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Les lunettes légendaires Vuarnet à l’assaut de Ray-Ban


La célèbre marque Vuarnet, à son apogée dans les années 80-90, revient en force. Empreinte d’un passé prestigieux, elle souhaite aujourd’hui restaurer son image pour retrouver la place qu’elle mérite. Un développement ambitieux porté par une nouvelle équipe dirigeante.

Entreprendre - Les lunettes légendaires Vuarnet à l’assaut de Ray-Ban

La célèbre marque Vuarnet, à son apogée dans les années 80-90, revient en force. Empreinte d’un passé prestigieux, elle souhaite aujourd’hui restaurer son image pour retrouver la place qu’elle mérite. Un développement ambitieux porté par une nouvelle équipe dirigeante.

Alain Delon, Mick Jagger, la famille Kennedy et bien d’autres, tous ont porté les lunettes de la célèbre marque française, imposant la légende dès 1960 jusqu’à la fin des années 80, à l’image de Ray-Ban aujourd’hui, leader mondial incontesté. Il faut dire que l’histoire de la marque a tout pour séduire.

À l’origine, Roger Pouilloux, opticien d’avant-garde, qui va révolutionner le monde de la lunette solaire grâce à une innovation. Dans son atelier parisien, il met au point en 1957 un verre capable de protéger les yeux des skieurs sur les pistes enneigées leur procurant même une vision du relief par temps couvert.

Son nom ? Skilynx, en hommage au félin doté d’une vision acérée. Passionné de glisse, l’inventeur de génie offre une monture au champion de l’époque, Jean Vuarnet. Doté du fameux verre, le sportif remporte la médaille d’or de descente des jeux Olympiques d’hiver de 1960. Il n’en fallait pas plus pour que les deux hommes se lient d’amitié et décident de s’associer pour créer une marque à leur image : innovante, performante et élégante.

Vuarnet s’impose rapidement et pour longtemps comme la référence de la lunette solaire. Après le décès des fondateurs, la marque s’essouffle, pour finir par céder sa place de leader. En 2010, le groupe Alain Mikli, détenu par le fonds d’investissement Neo Investment Capital, prend 75% du capital pour relancer Vuarnet… mais rien ne se passe. En 2012, le fonds britannique se sépare d’Alain Mikli mais garde la célèbre marque dans son portefeuille, persuadé de son potentiel.

Vuarnet, une marque à fort potentiel

L’arrivée il y a quelques semaines d’une nouvelle équipe dirigeante, emmenée par Lionel Giraud, suffira-t-elle à réveiller la belle endormie ? À 48 ans, celui qui a déjà passé plus de 10 ans au service de Cartier comme directeur du développement des montres, puis de Chaumet (groupe LVMH) en tant que vice-président et directeur artistique porte sur ses épaules tous les espoirs.

«Je me suis toujours mis au service de marques françaises historiques, avec une dimension patrimoniale forte et une vraie expertise», explique l’homme providentiel. Le nouveau CEO de Vuarnet a du pain sur la planche ! Il doit assurer un plan de relance, redéployer la marque, la relancer à l’international par le branding, moderniser son image…

En février dernier, la marque a donc réunifié ses activités (le solaire, 80% de l’activité, le matériel de ski, le sportswear et l’horlogerie) pour la première fois depuis 25 ans, sous l’impulsion de Neo Investment Capital. «Il n’était plus possible pour cette marque d’être scindée en 4, avec des activités éparpillées donc un discours peu clair.

Aujourd’hui, nous avons la volonté de penser Vuarnet comme une marque globale, afin de recréer un univers propre», expose Lionel Giraud. À l’image de Ray-Ban aujourd’hui, Vuarnet était en son temps la marque-phare se souvient le nouveau dirigeant. «À une époque, Vuarnet était la marque qu’il fallait posséder. À 18 ans, lorsque j’ai investi dans ma première paire, j’ai eu la sensation de devenir quelqu’un, comme tous les jeunes de l’époque».

Pour Lionel Giraud, il serait criminel de ne pas s’appuyer sur une image de marque aussi forte. Vuarnet dispose par exemple d’un fort potentiel aux États-Unis. En raison du fameux slogan «It’s a Vuarnet day today», clamé à la météo pour annoncer les jours de beau temps, les Américains pensent qu’il s’agit d’une marque nationale.

Et c’est cette image glamour que l’entreprise souhaite reconquérir. Il y a 6 mois, elle a d’ailleurs créé une filiale aux États-Unis, Vuarnet Inc., afin de développer l’export, la marque réalisant seulement 20% de son CA (10 M€) à l’international. «Nous ne cherchons pas à concurrencer les leaders du marché, car il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous espérons, en effet, redorer notre image et la moderniser. Et pour redevenir “à la mode”, nous comptons d’abord sur notre expertise et un vrai savoir-faire», confie Lionel Giraud.

Renaissance d’un savoir-faire

Si la marque a créé l’événement lors de son lancement en 1957, c’est grâce à son savoir-faire et ses innovations, toujours présents dans son ADN. De quoi se démarquer et vite revenir sur le devant de la scène en portant haut et fort les mêmes valeurs. «Cette marque dispose d’une réelle expertise.

Sa force réside dans la qualité de ses verres, les meilleurs au monde, déclare Lionel Giraud, exalté, et cela en toute humilité ! Ils sont produits en France, dans notre usine de Meaux. Nous sommes d’ailleurs les seuls à fabriquer nos verres nous-mêmes», insiste-t-il fièrement. La particularité de Vuarnet ?

Créer des lunettes avec du verre minéral, dont les propriétés sont exceptionnelles à plusieurs titres, à la différence de ses concurrents qui misent sur le verre organique. «Avec ce type de verre, la précision, la clarté et le confort sont démultipliés, la colorisation est teintée dans la masse, et la qualité de protection aux ultra-violets est bien meilleure. Nous souhaitons nous réapproprier ce discours, autour d’une vraie lunette de protection qui s’adresse aux sportifs mais aussi aux personnes dynamiques éprises de liberté. Notre volonté est de reconstruire la marque autour de son savoir-faire. En revanche, nous avons un gros travail sur le style à réaliser», reconnaît-il.

Pour être de nouveau dans l’air du temps, les lunettes Vuarnet doivent redevenir tendance. En ce sens, la nomination de Lionel Giraud à la tête des opérations n’est pas anodine. En effet, l’ancien directeur artistique de Chaumet a également pour mission de repenser tout le look des modèles, en restant fidèle aux valeurs de la marque, un challenge qui ne l’effraie pas.

«Malgré de nouvelles orientations, il n’y a pas de glissement dans le positionnement de la marque. Nous souhaitons revenir au style Vuarnet et réaffirmer son versant premium».

En avril, le modèle iconique 002 de Vuarnet fait ainsi son grand retour ! Créées en 1957 et popularisées lors des jeux Olympiques de Squaw-Valley en 1960, ces lunettes sont un véritable best-seller de la marque depuis 55 ans. Leur particularité : une forme à tenons hauts légèrement papillonnante et des verres minéraux effet miroir. Mieux encore, sans que le lunetier soit au courant, dans le prochain James Bond, «Spectre», qui sortira en novembre prochain, Daniel Craig porte les fameuses lunettes de soleil Glacier 027. Un joli coup de pub annonciateur d’une vraie renaissance ?

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