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Le moteur à nageoires de la startup FinX veut révolutionner le nautisme

Le fondateur de FinX, Harold Guillemin, révolutionne la propulsion nautique et veut lever 20 millions d’euros d§s cette année.

Trois ans après sa création, la jeune pousse du Havre va industrialiser ses moteurs de bateau révolutionnaires à nageoire, électriques et sans hélice. Objectif : 800 moteurs dès 2023.

Harold Guillemin a toujours son imaginaire d’enfant, c’est aussi pour cela il s’est aujourd’hui transformé en startupper. Dans un premier temps cependant, après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur en 2014 (Esme Sudria), il devient salarié dans l’entreprise familiale que son père a fondée, en charge de l’exploitation des brevets de Wavera, spécialiste de pompes industrielles innovantes qui a déposé plusieurs brevets.
Au bout de cinq ans, Harold Guillemin se dit que cette technologie serait idéale s’il pouvait l’adapter pour les bateaux. Avant de se lancer, il se dote d’un Master Entrepreneuriat cogéré par l’Essec et Centrale Supelec, deux écoles dans lesquelles il est incubé pour parfaire le lancement, il obtient également la licence sur les brevets de Wavera lui permettant d’aller de l’avant. Tout est prêt. FinX naît en juin 2019 avec une première levée de fonds de 900 000 euros.
L’équipe comprend 6 jeunes ingénieurs, soutenus par des experts expérimentés, dont le navigateur Loïck Peyron, mais aussi les anciens directeurs généraux du groupe Bénéteau, ou d’Energy Observer.

VERDIR LE TRANSPORT MARITIME

Un moteur électrique sans hélice, actionné par un électroaimant, voici la proposition de Harold Guillemin, l’hélice est remplacée par une membrane ondulante en élastomère, la fameuse « nageoire » brevetée. Une solution qui cumule les bons points : plus écologique que les motorisations actuelles, non bruyante, pas d’accident ou de panne due à l’hélice, des problèmes que connaissent régulièrement tous les propriétaires de bateaux.
Le premier moteur de FinX a déjà vu le jour. Baptisé Fin5, il s’agit d’un petit moteur de 2 kW (5 CV thermiques) adapté aux embarcations d’un maximum de 3 tonnes, aux environs de 3 000 euros hors batterie. Avant de passer à plus gros, avec une offre susceptible de convenir aux plus grosses embarcations de plaisance et au transport fluvial, ce nouveau moteur est en cours de finalisation et devrait être lancé aux alentours de 30 000 euros.

HAROLD ET LE BIOMIMÉTISME

Cela pourrait être le titre d’un livre. Le fait est que le biomimétisme est l’une des passions d’Harold Guillemin, convaincu que la nature peut être notre professeur à tous et dans bien des domaines. Il ne s’agit pas de la copier, chose bien impossible, mais de s’inspirer de la nature pour trouver des solutions intelligentes et respectueuses de l’environnement.

Harold Guillemin partage cette conviction avec le parrain de l’entreprise, Loïck Peyron.
Sur le papier, cela est on ne peut plus séduisant et finalement logique. Mais comme toujours, si l’idée est belle, reste à convaincre les marchés. Or, lancer une nouvelle technologie exige non seulement une belle force de conviction, une argumentation sans faille, mais aussi de passer par-dessus les freins technologiques encore présents. Sans oublier que se lancer sur des innovations de ce type est évidemment plus risqué pour les investisseurs potentiels. Car nous sommes ici dans la Deep tech et une technologie totalement disruptive.

DES TRANSITIONS TOUJOURS DÉLICATES

Il est toujours délicat pour un client de changer ses habitudes. Il connait les avantages et les inconvénients de l’existant, mais peine à professionnels de bateaux prendre certains risques pour aller sur une technologie innovante. Les propriétaires, loueurs, professionnels de bateaux connaissent les imperfections des leurs embarcations, mais de là à sauter le pas pour changer de technologie, il y a un monde.
Chacun attend que la solution ait fait ses preuves, or, pour cela il faut cumuler les ventes. Harold Guillemin est en plein dans ce moment complexe où les arguments semblent suffisants pour l’emporter, mais où il faut à présent disposer des fonds pour passer rapidement à la vitesse supérieure.
Le moteur est sans doute plus cher à l’achat, mais son entretien bien plus économique. FinX rêve d’avoir un 100% made in France, impossible pour l’instant, même si c’est bien le cas pour les 2/3 des pièces.

L’AVENTURE EST LANCÉE

Même pas peur ! Harold Guillemin est persuadé que la chance l’accompagne depuis qu’il a treize ans et qu’il a gagné le premier prix d’une tombola. Il s’agit d’une vraie force, car peu importe comme on la nomme, être certain que la chance est bien là contribue à donner une solidité mentale, une assise sur laquelle s’ancrer lors des moments difficiles qui ne manquent pas de survenir.

La preuve en est que l’entreprise a réussi à boucler son premier tour de table de financement juste avant le premier confinement, ce qui a permis de continuer à avancer dans ses développements pendant la pandémie. Autre point absolument vital dans l’aventure de FinX, c’est la rencontre d’Harold Guillemin avec Jean-Baptiste Drevet, Ingénieur Arts et Métiers.

C’est cet homme décédé l’été dernier qui est à l’origine de la technologie Wavera et de la motivation d’Harold Guillemin de poursuivre dans la voie qu’il est en train de tracer.

PERSÉVÉRANCE

Harold Guillemin a déjà appris une chose, s’il y a une qualité indispensable à l’entrepreneur, c’est bien la persévérance. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’on travaille sur des technologies de rupture, où il ne faut jamais rien lâcher. Alors cette révolution, car c’en est une, va-t-elle se concrétiser rapidement ? Pourquoi pas, les fées semblent s’être réunies autour du berceau de FinX, et il parait que le mot « impossible » ne fait pas partie du vocabulaire d’Harold Guillemin.

Pour aider au succès, l’entrepreneur vient d’annoncer qu’il a l’intention de lever 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Une annonce qui réjouit la région Normandie où tout le projet est basé. Après les 6 millions d’euros levés en octobre dernier auprès de Supernova Invest, de Bpifrance et de business angels normands, ce nouvel apport permettra de fabriquer et commercialiser rapidement le nouveau moteur, dénommé le Fin150.


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