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Le Congo, pour une nouvelle vision de l’Afrique

Denis Sassou Nguesso (photo Stephane Lemouton/ABACAPRESS.COM)

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

La République du Congo est, de par sa richesse géologique et son hydrographie, une sorte de paradis qui peut devenir le « grenier » de l’Afrique par la grâce d’une agriculture florissante et en devenir. Le potentiel agricole du Congo est, en effet, inestimable, les terres arables représentent plus de 10 millions d’hectares et la pluviométrie est abondante. Dans l’ensemble du pays, de petits exploitants pratiquent actuellement encore une agriculture essentiellement consacrée à l’autoconsommation. Le gouvernement veut désormais intensifier le rythme d’évolution à grande échelle de l’agriculture, comme le démontrent les engagements politiques récents et la création du Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale. Le temps n’est plus au discours, mais aux actes.

Tout ça pour dire que la République du Congo n’a véritablement rien à voir avec la caricature colonialiste belge parue en 1930/1931 (il y a donc près d’un siècle) mettant en scène un petit reporter de bandes dessinées qui accumule les lieux communs sur un pays inconnu et sur ses habitants. Les innombrables versions de cet album et les nombreuses critiques qu’il a subies traduisent bien les mentalités particulièrement colonialistes de l’époque du Congo belge.

Le fleuve Congo prend sa source sur les hauts plateaux de l’Afrique centrale, à la limite de l’Afrique australe qui regroupe les pays situés entre l’équateur et le cap de Bonne-Espérance, en l’occurrence la ville du Cap située en Afrique du Sud. Le bassin de ce fleuve draine de nombreux pays, et sert notamment de frontière entre le Congo Brazzaville, l’Angola et la république démocratique du Congo (RDC), avant de se jeter dans l’océan Atlantique. Dans les années 1970, la totalité du fleuve était appelé Zaïre à l’époque où la RDC portait ce nom.

Huitième plus long fleuve du monde avec ses 4.700 km de longueur, il est surtout le second fleuve le plus puissant après l’Amazone du fait d’un débit qui peut atteindre 80.832 m3/s. On dit même que sa profondeur dépasse 220 m, en certains endroits où se situeraient des sortes de canyons immergés. Le fleuve a, bien évidemment suscité de nombreux projets de centrales hydroélectriques, et le principal complexe, imaginé dès le XIXe siècle par les Belges qui colonisaient alors le Congo, ne verra finalement le jour qu’après l’indépendance de la RDC, les barrages d’Inga. Le projet, grandiose, qui aurait dû fournir une grande quantité d’énergie et des revenus exceptionnels, est cependant resté inachevé (la phase III est à l’état de projet) et les ouvrages existants sont malheureusement mal gérés et mal entretenus.

Pour la République du Congo comme pour la RDC, le fleuve Congo est le vecteur de potentielles richesses, mais qui restent limitées par le fait que le fleuve n’est pas navigable sur la totalité, en raison de nombreuses chutes et de rapides tels que les chutes Livingstone, sur son cours inférieur. Ces chutes empêchent l’accès depuis la mer, mais le fleuve est navigable par sections, notamment sur près de 2.500 km entre Kinshasa et Kisangani (villes de la RDC). Des voies ferrées contournent aujourd’hui les trois grandes chutes, ce qui fait du cours du Congo l’une des voies principales du commerce en Afrique centrale.

Au plan politique, la République du Congo est une démocratie parlementaire qui a connu bien des séismes, des coups d’État et une guerre civile qui a causé la mort d’environ 400.000 personnes en 1997. L’actuel président, Denis Sassou N’Guesso, a exercé ses fonctions, dans un premier temps, pendant plus de 13 ans de 1979 à 1992, avant de retrouver le pouvoir en 1997. Cela fait donc environ 40 ans qu’il dirige le pays. On peut aujourd’hui affirmer que, du fait de sa personnalité, il s’impose comme étant le « père de la patrie ».

Le Congo est un pays aux visages multiples

Lorsqu’on évoque l’histoire du Congo, on se rend compte qu’il s’agit d’un pays multiforme et notamment multiethnique. Avant la colonisation française, entre les Xe et XVIe siècles, le territoire actuel du Congo a été occupé par plusieurs « royaumes », le Loango, le Kongo ou le Tio. Plusieurs missions d’exploration, dont celle de Pierre Savorgnan de Brazza, humaniste éclairé qui a laissé son nom à l’actuelle capitale du pays, ont permis de mieux connaître cette région et ses richesses naturelles qui sont infinies. Ne nous trompons pas, c’est pour cette raison essentielle que, finalement, ce territoire sera intégré au second empire colonial français à la fin du XIXe siècle.

La France, comme partout en Afrique, est venue pour se servir des richesses du Congo à des fins de développement personnel. Et quand elle a dû quitter le pays, elle n’y a laissé aucun héritage, en dehors de la langue et des structures institutionnelles. Il convient de s’en étonner, et surtout de condamner un tel comportement. L’héritage qu’attendaient les pays colonisés, et en l’espèce le Congo et les Congolais, n’était pas de voir des étrangers piller leurs ressources, mais recueillir des expériences et acquérir des connaissances nouvelles et des pratiques, agricoles, industrielles ou commerciales, pour prendre en main leur destin, postérieurement à leur indépendance. Les colonisateurs partis au milieu du XXe siècle ne l’ont pas fait et surtout ne l’ont pas compris. Aujourd’hui, regagner la confiance des pays africains comme le Congo n’est pas chose facile et le vide laissé par les Européens et, notamment, par les Français, est peu ç peu comblé par les Russes et les Chinois, ce qui n’est pas une bonne opportunité pour le Congo, car ces pays ne viennent pas avec d’autres projets que de piller à leur tour les richesses du Congo.

Ce pays est riche de ses potentialités, il est très étendu, mais son territoire n’est pas, loin de là, une entité unique construite autour d’une identité ethnique ou politique. On distingue, en effet, au moins quatre composantes ethniques au sein des populations dites du groupe « Bantou », mais celles-ci se subdivisent en des dizaines de sous-groupes, le sous-groupe Kongo (40,5 %) de la population, qui regroupe les Lari, Kongo de Boko, Sundi, Yombe, Kamba, Vili, Beembe, Dondo, Kugnis, Kenge et Hangala, le sous-groupe Téké (16,9 %) qui regroupe les Gangoulou, Koukouyas, Bomas, Gangoulous et Tsayi, le sous-groupe Mbochi, (13,1 %) qui regroupe les Likouala, Likouba, Kouyou, Makoua, Bonga, Moye, Mbochi, Bobangui, Ngaré et Mboko, et enfin, le sous-groupe Sangha (5,6 %), sans compter d’autres sous-groupes, en nombre moindre, les Mbere/Mbeti/Lokele, Échira dont font partie les Punu, Loumbou et Bouissi, Pygmées, Oubanguiens, Nzebi, Maka, plus difficiles à identifier.

Cette liste fort étendue d’ethnies inconnues des occidentaux montre à quel point il est difficile, pour ces derniers, d’avoir une vision de la réalité humaine des peuples africains, et pas seulement au Congo, dont la multiplicité et les différences ont, de tout temps, complexifié les rapports interethniques, les alliances politiques et la stabilité des gouvernements, y compris après la vague d’indépendance des années soixante.

On peut en déduire que la prise de pouvoir et les engagements en responsabilité des dirigeants ont toujours été plus fondées sur des critères d’origine ethnique et de pouvoirs locaux, voire conditionnés par des héritages coutumiers, que par des questions de compétence réelle ou d’appartenance à une nation. Il en a été de même pour ce qui concerne les relations de ces pays plus ou moins inventés « administrativement », lorsque l’Afrique colonisée a été « découpée » entre les différents empires européens, anglais, allemands, belges, français, voire italiens, avec leurs anciens colonisateurs et leurs alliés locaux.

De nombreux événements récents et dramatiques, comme la guerre génocidaire du Rwanda entre les ethnies Hutu et Tutsi, ont démontré avec ses 800.000 morts, même à ceux qui voulait l’ignorer, tout ce qui peut opposer entre elles des populations locales, dans la haine comme dans la reconnaissance.

Les richesses du pays et leur accaparation

Au Congo, les empires ont joué au jeu finalement dangereux et sans issue de la seule recherche des profits. Dans cet objectif, dès la fin du XIXe siècle, l’administration française a cherché à tirer avantage de ces territoires et, ne pouvant faire main basse seule sur les richesses qi s’offraient à elle, par manque de moyens humains, elle les a attribués, voire distribués, sous la forme de concessions, à des compagnies privées moyennant le versement d’une sorte d’impôt, le plus souvent égal à 15 % des bénéfices tirés de leur exploitation. Ces concessions avaient comme objectif de « piller » les ressources naturelles du pays comme le caoutchouc, le sucre de canne, les bois précieux et l’ivoire.

Il apparait que les domaines attribués à ces sociétés privées sous l’égide du ministère français des Colonies, étaient souvent démesurés, certains portant sur plus de 10 millions d’hectares. Le fameux rapport Brazza précise qu’en 1899, le ministre des Colonies a accordé, par décret, quarante concessions sur le territoire du Congo français, lequel est aujourd’hui de 342.000 km².

Ces concessions disposaient de l’apport financier de nombreux actionnaires qui ne cherchaient qu’à s’enrichir, tant au détriment des populations locales que de la France. On a découvert, par exemple que le roi des Belges, Léopold II, avait lui-même acheté des actions de concessions françaises sous un faux nom, ce qui n’a été découvert qu’après sa mort et a créé un scandale légitime sachant qu’il s’agissait de l’exploitation camouflée et à moindre frais d’une colonie française par un pays étranger, voisin et ami.

Une nouvelle ère qui s’ouvre

Le Congo est un pays moderne qui se tourne avec volonté vers le développement. Président depuis plusieurs décennies, Denis Sassou N’Guesso veut jouer un rôle dans la construction de l’Afrique de demain. Né à Edou, petit village des environs d’Oyo, chef-lieu du département de la Cuvette et qui se trouve dans le nord du Congo le long d’un affluent du fleuve Congo, l’Alima, régulièrement réélu depuis 2006, il s’est engagé sur la voie des réformes et du développement, avec la volonté de mettre fin aux périodes troublées qu’a connu le pays.

« Ensemble poursuivons la marche », tel est le projet de société qu’il a développé pour le quinquennat 2021/2026, et sans doute pour les années à suivre. Il est vrai que la marche vers le développement, le projet de société défini dès avant 2016, avait été lancée dans un contexte politique et économique difficile. La crise économique, au demeurant mondiale, caractérisée pour les pays africains par une baisse des prix des matières premières, et notamment pour le Congo depuis 2014, par une chute du prix du pétrole brut, a plongé le pays dans la récession économique, laquelle a duré jusqu’en 2020. En 2016, le pays a d’ailleurs connu une période d’instabilité et de troubles qui ont même duré près de deux ans dans la région de Brazzaville. Cette situation a eu de fortes répercussions économiques puisqu’elle a perturbé les échanges entre la capitale administrative et Pointe-Noire, la capitale économique située sur l’Océan Atlantique.

On sait que le cours du baril du pétrole brut a une incidence directe sur les moyens du Congo, cet hydrocarbure étant la principale ressource à l’exportation et, de facto, la première source des recettes publiques. Entre 2011 et 2014 le prix du baril a chuté parfois de plus de moitié et il en a été de même pour les recettes budgétaires de l’État qui sont passées de 3.900 milliards en 2014 à 1.500 milliards de francs CFA en 2020.

 Le Congo a donc connu une période de déficits publics et la dette publique a continuellement augmenté jusqu’à atteindre 6.500 milliards de francs CFA en 2020. Le Congo a souffert de ces contraintes exogènes et n’a pas pu financer son développement comme il l’envisageait.

Depuis que le prix du pétrole est reparti à la hausse, entraîné notamment par les effets de la guerre en Ukraine, les différents producteurs autres que la Russie ont vu leur situation financière s’améliorer. Le Congo en fait partie. Raison pour laquelle, le projet sociétal de son président peut désormais se développer dans de meilleures conditions et en se fondant sur des moyens financiers en nette amélioration.

Le président Sassou N’Guesso entend, dans un pays repacifié, poursuivre les réformes institutionnelles nécessaires, avec un grand principe de réalité, en insistant sur le respect des principes légitimés par la constitution du 25 octobre 2015 et en respectant à la lettre les accords internationaux qui ont été passés, notamment avec les investisseurs étrangers et le FMI.

Grâce ce cadre structurant, il est clair que l’État doit avoir un rôle stratégique dans la relance de l’économie et dans le respect des engagements sociaux pris envers la population. Les premiers résultats du travail entrepris pour lutter contre les effets de la récession et les difficultés liées à la crise sanitaire, ont été salués, et ils seront poursuivis, avec une rigueur nouvelle durant ce quinquennat.

Au plan économique, Denis Sassou N’Guesso estime que les décisions de l’exécutif doivent permettre de pérenniser la croissance économique en fonction des principaux objectifs définis dans son projet, qui sont de contribuer au rétablissement de la stabilité extérieure, de renforcer la soutenabilité budgétaire et de relancer l’agenda de développement. Il est exact que la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a engendré de grandes difficultés pour l’ensemble des pays, que ce soit en Europe ou en Afrique. Il faut désormais envisager un avenir « autre » qui tiendra compte des nouvelles conditions de vie imposées par la crise et des obligations de défendre l’environnement dont, finalement, tous les pays du monde sont tributaires.

On peut noter que, dans les engagements pris par le président Sassou N’Guesso, figure en bonne position une volonté humaniste de remettre les femmes et les hommes du Congo au cœur du développement. C’est assez rare pour être noté que, notamment dans un pays africain, cette volonté d’égalité entre les hommes et les femmes soit portée au rang de principe fondamental, alors qu’il reste souvent, en Europe, au rang des vœux pieux. Mais la volonté est là de vouloir responsabiliser les citoyens, femmes et hommes, et de les fédérer en une entité nationale, afin qu’ils adoptent une attitude globalement constructive qui soit exempte des discriminations ancestrales habituelles.

Cette volonté sociétale fait la promotion de toutes les valeurs propres à faciliter le développement de la richesse nationale par l’essor des qualités humaines fondamentales, le travail, la rigueur et la discipline, par exemple. Mais en cela, l’égalité entre les femmes et les hommes ne semble pas être la seule préoccupation de l’exécutif congolais, car il associe au projet la prise en compte l’avenir des jeunes générations qu’il convient de préparer aux emplois futurs en développant les formations qualifiantes. On connait le goût des jeunes générations pour le numérique. Il faut donc que le pays tout entier prenne conscience de l’importance du développement de l’économie numérique, et globalement, c’est sa jeunesse qui en sera le moteur.

De nouvelles attitudes pour une ère véritablement nouvelle

Pour le président Sassou N’Guesso, un grand pays ne peut être fort sans disposer d’une diplomatie forte et reconnue. La vie récente de nombreux pays africains s’est souvent caractérisée par ce que l’on pourrait appeler la « valse » des alliances. Selon les périodes, la personnalité des chefs d’État, les troubles et les coups d’État, des alliances temporaires ont été déterminées par des intérêts financiers ou par l’économie de la guerre et des trafics d’armes, et les relations de ces pays avec leurs alliés historiques se sont parfois heurtées à des incompréhensions et des insatisfactions.

La confiance se perd parfois temporairement. Elle se renoue ensuite difficilement et on parle alors de divorces, de ruptures, puis de réconciliations. Les nations modernes, surtout quand elles sont fondées sur des conceptions démocratiques, doivent toujours pouvoir échanger et dialoguer. C’est pourquoi, après des périodes troublées, il faut penser à réorganiser l’outil diplomatique national au service du développement et de la paix, au plan politique, cela va de soi, mais aussi au plan économique. Car il existe une véritable diplomatie économique pour aider réellement au développement de la richesse d’un pays.

C’est le cas pour le Congo. Qui plus est, une telle stabilité diplomatique peut permettre de promouvoir la stabilité et la paix entre voisins au niveau d’un continent et faciliter le multilatéralisme, c’est-à-dire, en quelques mots, réapprendre le « vivre ensemble ! »

Après des années de troubles graves, voire de guerre civile, vivre ensemble est, pour le président Sassou N’Guesso, un projet vital et il veut donc en consolider les bases, préserver en cela la paix et l’unité nationale, d’une part, renforcer l’État de droit et la démocratie, d’autre part. Cela passe, on le sait, par le principe d’unité nationale, symbole de paix interne, mais aussi par l’affirmation qu’il n’y a que seul un État de droit permet à la vie démocratique de prospérer. Les lois et les règlements doivent être respectés et il revient aux autorités d’en contrôler et accompagner l’application, si l’on ne veut pas que le pays s’abîme dans les transgressions et le laxisme qui ont caractérisé les décennies passées.

Le développement est certes un projet de l’État, un projet politique, mais il est avant tout l’affaire de tous les citoyens. Transformer un État centralisé en un État moderne, où les citoyens s’impliquent réellement, doit se traduire en une volonté politique décentralisatrice. La constitution du Congo évoque de nombreux axes sur lesquels l’État doit faire porter ses efforts. On peut citer la planification et l’aménagement du territoire, qui sont la base de toute politique nationale, mais aussi l’urbanisme, l’enseignement, la santé et l’environnement, et encore le tourisme et les loisirs, etc. De ce fait, il convient de rationaliser l’action de l’État et d’améliorer la gouvernance publique.

Mais pour relancer l’économie, il faut avant tout créer des emplois, ce qui nécessite de modifier l’organisation et la structure de l’économie. Des exemples viennent déjà illustrer de telles ambitions. À Brazzaville, on peut citer le projet de valorisation de la zone industrielle de Maloukou, qui devrait pouvoir évoluer grâce à des partenariats public/privé. À Pointe-Noire, il est envisagé d’attirer des entreprises industrielles et de les accompagner dans le financement de leurs projets. C’est déjà le cas pour un premier projet de raffinerie qui sera suivi d’une usine de production d’alumine. À Ollombo-Oyo, de nombreux axes de développement sont à l’étude pour viabiliser progressivement les zones économiques concernées dans le bassin de la Cuvette, y accueillir des entreprises, en réalisant des travaux d’adduction d’eau et d’électricité et en installant des réseaux de télécommunications, l’objectif final étant de voir s’implanter des entreprises de production et de transformation des produits agricoles, et d’exploitation et de transformation du bois.

Les terres, très irriguées par les rivières locales et le Congo, sont très riches et propices au développement souhaité de l’agriculture, les forêts de la région sont couvertes d’essences rares très recherchées partout dans le monde. On sait, que, dans cette perspective, l’État encouragera l’implantation sur le territoire national de toute industrie, relevant de l’initiative privée, à condition qu’elles ne soient pas dangereuse pour l’environnement et pour la santé des êtres vivants, hommes et faune.

Ces exemples, notamment dans le nord du pays, démontrent l’exigence vitale du développement de l’agriculture, notamment en attirant des capitaux nationaux et internationaux. L’option prise dans ce domaine est de soutenir une pratique moderne de l’agriculture, par la structuration des chaînes de valeur agricoles mettant en présence des producteurs de base qui vendent leurs produits aux industries nationales qui les transforment en produits de consommation finale. Mais on l’a compris, de tels projets exigent des investissements que les difficultés budgétaires des précédentes années ne permettaient pas. Les profits que le Congo pourrait, à termes, réaliser du fait de la hausse du prix du pétrole devraient pouvoir y contribuer largement.

Le progrès social pour tous ne peut se faire que dans un esprit de solidarité. La modernisation du pays doit concerner l’ensemble des citoyens. Certes, cela commence par la capacité d’offrir l’électricité et l’eau potable à tous, à moindre prix, mais l’État doit s’engager sur cette voix en travaillant à l’augmentation des capacités de production et de distribution tant de l’électricité que de l’eau. S’il ne peut réaliser seul tous les investissements nécessaires, il faudra sans doute, une fois encore, recourir à des concessions de service public. Il existe au Congo ce que l’on a appelé le « boulevard énergétique national ». L’objectif est donc de tout faire pour y connecter l’ensemble des agglomérations importantes du pays, en même temps qu’il sera nécessaire d’améliorer la couverture des zones rurales en électricité et en eau potable par la poursuite intensifiée des politique dénommée « électrification rurale » et « eau pour tous ».

Par ailleurs, le progrès social ne va pas sans que l’exécutif améliore réellement l’offre publique en termes de santé. Les défis à relever au cours des prochaines années sont nombreux, tant par la recherche de nouvelles capacités de financement, que par la rénovation ou la construction et l’équipement des hôpitaux répartis sur l’ensemble du territoire national, à commencer sans nul doute par le CHU de Brazzaville. Il faudra également poursuivre et même sans doute étendre les actions de formation des personnels de santé et proposer aux citoyens une plus grande accessibilité aux soins.

On parle d’ailleurs de l’extension de la couverture médicale universelle, mais il faudrait sans doute commencer par assainir et moderniser les lieux de vie des populations, notamment en leur faisant prendre conscience des questions environnementales, comme de la nécessité de s’approprier la question du développement durable. Ces diverses prises de conscience des relations entre la santé et la qualité environnementale doivent faire l’objet d’une initiation des plus jeunes qui imposera l’insertion de ces questions et des bases de la gestion environnementale individuelle dans les programmes scolaires.

Une exigence morale exemplaire

En plus de toutes ces actions, le président Sassou N’Guesso affirme qu’il faut combattre ce qui nuit à la croissance des pays africains depuis leur indépendance, cette « maladie » malheureusement héritée des empires coloniaux et qui a été la plaie durant les 60 dernières années, en l’occurrence la corruption. Les États africains doivent se libérer de cette tutelle masquée exercée par les pays soi-disant démocratiques de la vieille Europe.

Les démocraties africaines doivent lutter contre la corruption qui a longtemps été la base des fonctionnements institutionnels, même si, à l’exemple du Congo, tout semble être fait, pour s’en écarter progressivement, tant par des projets politiques que par des garanties juridiques. Le Congo prévoit d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Le pouvoir exécutif souhaite fonder son action sur des contrôles permanents, mais surtout et avant tout, sur la formation de ses dirigeants et des cadres chargés de cette lutte. Mais les politiques et les fonctionnaires ne sont pas les seuls à présenter potentiellement des risques, il faut également sensibiliser les populations, par la prévention et finir par une politique volontariste et répressive.

Ainsi que la France a pu l’inscrire dans le droit objectif, en faisant voter les lois « Sapin », la législation congolaise devra préciser les objectifs à atteindre une fois qu’une analyse approfondie et précise aura été faite de la situation existante et des obstacles pouvant freiner son évolution. En se référant au document « Stratégies nationales de lutte contre la corruption » de la Convention des Nations-Unies contre la corruption, la rédaction de la stratégie nationale pourrait être confiée à un groupe d’experts composée des membres de la haute autorité de lutte contre la corruption, d’experts des administrations publiques et de la société civile.

Pour le président Sassou N’Guesso, une attention particulière est à porter aux administrations et aux établissements publics les plus exposés à la corruption, active ou passive, aux détournements de fonds et aux fraudes, c’est-à-dire aux administrations touchant à la fiscalité directe ou indirecte, telles que les services du Trésor public, les services des impôts ou des douanes et toutes les administrations ayant à gérer des droits ou des autorisations. Mais cela concernera aussi les forces de l’ordre (police judiciaire, services d’immigration et de la surveillance du territoire), mais aussi l’autorité judiciaire et les établissements publics gérant les ressources naturelles du pays.

Bien évidemment, le président de la République du Congo entend rassembler la population autour de la culture et du sport, comme dans la plupart des nations du monde, en redynamisant la vie culturelle nationale ou en formant les jeunes aux compétitions sportives. Mais pour conclure, on peut dire que le Congo rencontre les mêmes difficultés que d’autres États africains, le manque de moyens financiers et l’importante diversité des ethnies le composant.

Le manque de moyens financiers, essentiellement dus aux différentes crises mondiales comme la pandémie du Covid-19 ou la guerre en Ukraine, semble devoir désormais trouver solution, en tous cas pour les pays producteurs de pétrole, dont la récente hausse du prix. Mais ces difficultés financières sont parfois la résultante du pillage des ressources naturelles locales, qui était autrefois organisé par les empires coloniaux ou leurs héritiers, mais qui sont aujourd’hui réalisé par les menées subversives des groupes terroristes, généralement djihadistes, mais aussi par le comportement invasif de la Chine et de la Russie qui entendent supplanter les pays européens et les anciens colonisateurs. Loin d’apporter leur concours à une libéralisation attendue des pays concernés, ils viennent s’approprier à leur tour les immenses ressources naturelles africaines, notamment en s’appuyant sur le comportement insidieux des milice militaires privées.

Le président Sassou N’Guesso démontre une volonté de parvenir à une réelle indépendance pour développer la croissance du Congo, volonté qui est d’autant plus une réalité au Congo qu’il entend utiliser le canal de l’Union Africaine, actuellement dirigée par le président du Sénégal, Macky Sall, et dont il a été lui-même le leader en 2006/2007, pour promouvoir ces exigences de morale politique et économique à l’échelle du continent.

Rappelons que l’Union africaine s’étend sur tout le continent africain et que, par conséquent, sa géographie est très diversifiée, puisqu’elle intègre le Sahara, des paysages aussi divers que les jungles et les savanes et de grands fleuves comme le Congo ou le Nil. L’UA s’étend sur près de 30 millions de km2

Les objectifs futurs de l’UA sont notamment la création d’une zone de libre-échange et envisage de créer une Communauté économique africaine disposant d’une monnaie commune à l’horizon de 2023.

La France a l’obligation de définir et d’accompagner les interventions potentielles de ses entrepreneurs, afin de venir en aide et au soutien des projets industriels voulus par le président Sassou N’Guesso. Ce dernier, en effet, ne cesse de tendre la main aux investisseurs étrangers qui pourraient contribuer à débloquer des projets en attente de financement. Il faut savoir que les projets auxquels nous français, ne contribueront pas, seront réalisés par les entrepreneurs de pays déjà désireux d’envahir le marché congolais. Il faut retrouver dans l’esprit du « coq français » une volonté d’agir « à la française » !

Mais il faut être clair, de telles interventions ne sauraient être motivées par le désir de capter de nouvelles richesses et l’espoir de réaliser de nouveaux profits, mais par un respectueux et loyal partage des risques et des avantages. Il faut apporter au Congo, comme aux autres pays où la France intervient, un héritage tangible en termes de qualité et de moralité !

Bernard Chaussegros


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