Une mutation de la gestion de patrimoine
La gestion de patrimoine est en mutation, elle se démocratise, c’est un fait. Quand on en revient à chercher quels catalyseurs ont participé à l’élargissement de sa portée, deux principaux facteurs reviennent, étroitement liés.
Le premier est bien évidemment la digitalisation des processus de gestion de patrimoine. Avec l’avènement des fintechs, de nombreux CGP dépoussièrent ce métier longtemps considéré comme archaïque, dans un marché en pleine mutation qui connait une explosion des obligations réglementaires et une volonté croissante de digitalisation.
Le deuxième est bien connu de tous et fait maintenant partie intégrante du paysage financier. En effet, plus un terme à la mode, l’IA devient essentielle au quotidien et à l’optimisation du métier des conseillers, mais tout autant pour les clients et investisseurs particuliers qui voient arriver tout un écosystème remodelé avec l’intégration de l’IA qui redéfinit les modèles traditionnels. L’IA est devenue un outil essentiel pour de nombreux secteurs, et la gestion de patrimoine ne fait pas exception.
Il ne faut pas croire pour autant à un remplacement total par l’IA des professionnels de ce domaine. Il est préférable de voir cette avancée comme un outil, surperformant, qui va venir renforcer leur expertise et leur capacité à servir au mieux leurs clients. Une majorité de ces derniers ont également à cœur de conserver un conseiller de par la relation humaine et leur proximité.
L’intégration de modèles hybrides au bénéfice de la relation de confiance
Le développement de l’IA ne laisse personne de côté, elle touche un plus large éventail de clients, y compris ceux qui préfèrent des interactions humaines, tout en bénéficiant des avancées et avantages de l’IA dans la gestion de leurs portefeuilles. On assiste donc à une adoption massive de modèles dits hybrides qui combinent l’expertise et le conseil humain avec les avantages opérationnels de l’IA.
Les CGP (Conseillers en Gestion de Patrimoine) s’appuient sur l’IA pour personnaliser les stratégies d’investissement à mettre en place en prenant en compte les objectifs et les besoins spécifiques de chaque client de manière bien plus efficace qu’auparavant. L’onboarding entre le conseiller et le client se renforce, le temps disponible pour échanger entre les deux parties se rallonge, et la relation de confiance s’amplifie peer-to-peer.
Mais qu’en pensent les Français ? HelloSafe a mené l’enquête récemment pour le savoir. 62,6% des Français se disent confiants ou très confiants dans les technologies basées sur l’IA pour investir. Cette confiance est particulièrement forte chez les 26-45 ans, qui constituent la tranche d’âge la plus optimiste.
L’IA potentielle solution à l’inflation réglementaire
Il suffit de parler cinq minutes avec un CGP pour qu’il témoigne de la lourdeur réglementaire du métier, qui depuis les lois DSP2 et MIF2 s’est transformée en une certaine “ inflation réglementaire”, diminuant drastiquement le temps d’échange avec les clients.
Les systèmes d’IA peuvent surveiller en temps réel les transactions, détecter les activités financières suspectes et produire des rapports de conformité complets. Cette automatisation facilite l’adéquation aux réglementations en réduisant les risques de non-conformité. Un soulagement pour les conseillers, comme pour leurs clients qui leur évite d’analyser continuellement les changements législatifs, qui plus est interviennent de plus en plus souvent…
Une prévision renforcée grâce aux algorithmes
L’IA a apporté une précieuse capacité de prévision des tendances sur les marchés. Les algorithmes analysent en permanence, 24h/24, 7j/7 les données pour identifier des tendances et prévoir les mouvements potentiels. Un gain de temps précieux qui permet aux CGP d’anticiper les évolutions du marché et de prendre des décisions éclairées, tout en limitant potentiellement les potentiels biais cognitifs
Certains fonds sont même partiellement gérés par l’IA, comme l’Allianz Global Artificial Intelligence ou l’EdRF Big Data qui ont affiché des rendements supérieurs à 15% en 2023.
Les “IA-native” sont les investisseurs de demain
Les digital-native ont entamé ce changement de paradigme avec l’adoption déjà massive des outils digitaux dans la gestion de leurs finances personnelles. On ne peut qu’imaginer que la nouvelle génération d’investisseurs, qu’on pourrait qualifier de “IA-native” ne pourra pas se passer de l’optimisation qu’apporte l’IA aux modèles traditionnels de gestion patrimoniale.
Alors oui, l’IA tient une place plus que légitime dans ce milieu, perçue comme négative il y a quelques années, elle devient de plus en plus utilisée par les professionnels et les particuliers, et surtout de mieux en mieux utilisée.
L’IA redéfinit les modèles fastidieux et chronophages de la gestion patrimoniale, clients, professionnels, elle devient utile voir indispensable à tous, sans pour autant remplacer l’humain et son expertise, nécessaire au bon roulement de l’écosystème.
La gestion de patrimoine 2.0 voit le jour, une gestion de patrimoine où l’IA aura pour seul dessein l’optimisation du secteur sans jamais lui en substituer sa valeur ajoutée.
Cyprien Delmeule
CEO et fondateur de Wealthcome