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La relance verte ne se fera pas sans une réflexion de fond sur le prix des énergies vertes

Entreprendre - La relance verte ne se fera pas sans une réflexion de fond sur le prix des énergies vertes

Par Pierre de Froidefond et Alain Planchot, présidents de France Biométhane

L’écologie est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français comme en témoignent les résultats des élections municipales, l’engouement suscité par les mesures de la convention citoyenne, ou encore le récent sondage paru dans le JDD (1) , indiquant qu’une majorité de plus en plus importante des Français perçoit le terme « transition écologique » positivement. La relance verte annoncée par le gouvernement la semaine dernière semble répondre aux attentes des Français. Pourtant, ces investissements ne devraient pas nous épargner de réfléchir à un sujet souvent « caricaturé » dans le débat public : le coût de la transition énergétique et les choix qu’elle implique sur le long terme. Le prix des énergies vertes, facteur de choix à très court terme, occupe les débats, occultant les enjeux à long terme. La relance verte ne se fera en s’exonérant de cette réflexion.

Nous soutenons que le prix d’une énergie renouvelable doit être apprécié à sa juste valeur en prenant en en compte les multiples bénéfices qu’elle apporte. C’est particulièrement vrai pour le biométhane issu de la méthanisation, qui est tout autant une énergie renouvelable et locale qu’un mode efficace de traitement pour les effluents agricoles et les déchets organiques. C’est aussi un moyen de produire des fertilisants et amendements renouvelables utilisés en complément ou en remplacement des engrais de synthèse dans une logique d’économie circulaire. C’est également une filière dynamique qui compte plus de mille projets actifs à l’échelle nationale, créatrice d’emplois locaux. C’est enfin un moyen efficace de réduction de la pollution de l’air, des sols et des eaux et de lutte contre le dérèglement climatique. Le biométhane est la voie privilégiée vers la neutralité carbone pour tous les usages actuels du gaz.

S’il est désormais convenu que le prix n’est pas nécessairement le bon indicateur pour certains produits lorsque nous parlons écologie, nous continuons à focaliser le débat sur le prix lorsque nous parlons du biométhane. Ainsi, nous acceptons l’idée qu’un produit alimentaire bio puisse être plus cher que celui non bio… parce qu’en réalité, il apporte des bénéfices induits sur le long terme pour la collectivité, par exemple en matière sanitaire.  On peut donc se demander pourquoi ces externalités positives ne sont pas mieux prises en considération quand on parle du prix des énergies vertes, et plus particulièrement du prix du biométhane ?

Le biogaz devrait inclure dans son prix, et à leur juste valeur, les services environnementaux essentiels et coûteux qu’il rend aux collectivités et à nos agriculteurs.  Au total, les services rendus par la méthanisation se chiffreraient entre 57 euros et 74 euros par MWh, selon une étude ENEA consulting de 2018.

S’il est indispensable que la méthanisation, comme toute filière, cherche à améliorer sa compétitivité, la question du coût de l’énergie ne peut plus et ne doit plus se limiter au prix du kilowatt-heure produit, mais inclure l’ensemble des externalités positives du point de vue de nos territoires, de notre planète. La politique agricole des dernières années nous a montré à quel point nous nous sommes trompés en faisant la course au « moins cher » et en acceptant de faire perdre aux territoires une certaine autonomie de production, stratégique à beaucoup d’égards comme cette crise sanitaire vient de nous le montrer de nouveau. Ne reproduisons pas les mêmes erreurs pour notre politique énergétique !

Si nous voulons que cette vague verte se traduise par des choix politiques en matière d’énergie, nous devons porter le débat de la véritable valeur du biométhane sur la place publique. Il en va de la crédibilité des engagements de nos nouveaux élus, et surtout de nos élus territoriaux, car c’est bien localement que se prend la décision de l’installation d’un méthaniseur.

C’est pourquoi France Biométhane souhaite que les termes du débat soient aujourd’hui posés clairement, afin que responsables politiques et citoyens puissent faire un choix éclairé pour notre avenir.


France Biométhane est un Think Tank réunissant entre autres des producteurs exploitants qui représentent une part significative du biométhane injecté en France dans les réseaux de gaz. Nous, dirigeants, entrepreneurs et acteurs engagés de la méthanisation en France réunis au sein de France Biométhane partageons la conviction que la méthanisation territoriale est une solution d’avenir pour les collectivités et une filière stratégique pour la France. Pour que la méthanisation prenne toute la place qu’elle mérite dans la transition écologique, nous souhaitons contribuer ensemble à promouvoir ce modèle et faire connaître ses avantages pour l’environnement et la société.


(1) Le sondage révèle que l’expression « transition écologique » évoque “quelque chose de positif” pour 77% des Français. Contre seulement 62% en novembre 2018.

Enquête Ifop pour No Com menée par questionnaire auto-administré en ligne du 3 au 8 juin 2020 auprès d’un échantillon de 1.501 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.


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