Par Didier Pitelet, Président Fondateur de La Maison-Henoch Consulting.
2020 restera comme l’année, non pas uniquement du coronavirus mais aussi de l’année record en création d’entreprises. Avec 848 160 nouvelles entreprises, dont les deux tiers sont des auto-entrepreneurs, le cru 2020 a de quoi tordre le cou à la morosité morbide de la crise sanitaire.
N’oublions pas qu’avant mars 2020, le monde de l’entreprise était en prise à une crise de confiance historique, fruit de plusieurs décennies de dégradation du lien de confiance et de l’importance croissante d’une quête de sens décomplexée.
Certains ont voulu rajouter à la peur de la mortalité de la covid, celle de mort professionnelle. Même si la gestion de la pandémie peut faire débat, une chose est sûre, l’Etat protecteur a joué son rôle tant auprès des salariés que des entreprises. Qu’en sera-t-il, une fois le robinet des aides fermé ? Il ne faut pas être devin pour anticiper une explosion des faillites.
Pourtant, beaucoup ont préféré prendre en main leur destin, en particulier chez les plus jeunes.
Les mots ayant du sens, les éditorialistes à sensation aiment les slogans qui font de la part de voix comme cette étiquette que certains aimeraient coller sur le front des jeunes, « la génération sacrifiée ». Il faut éviter la surenchère des mots aux maux de sociétés. Les longues files d’attentes de jeunes aux Restos du Cœur sont terribles mais fort heureusement, les initiatives se multiplient pour venir en aide aux jeunes les plus précaires.
Dans un tel contexte, nous devons nous réjouir du verre à moitié plein qui nous oblige à nous enthousiasmer pour LA GENERATION REBOND qui se lance dans l’entrepreneuriat. Depuis 3/4 ans, nous constations le phénomène de « l’entreprise buissonnière » (La Révolution du Non – Eyrolles 2020) qui voyait de jeunes Talents tout plaquer pour « vivre leur vie » et non suivre un chemin balisé à l’image de leurs ainés.
Ces jeunes furent les précurseurs de ce que nous vivons aujourd’hui.
Réussir sa vie n’est en effet, plus lié, ni à l’entreprise, ni à l’emploi traditionnel mais est conditionné par l’envie d’être heureux et bien dans sa vie.
Bousculés par la crise sanitaire, les repères du travail sont remis en cause : management, télétravail, engagement, salaire au profit de choix de vie jusque-là rêvés, aujourd’hui réalité, de modes de travail, d’adhésions culturelles…
La pandémie accélère sous nos yeux toutes les mutations en germe depuis des années au profit, contrairement à ce qui est écrit un peu partout, des individus qui veulent s’émanciper des systèmes et des organisations en décalage avec leurs usages de vie.
On a connu l’éphémère concept « d’entreprise libérée » pour vivre aujourd’hui celui beaucoup plus durable « d’individu libéré ». L’unité principale d’un collectif – la personne – refait surface pour rejeter violemment le politiquement correct, les modèles kafkaïens et autre moule.
En 2013, dans « le prix de la confiance » (Eyrolles), je me demandais si la génération Z, alias « les mutants » serait ou pas une génération d’entrepreneurs ; à l’époque 80% des jeunes interrogés disaient vouloir en effet créer leur boîte. 8 ans plus tard, nous avons un début de réponse.
La liberté devient le premier critère de motivation pour vivre ; pas étonnant, dès lors, qu’au premier rang des attendus dans une entreprise, on trouve selon la dernière étude du BCG, parue en février, la considération !
Liberté/Considération, un ticket gagnant qui ouvre la voie au leadership humain, « le leadership du cœur » de Samy Kallel et évite le piège de la kyrielle de bonnes intentions qui n’impriment pas la vraie vie.
LA GENERATION REBOND, que l’on ait 20 ou 50 ans, c’est celle de l’authenticité avant tout.
Elle réserve aux dirigeants actuels des lendemains à très haut risque, tant elle assume ses exigences d’exemplarité et de leadership. Même si certains dinosaures continueront de s’y accrocher, l’ère des statuts est obsolète, nous entrons pleinement dans l’ère de l’utilité.
Qu’on le veuille ou non, LA GENERATION REBOND a déjà pris les clefs du camion !