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L’incroyable plaidoyer de Xavier Niel : « Entrepreneurs français, visez le monde ! »

Xavier Niel

Retranscription de l’intervention de Xavier Niel réalisée à l’occasion de la 7ème édition de Bpifrance Inno Generation le 8 octobre dernier.

« J’adore mon pays, je trouve que c’est un pays incroyable dans lequel on peut entreprendre, on peut partir de rien et réussir. Et donc c’est toujours dur pour moi de lui trouver des défauts. 

Nous avons un modèle social mais il a un coût. Ce modèle social, on l’a décliné vers la création d’entreprise. Se planter aujourd’hui, ce n’est plus si grave, au contraire, ça peut être une chance. Mais même quand on va se planter, on va avoir des aides sociales qui vont nous permettre de continuer à vivre. On va créer son entreprise. Si on est au chômage, on va pouvoir continuer de toucher le chômage, ça n’existe dans aucun pays au monde, on est subventionné pour créer des entreprises.

Nous vivons dans un pays incroyable, nous avons une formation de grande qualité, quasi gratuite. Vous allez n’importe où dans le monde, vous trouverez toujours des entrepreneurs français à des top niveau dans toutes les boîtes. Il n’y a pas une société de la Silicon Valley qui n’a pas ses français, c’est génial ! Vous voyagez, vous rencontrez toujours des gens de votre pays. C’est incroyable et ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’on a ici des talents, des énormes talents, des grands talents avec lesquels on peut faire des grands projets, des projets incroyables.

Aujourd’hui, ce n’est pas un risque de créer son entreprise. Nous avons un modèle de financement qui marche incroyablement bien. Nous avons BPI qui est là et qui a un super outil, un outil de grande qualité et on le retrouve probablement dans des dizaines de milliers d’entreprises en France, donc c’est un investissement massif, productif, rentable, qui marche. Et  à côté de ça, tous les fonds d’investissement du monde qui viennent à Paris investir dans nos activités. 

Si vous êtes entrepreneur aujourd’hui, vous allez pouvoir lever 500 000 000, j’espère un milliard d’euros c’est possible, ça existe et on a un écosystème tellement bon que ces gens réclament plus de sociétés dans lesquelles ils peuvent investir. 

Et puis on a un État protecteur, vous savez, c’est la notion du quoi qu’il en coûte. Même quand on a une crise sociale, on a un État dans ce modèle de quoi qu’il en coûte, qui va les subventionner, la totalité de l’économie et y compris la création d’entreprise. Et tous ces éléments-là, ils n’existent nulle part au monde. Ce modèle est incroyable. C’est ce qu’ils appellent ici, chez BPI, ma vision bisounours du monde.

Donc il faut trouver des défauts. Qu’est-ce qui nous manque ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Nous avons une activité de financement de jeunes start-up plutôt technologique et nous recevons une cinquantaine de dossiers par jour de demandes d’investissement. Ça doit être dérisoire à côté du nombre de dossiers d’investissement que reçoit BPI, mais ça nous permet d’avoir une vision de notre écosystème plutôt technologique de création d’entreprise, de créateur d’entreprise. 

Le premier élément qui saute aux yeux, c’est notre manque d’ambition. On a souvent des ambitions étriquées, locales, qui ne vont pas très loin. On a besoin de 2 fois plus d’entrepreneurs, on a peut-être même besoin de 3 fois plus d’entrepreneurs dans notre pays et c’est absolument nécessaire parce que c’est l’économie de demain. 

C’est toujours un exemple qu’on donne ainsi, vous prenez nos indices boursiers, ce sont des entreprises en moyenne très très âgées. Si vous prenez un indice boursier américain, c’est majoritairement des entreprises qui ont été créées au cours des 20 ou 25 dernières années.

Donc on a besoin de cette vision et cette ambition pour créer des entreprises qui vont créer des emplois et qui vont permettre l’existence ou la continuation de notre modèle social. Et donc on a ce problème, de manque d’ambition, d’absence de vision globale. 

C’est notre faute, à nous, entrepreneurs de ne pas avoir cette vision qui aille super loin, mais on a besoin d’avoir cette vision et on a d’autant plus besoin d’avoir cette vision qu’ Internet change la donne. Aujourd’hui, vous êtes un e-commerçant, vous pouvez être global, mondial et concurrencer Amazon. Quelle que soit votre idée, vous pouvez être en compétition avec n’importe lequel des grands acteurs. Ces grands acteurs, ils ne sont pas incontournables, on peut les remplacer, on peut les battre et ça, c’est notre devoir d’entrepreneurs. C’est votre devoir d’entrepreneurs, tous ensemble, d’être capable d’avoir une vision globale. 

Et c’est possible parce que les nouvelles technologies permettent de le faire, elles permettent l’existence d’une vision incroyable, d’une vision globale. Donc il faut arrêter d’être étriqué, franco-français, d’avoir une vision locale. Vous allez me dire -c’est bien, ce sont des beaux discours, mais ton truc ça ne marche pas, ça n’existe pas – Mais ce n’est pas vrai, on a des leaders mondiaux qui se qui se crée aujourd’hui. Quelques exemples connus du public sont rares. Leader mondial des NFT, c’est quoi les NFT ? C’est la propriété intellectuelle dématérialisée, c’est très bien et ça a été créé il y a 2 ans et demi. Et je crois qu’ils viennent de lever environ 500 000 000 de dollars ou euros je ne sais plus. 

Je vous donne un autre exemple, place de marché, c’est du B to B. Qu’est-ce qu’on sait faire ? globalement on va concurrencer Amazon. Vous êtes une entreprise, vous avez besoin d’une place de marché, vous faites appel à miracle. Une globalisation directe et on a un produit qui marche, on a un produit fantastique et ça c’est possible. C’est un élément que je pense que l’on doit avoir en soi. Je vous ai dit tout à l’heure qu’on est dans un monde fantastique, il n’est pas parfait. Nos pouvoirs publics, n’ont pas toujours le courage ou la volonté ou l’envie de comprendre et de prendre les bonnes décisions. On connaît les problèmes, si on reprend les GAFA, si on les prend dans l’ordre ou dans le désordre, chacun d’entre eux domine un marché et le monopolistique. Quand il y a un acteur monopolistique, on a le droit d’avoir du courage, avoir du courage, c’est prendre des décisions qui permettent de faire naître une concurrence saine. 

Prenons par exemple les sujets des APP stores qui sont des monopoles. Moi j’aimerais bien qu’on soit aussi en avance que les Asiatiques à être capable de créer de la concurrence ou de ne pas à poser ces App Store là. Donc les pouvoirs publics ne sont pas exempts de reproches, parce qu’ils ne font rien pour le pour. Par exemple sur Amazon, les vendeurs tiers qui sont absolument maltraités, qui ont des problèmes énormes avec Amazon, on ne regarde pas et on va laisser d’autres pays réguler leurs propres acteurs, c’est à dire qu’on va laisser les Américains réguler les acteurs dont je viens de parler.

Moi j’aimerais que la France soit un pays dans lequel les pouvoirs publics en avance de phase de manière proactive, permettent une concurrence plus juste et un certain nombre de sujets de vie privée. 

Et puis il faut que les pouvoirs publics soient un tout petit peu plus ouvert, c’est bien qu’il nous ait créé un écosystème de fou, mais être capable de régler les problèmes en avance de phase qui peuvent exister. 

Moi, j’aimerais prendre un sujet qui me touche beaucoup, j’ai l’impression qu’on a incroyablement déconné. C’est le cloud, c’est l’endroit où vous allez stocker vos données. C’est fantastique, à l’avenir on sait tous que toutes nos données seront données dans le cloud. Des sociétés brillantes, des gens incroyablement intelligents ont créé des clouds aux États-Unis, en Asie, en Chine. 

C’est fantastique, nous notre vision locale, c’est qu’on n’a pas été capable de faire ça et comme on n’a pas été capable de faire ça, on va obtenir des licences de ces acteurs étrangers pour aller intégrer des machines, mettre un bout de soft dessus et en fait sous-traiter le logiciel à ces personnes-là.

Les pouvoirs publics commettent une erreur d’un côté et de l’autre côté, nous, entrepreneurs, on pourrait supposer qu’on n’a pas été bon et pourtant on a été bons. 2 leaders du cloud aux US No FLEX et Data Dog ont été créés par des Français.

Malheureusement, nous, entrepreneurs, on a été insuffisamment bons. Malheureusement, les pouvoirs publics ne prennent pas les bonnes décisions sur ces sujets là et on se retrouve coincé, étriqué, dans un cadre où on prend le risque demain, nos enfants, toutes les infos les concernant, leur vie privée, soit stocker ailleurs au travers de logiciels externes et non pas au travers de logiciels, fait en France. Un énorme message d’espoir, on a un écosystème de foot, je ne peux pas m’empêcher de vous dire ça, quoi qu’on dise, on est dans un truc de malade. Vous avez une chance fantastique de créer vos entreprises, vous ne prenez pas de risque. On a envie que vous fassiez ça, vous, on a envie que vous, fonciers, on a envie que vous soyez capable de bouleverser cette économie. La France est un écosystème incroyable, en avance de phase sur le reste de l’Europe, on a une tendance de fou, on va tout exploser ensemble, on a besoin un petit peu des pouvoirs publics et Go, foncez. Créer vos entreprises.

Propos retranscrits par Angelina Hubner


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