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La recette Mirakl pour contrer Amazon

Et pourtant, c’est un pur autodidacte ! Ça ne l’empêche pas d’avoir levé, avec son associé Adrien Nussembaum, 62 millions d’euros pour permettre aux commerçants et aux PME de riposter face à l’hégémonie d’Amazon ou demain d’Alibaba. Le leader mondial des places de marché dont, la réputation a traversé l’Atlantique, connait une croissance de revenus de 80% en 2018, grâce à la mise ne service de 37 places de marché, dont celles de la FNAC ou de Leroy Merlin. Qui dit mieux ?

Entreprendre - La recette Mirakl pour contrer Amazon

Et pourtant, c’est un pur autodidacte ! Ça ne l’empêche pas d’avoir levé, avec son associé Adrien Nussembaum, 62 millions d’euros pour permettre aux commerçants et aux PME de riposter face à l’hégémonie d’Amazon ou demain d’Alibaba. Le leader mondial des places de marché dont, la réputation a traversé l’Atlantique, connait une croissance de revenus de 80% en 2018, grâce à la mise ne service de 37 places de marché, dont celles de la FNAC ou de Leroy Merlin. Qui dit mieux ?

Qu’allez-vous faire des 62 millions d’euros que vous venez de lever ?

Philippe Corrot : Il y a trois axes de développement. Le développement international d’ abord, notamment aux Etats-Unis (30% des clients de Mirakl sont basés sur le continent américain — ndlr). On avait besoin de fonds pour investir outre-Atlantique car on veut devenir un acteur international important. On a ouvert un bureau à Boston en 2015, et mon associé et co-fondateur, Adrien Nussembaum, s’est installé là-bas. Deuxième raison, nous développons de nouveaux business model de plateforme, notamment dans le B2B, où l’on veut renforcer notre position.

Ce projet nécessite de nouvelles fonctionnalités et expertises, et passe par du recrutement. Notre troisième sujet est la R&D. On doit investir dans l’intelligence artificielle. Notre système de marketplace collecte un grand nombre de données, et on veut proposer à nos clients des outils permettant de les utiliser et de les exploiter. Tout ceci nous pousse à automatiser beaucoup de process avec l’IA. On essaye d’avoir toujours deux ans d’avance par rapport aux besoins de nos clients. L’ensemble des dépenses R&D, dont l’IA, représentent plus de la moitié de nos investissements.

Comment est né Mirakl ?

C’est une histoire très ancienne qui commence en 2005. J’ai à la fois un parcours dans le commerce et dans l’e-commerce. Lorsqu’on connaît bien ces deux secteurs, on se rend vite compte que l’e-commerce exploite mal ce qu’Internet est capable de faire en matière de transactionnel. En 2005, avec Adrien, on a créé une entreprise (Splitgames) qui avait pour objectif de développer un modèle de place de marché dans le domaine des jeux vidéo. On voulait démontrer que ce business model était le meilleur moyen d’utiliser Internet pour faire du commerce. Finalement, notre place de marché et notre technologie ont été rachetées par la Fnac en 2008.

Qu’avez-vous tiré comme enseignement de ce rachat ?

En premier lieu qu’on avait raison sur le fait que ce business model de marketplace était beaucoup plus puissant que celui de l’e-commerce traditionnel, que ce soit en matière de satisfaction client, de facilité de croissance, de rentabilité… En parallèle, on voyait émerger d’autres places de marché, comme Amazon.

Comment fait-on la différence ?

Il faut se doter d’une technologie puissante, et c’est ce que la Fnac avait fait, raison pour laquelle cela avait bien marché. Dans le même temps, d’autres acteurs se sont cassés les dents sur leur projet de marketplace parce qu’ils n’ avaient pas la technologie et le savoir-faire métier. Fort de cette expérience, on a anticipé que toutes les entreprises auraient à terme des places de marché ou deviendraient elles-mêmes des marketplaces.

Quelques années plus tard, on a vu émerger Airbnb, Uber et Blablacar. Cette tendance de fond validait, d’ une certaine manière, notre prédiction. En créant Mirakl, on a juste décidé d’ industrialiser ce qu’on savait faire. On a donc créé une technologie sous la forme d’un éditeur de logiciels, en apportant à nos clients une expertise technique et une expertise métier.

Qui sont vos clients ?

Des grands groupes comme Darty, Conforama, Carrefour, mais aussi les Galeries Lafayette, Nature et Découvertes, All Tricks… En Amérique, on travaille pour Wallmart (grande distribution) et Best Buy (vente de matériel électronique grand public). On compte aussi des start-up ou des projets en création, comme Pourdebon (alimentation).

Où se situe votre département R&D ?

L’intégralité de notre R&D est en France, ce qui représente 80 emplois. Nous serons 130 à la fin de l’année. On est attaché à notre « made in France ».

Quelle est votre vision de Mirakl à horizon 5 ans ?
Notre objectif est de rester le seul et unique acteur capable de proposer une solution logicielle de plateforme qui réponde aux nouveaux enjeux de ces business model. Depuis l’idée de concevoir Mirakl en 2010-2011 jusqu’à aujourd’hui, notre ligne directrice n’a pas varié. On a écrit un livre à cette époque, Marketplace, l’e-commerce de demain, où on décrivait notre vision des business model de plateforme mais aussi le projet de Mirakl. Rien n’a changé depuis. Et cela sera encore le cas dans 5 ou 10 ans.

Vous êtes le leader mondial dans votre domaine. Pourquoi n’entend-on pas d’avantage parler de vous ?

Il y a plusieurs raisons. Nous sommes un éditeur de logiciels BtoB. Pour la presse, qui est un relais de notoriété assez fort, le BtoB est moins sexy que les applications BtoC que tout le monde connaît. On nous connaît, des millions de personnes utilisent notre solution, mais on ne voit pas notre marque. Le jour du Black Friday, 500 000 personnes ont passé des commandes sur la plateforme Mirakl, mais ils ne le savent pas… Voici pourquoi nous restons dans l’ombre. Si on veut en saisir tout le potentiel, ces business model de plateforme doivent être expliqués, car ils sont moins accessibles que des solutions plus simples destinées au grand public. Qui avait entendu parler de Business Objects avant leur introduction au Nasdaq ? C’est tout le problème des éditeurs BtoB.

Avez-vous déjà reçu des propositions de rachat ?
(Il hésite) Oui. Mais c’est assez courant dans notre domaine.

Emanent-elles de grands groupes français ?
Non.

Vendre à un géant du numérique, est-ce une option que vous excluez totalement ?

Cette option n’est pas à l’étude, sinon nous n’aurions pas fait cette levée de fonds. Notre objectif est de développer Mirakl le plus vite possible. Il y a une belle histoire à écrire, et le potentiel est colossal. Il y a peu d’éditeurs de logiciels français qui peuvent revendiquer le statut de leader mondial.

Allez-vous introduire Mirakl en bourse ?

On ne peut pas dire que cela fasse partie du plan de développement. Le plan est de continuer à investir dans notre produit et nos équipes. Mirakl n’est pas ma première entreprise. Je n’ai jamais créé une boîte dans l’optique de rentrer au Nasdaq ou de la vendre. Je crée des entreprises parce qu’on travaille sur des sujets passionnants : l’innovation, les nouvelles technologies, la transformation d’entreprises, les nouveaux modes de consommation… La « plateformisation» des industries a des impacts colossaux sur les sociétés, on le voit avec Airbnb, Amazon, Uber ou Alibaba. C’est notre moteur.

Propos recueillis par Thibaut Veysset


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