’aller jusqu’aux précommandes et premières ventes. Pour cela, il faut recruter des ingénieurs afin de transformer le prototype pour en faire un outil sur mesure à destination des centres de bien-être. Il s’agit d’une proposition inédite, dotée de la technologie la plus ergonomique et la plus simple possible. Dans un second temps, l’appareil sera affiné en termes de design pour aller vers le marché du particulier. La miniaturisation destinée au BtoC n’est pas prévue avant cinq à sept ans. En termes de chiffres, nous prévoyons pour l’année prochaine environ 150 précommandes pour un chiffre de 2 millions d’euros. Ceci nous permettra d’aller en série A fin d’année prochaine afin de démocratiser le produit sur le marché européen. Nous adoptons une stratégie de propriété intellectuelle, pour ensuite internaliser notre fabrication dans les Hauts de France, absorber les coûts de développement pour le particulier et faire des économies d’échelle. Dans quatre ans, nous espérons atteindre les 10 millions d’euros et les 25 millions d’ici cinq à six ans.

Qui sont vos concurrents ?

Le marché est sclérosé depuis longtemps, nous disposons d’un brevet et personne n’utilise l’eau pour comme nous le faisons. Évidemment, la série A cela donnera des idées à d’autres, mais aujourd’hui nous représentons une alternative sans concurrence directe. Naoo apporte aussi une solution à la difficulté de trouver un kinésithérapeute, et au fait que les patients ne font pas toujours la totalité des séances.

Votre appareil n’est destiné qu’aux membres inférieurs ?

Nous nous concentrons sur ce sujet, mais le drainage pour les bras, le ventre sont déjà dans les cartons. Il y a de nombreuses possibilités après l’ouverture de notre centre de tests sur la patientèle prévu en 2025. Mon rêve serait une réussite à la Dyson, car je suis un peu « fou » et j’ai toujours l’énergie nécessaire pour driver mes deux chevaux, le cabinet médical et Naoo. Même si je sens que l’un des chevaux va bientôt tirer beaucoup plus fort que l’autre.

Propos recueillis par Anne Florin


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