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L’apprentissage, un succès durable qui doit maintenant prendre son envol à l’international

Bernard COHEN-HADAD, président du Think Tank Etienne Marcel

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Par Bernard COHEN-HADAD, président du Think Tank Etienne Marcel

Donner une vraie dimension internationale à l’apprentissage parachèverait le succès d’un dispositif qui pourrait bientôt déboucher sur 1 million d’apprentis par an en dotant les apprentis d’un élément différenciant souvent décisif dans le cadre d’un entretien de recrutement.

Depuis que la réforme PÉNICAUD a libéralisé l’apprentissage et confié sa gestion aux partenaires sociaux sous le contrôle de l’État, via France compétences et les opérateurs de compétences, la dynamique est lancée. Toutes les parties prenantes y trouvent leur intérêt : élèves et étudiants, centres de formation d’apprentis, entreprises, État. Les mentalités ont évolué, l’apprentissage est enfin rentré dans les mœurs.

Objectif 1 million en 2027

Le nombre de contrats d’apprentissage du secteur privé a augmenté d’environ 300 000 en 2018 à plus de 800 000 en 2022, selon les chiffres de la Dares (ministère du Travail). Cette hausse est proportionnelle aux niveaux de diplôme. Aujourd’hui, les apprentis sont particulièrement recherchés dans les secteurs de l’artisanat, du numérique, des services…

Cette dynamique est d’autant plus remarquable qu’elle est « contra-cyclique ». Si le dispositif avait été lancé dans un contexte économique favorable, il a ensuite été déployé dans un contexte épidémique potentiellement dévastateur pour l’emploi des jeunes. La Première ministre Elisabeth BORNE a depuis fixé l’objectif de former 1 million d’apprentis par an d’ici 2027. Afin que les jeunes ne servent pas de simple variable d’ajustement de la politique publique de l’emploi, l’État devra s’investir dans la durée.

Une passerelle vers la vie professionnelle

L’apprentissage est d’abord plébiscité par les jeunes. Il jette un pont entre enseignement général et enseignement professionnel en permettant l’acquisition de compétences et la découverte du monde du travail en cours d’études. Souvent conclu par une embauche ferme et une insertion professionnelle de qualité, c’est un tremplin vers la vie active. En 2022, 65% des apprentis de niveau CAP à BTS étaient ainsi en emploi salarié dans le secteur privé 6 mois après leur sortie d’études diplômantes (Dares).

L’apprentissage présente aussi l’avantage de rémunérer l’apprenti et de prendre en charge ses frais de scolarité. Il lui permet donc de financer ses études sans cumuler petits boulots et autres jobs étudiants. Ce faisant, il est un levier de diversité sociale puisqu’il est parfois la seule voie d’accès aux grandes écoles des étudiants issus de familles modestes.

Repérer et former en amont

L’apprentissage est ensuite plébiscité par les entreprises – y compris les petites entreprises et pour des apprentis plus diplômés, grâce aux aides publiques. Le dispositif leur permet de repérer et de former en amont de potentielles recrues. Il est l’une des principales mesures poussées pour favoriser l’emploi des jeunes via la détermination de la valeur des diplômes en fonction du niveau de qualification.

L’apprentissage contribue à revaloriser les cursus courts et professionnalisants, tout particulièrement ceux qui mènent aux filières et aux métiers de la main (artisanat, bâtiment, réparation…) et de l’humain (beauté, hôtellerie-restauration, service à la personne…), soulageant ainsi les pénuries de main-d’oeuvre.

Au moindre coût

L’apprentissage est enfin plébiscité par l’État. De son point de vue, financer l’apprentissage est un investissement d’avenir moins coûteux que les aides ou le chômage alloués à des jeunes sans emploi. Mais ce bénéfice ne saurait éclipser le coût. Le dispositif aurait pu être victime de son succès en raison d’un coût difficile à assumer pour l’État… C’est pour pérenniser ce modèle que la prime d’embauche exceptionnelle d’alternance en apprentissage ou en contrat de professionnalisation a été recalibrée et remplacée depuis le 1er janvier 2023 par une aide de droit commun de 6 000 €.

L’objectif est de réduire la charge du dispositif pour les finances publiques tout en préservant l’apprentissage à tous les niveaux de formation, mais en le rééquilibrant et en le priorisant en fonction de sa plus-value, grâce au renforcement du soutien à l’embauche d’apprentis mineurs et au frein à l’embauche des apprentis majeurs, afin de lutter contre un effet d’aubaine résultant d’embauches d’apprentis dans l’enseignement supérieur qui se seraient faites sans aide…

Vive la mobilité internationale !

Une expérience de mobilité en Europe ou à l’international est souvent un élément différenciant et décisif dans le cadre d’un entretien de recrutement. Dans le contexte d’un marché du travail de plus en plus mondialisé, les entreprises françaises sont en effet à la recherche de collaborateurs sachant s’adapter à un environnement de travail européen ou international, complexe, exigeant des compétences linguistiques professionnelles, la connaissance d’autres cultures et la maîtrise de méthodes et de techniques différentes.

Encore faut-il sécuriser les parcours dans l’entreprise et les centres de formation, garantir un soutien financier aux jeunes en mobilité, assurer des conditions d’hébergement dignes… C’est pourquoi la mise en place d’un « Erasmus de l’apprentissage et de l’alternance » apparaît plus que jamais nécessaire pour valoriser à sa juste valeur ce parcours d’excellence humaine et lui donner, enfin, ses lettres de noblesse.

L’histoire des organisations à taille humaine que sont les TPE-PME est riche du « compagnonnage » de ses membres, mûs par un idéal collectif de développement et d’impact. Parce qu’il permet aux jeunes de renforcer leurs connaissances, leurs compétences et leur employabilité, l’apprentissage est pour ces entreprises le meilleur des retours sur investissement – en l’occurrence, leurs cotisations.

Bernard COHEN-HADAD, président du Think Tank Etienne Marcel


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