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Intégrer les critères extra-financiers pour favoriser la réflexion sur la durabilité des entreprises


Les enjeux de préservation de notre planète sont progressivement intégrés dans les analyses des entreprises grâce à une réelle prise de conscience et à l’évolution du cadre réglementaire. Ce changement a d’ailleurs un véritable impact pour les entreprises, comme nous l’explique Maxime Bailly, consultant indépendant expert de ces questions. Quelles...

Portrait de Maxime Bailly

Les enjeux de préservation de notre planète sont progressivement intégrés dans les analyses des entreprises grâce à une réelle prise de conscience et à l’évolution du cadre réglementaire. Ce changement a d’ailleurs un véritable impact pour les entreprises, comme nous l’explique Maxime Bailly, consultant indépendant expert de ces questions.

Quelles sont les dernières évolutions du cadre reporting autour de ces questions ?

« Tout d’abord, la terminologie : le terme de « RSE » est devenu à mon sens inapproprié car à la fois fourre-tout et moralisateur… Je préfère celui de « durabilité« , visant la capacité à être durable, repris par les derniers textes européens, et qui réconcilie à mon sens les enjeux de la planète et ceux de l’entreprise. Ensuite, sur le plan financier, ces évolutions permettent d’enclencher une réelle transition, en agissant sur les modèles d’affaires. Sur ces rapports, la mesure de la performance des entreprises intègre désormais un prisme financier dans le cadre de la CSRD[1] et de la Taxinomie ; et si j’y vois un point positif, je constate aussi la difficulté qu’ont les entreprises à s’approprier de manière opérationnelle ces dispositifs et leurs effets. »

Pouvez-vous nous détailler quelques recommandations ?

« Ces textes sont souvent arides, mais on les résume assez simplement : dorénavant, tous les effets de la chaîne de valeur sont pris en compte dans les rapports, en termes d’impacts, risques, opportunités, de stratégie sur tous les volets, environnementaux comme sociaux et de gouvernance. Ainsi, par exemple, un promoteur devra prendre en compte l’impact de la construction d’un bâtiment dès sa conception, et penser à sa performance énergétique, sa consommation en eau, les possibles types de pollutions générées, l’utilisation de matériaux en phase avec l’économie circulaire et son impact sur la biodiversité et au respect de normes sociales exigeantes. Il convient donc de se concentrer sur les enjeux extra-financiers propres à l’entreprise et les plus prédominants en termes d’impacts et de matérialité. Les entreprises, en plus des grands groupes, doivent donc dès à présent se préparer, car si toutes ne sont pas encore concernées, cela sera le cas demain. L’anticipation est aussi nécessaire que souhaitable, et c’est mon rôle d’accompagner les entreprises dans les réflexions sur mesure les plus pertinentes, opérationnelles et stratégiques, car chacune d’entre elles a ses spécificités. »

Cela semble être un levier de création de valeur…

« Certes, la réglementation est contraignante, mais elle contribue à faire avancer les choses. Il ne faut pas oublier la fonction première de ces rapports : mesurer, prendre conscience, décider et suivre une progression, car on ne peut agir que sur ce qui est mesurable. De vraies réflexions s’enclenchent ainsi sur la stratégie de durabilité des entreprises. Ces contraintes sont aussi source de création de valeurs pour l’entreprise, et permettent un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

LinkedIn : www.linkedin.com/in/baillymaxime


[1] Coporate Sustainability Reporting Directive, appliquée dès le rapport 2024 des entreprises de plus de >500 salariés, >40M€ CA et/ou >20M€ de total de bilan, dès le rapport 2025 des entreprises de plus de >250 ,  >40M€ CA et/ou >20M€ de total de bilan, dès le rapport 2026 pour les PME cotées sur marché règlementé européen

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