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Laurent Gerra passe à table


L’imitateur reprend trois restaurants d’un coup : Léon de Lyon, Chanteclair et pléthore et Balthazar. Un coup de maître pour l’humoriste amateur de bonne cuisine. A vrai dire, lorsque l’on naît à Bourg-en-Bresse, il n’y a pas si grand mérite à s’intéresser à la gastronomie. Les parents de Laurent Gerra ont...

Photo Nasser Berzane/ABACAPRESS.COM

L’imitateur reprend trois restaurants d’un coup : Léon de Lyon, Chanteclair et pléthore et Balthazar. Un coup de maître pour l’humoriste amateur de bonne cuisine.

A vrai dire, lorsque l’on naît à Bourg-en-Bresse, il n’y a pas si grand mérite à s’intéresser à la gastronomie. Les parents de Laurent Gerra ont également contribué à cet attrait pour la nature et ses richesses, via la chasse aux coins à champignons ou fruits des bois. Sans oublier la grand-mère et son poulet à la crème. Lyon, c’est aussi la ville de la jeunesse, avant que la vie professionnelle ne pousse le jeune Laurent vers la capitale afin d’intégrer à l’époque l’équipe du Don Camillo. Imitateur, humoriste, showman, acteur, Laurent Gerra a choisi de se ressourcer en province, à la montagne, pas si loin de sa belle ville de Lyon.

LÉON DE LYON, UNE INSTITUTION

Léon de Lyon, entreprise plus que centenaire née en 1905, connait des années chahutées ces derniers temps. À sa naissance, il s’agissait d’une épicerie-bar où l’on pouvait aussi déguster du saucisson chaud, de la cervelle de canuts et autres mets populaires lyonnais. Le restaurant en tant que tel est né en 1913, grâce au fameux Léon, Léon Déan et à son épouse. Un couple pour qui boire et manger n’était pas une mince affaire, et qui confia la cuisine à un certain Georges Bocuse, père de Paul. À la mort de Léon en 1928, la maison connaîtra quelques décennies d’errements avant de trouver un autre propriétaire à la hauteur.

Ces nouvelles heures de gloire, Léon de Lyon va les connaître grâce à un autre couple, Paul et Gisèle Lacombe qui porteront sa renommée bien au-delà avec une première étoile Michelin cinq ans après la reprise, en 1955. À la mort du père, c’est le fils, Jean-Paul qui reprend le flambeau et obtient la seconde étoile. Mais pour bien vivre, il n’est pas nécessaire de rester dans la Voie lactée. Léon de Lyon abandonne le côté étoilé pour retrouver son côté brasse-rie de potes et de bonne chère selon la volonté de son chef, un pionnier dans ce que l’on nommera plus tard à tort ou à raison, la bistronomie.

2018 : LÉON DE LYON CHANGE  DE PROPRIÉTAIRE

C’est en 2018 que Laurent Gerra reprend à son propriétaire qui part en retraite cette star du firmament lyonnais, Léon de Lyon. Il le fait en association avec Fabien Chalard et Julien Géliot du groupe Les Gastronomistes, qui n’en sont pas non plus à leur première reprise. Les trois hommes se connaissent et ont déjà eu l’occasion de parler affaires par le passé, en reprenant ensemble Pléthore et Balthazar dès 2013. Mais on a beau avoir de l’expérience en matière de restauration et de bistrot, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Bien des entrepreneurs le savent, les associations peuvent s’avérer difficiles sur la durée. Ici, il n’a pas fallu attendre bien longtemps avant que les associés ne finissent par devoir résoudre au tribunal le conflit qui les minait.

De nombreuses divergences de vues ont vu le jour entre le duo Chalard/Geliot et Laurent Gerra. Les deux premiers souhaitant se consacrer à la croissance rapide d’un groupe sans toujours y parvenir, et tout ne se passe pas dans le meilleur des mondes dans le restaurant emblématique du groupe, Léon de Lyon. Les équipes vont et viennent, premier signe que rien ne va plus. Face à cet état de fait, Laurent Gerra décide de se retirer en demandant le retour de son investissement, ce qui provoque une intervention judiciaire, le conflit s’est donc réglé l’an dernier à la barre du tribunal. Conclusion, la reprise de 100% des actions du restaurant Léon de Lyon par Laurent Gerra.

Mais pas seulement. D’autres restaurants de la sphère lyonnaise sont inclus dans le deal dans lesquels il avait déjà investi auparavant. « Pléthore et Balthazar » et « Chanteclair » sont parmi les plus connus, mais il y a également la Cave d’à côté, Mamma et trois boulangeries à l’enseigne « Pomponette ». Le statut de Laurent Gerra change, passant ainsi d’actionnaire minoritaire à principal.

AVEC JÉRÔME BOCUSE

L’humoriste a beau adorer la bonne chère et les affaires de tradition de sa belle ville de Lyon, il ne peut cependant pas gérer et exploiter ces affaires. Il est prêt à agir pour sauver un patrimoine, mais son intention n’a jamais été de changer de métier. Pour remettre ces affaires sur les bons rails, Laurent Gerra s’est ainsi rapproché de Jérôme Bocuse, fils du célèbre Paul.
Le projet est que le groupe Bocuse assure la gestion et l’exploitation à proprement parler. Tout le savoir-faire des intervenants sera nécessaire pour recréer cette « cuisine de potes » qui a fait la renommée de Léon de Lyon.

LA CAPITALE DE LA GASTRONOMIE

À présent, le travail reste à faire. Il convient de trouver des partenaires financiers, de reconstruire un éventail de fournisseurs, des équipes motivées, régler les dettes, Laurent Gerra est bel et bien propriétaire de lieux emblématiques, mais le défi n’en reste pas moins de taille. Il arrive que des institutions de la trempe de Léon de Lyon disparaissent corps et biens pour toujours. Cela a d’ailleurs bien failli être le cas il y a quelques années. Laurent Gerra et Jérôme Bocuse ont du pain sur la planche pour 2023… Mais Lyon, capitale mondiale de la gastronomie, vaut bien une messe. Merci Laurent de ce beau sauvetage.


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